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'Faut-il avoir peur du bitcoin ?' par David Thesmar du Cercle des économistes
information fournie par Boursorama16/12/2013 à 12:05

Pour David Thesmar, le succès du bitcoin est lié à la remise en cause du monopole des Etats

Pour David Thesmar, le succès du bitcoin est lié à la remise en cause du monopole des Etats

Le bitcoin est une monnaie électronique extrêmement volatile. Son cours est passé de quelques dixièmes de dollars en 2011, à environ 1000$ aujourd'hui. Commentateurs et banques centrales le surveillent de plus en plus près. Selon David Thesmar, le bitcoin relance le débat sur la nature même de la monnaie.

L'histoire de sa création a tous les attributs de la mythologie geek. L'inventeur du Bitcoin est un informaticien mythique, Satoshi Sakamoto - plus probablement un collectif. L'algorithme de fabrication du bitcoin permet la fabrication régulée d'une monnaie par un système complètement décentralisé mais doté de "contrepoids" qui en assure la relative stabilité. Au départ, le bitcoin est une unité de compte, c'est à dire qu'il permet de comptabiliser de manière sécurisée les transactions entre deux individus. La sécurisation de ces transactions est obtenue à partir d'un algorithme décrit dans un document signé du mystérieux Sakamoto lui-même.

Pour faire tourner cet algorithme de certification, il faut garder le souvenir de toutes les transactions passées (disponibles par exemple ici) et utiliser beaucoup de puissance de calcul. Lorsqu'une banque rend ce service à ses clients, elle se rémunère d'une commission. Lorsque dans le système bitcoin des informaticiens indépendants font faire ce travail par leurs ordinateurs, ils sont rémunérés en bitcoin créés ex nihilo. Le bitcoin n'est donc, au départ, qu'une unité de compte, dont la sécurisation est effectuée par un système décentralisé d'acteurs rémunérés par seigneuriage (création monétaire). Parallèlement, le système est stabilisé par le fait que, plus le nombre de transactions augmente, plus la certification des transactions est consommatrice de capacité de calcul. Plus il y a de bitcoins en circulation, plus il est difficile d'en fabriquer de nouveaux .

Le bitcoin relance le débat sur la nature profonde de la monnaie . Premièrement, la monnaie doit être une unité de compte: C'est ce qu'est le bitcoin dans son ADN même, puisqu'il est créé par un algorithme de certification des transactions. Deuxièmement, la monnaie est une réserve de valeur, elle permet de stocker l'épargne de court terme, et elle doit donc avoir une valeur réelle (en termes de biens) à peu près stable. Les périodes d'hyperinflation sont des périodes où la monnaie perd cette propriété, comme en Allemagne dans les années 1920, où, comme le rappelle Alexandre Delaigue, les clients des tavernes allemandes préféraient acheter toutes leurs bières en début de soirée (la bière devenant, de fait, réserve de valeur). Pour garantir cette stabilité, l'Europe a longtemps fait usage de l'étalon or, et en un sens, le bitcoin emprunte à cette logique puisque sa valeur devrait, en principe, suivre le coût de la puissance de calcul (énergie + hardware + software). L'activité qui consiste à produire des bitcoins est d'ailleurs nommée "bitcoin mining". Etant donnée la volatilité de son cours par rapport au dollar, force est de constater que le bitcoin n'a pas - comme l'or d'ailleurs - la propriété de réserve de valeur .

La popularité du bitcoin sur Internet traduit également une remise en question du monopole de l'Etat sur la création de monnaie. Si l'Etat voulait avoir le contrôle sur la monnaie, c'était historiquement à cause de son rôle de réserve de valeur, qu'il pouvait facilement taxer en créant de nouvelles pièces (le "seigneuriage"). Aujourd'hui, si l'Etat veut contrôler la monnaie, c'est plutôt pour sa fonction d'unité de compte : pouvoir contrôler la légalité des transactions et les taxer. C'est d'ailleurs peut être pour cela que le bitcoin séduit : il remet en question un Etat que la crise financière semble avoir rendu de plus en plus intrusif .

David Thesmar

David Thesmar est professeur de finance à l’école des Hautes Etudes Commerciales (HEC) ; Research fellow au Centre for Economic Policy Research (CEPR) et membre du Conseil d’Analyse Economique. Diplômé de l’Ecole Polytechnique, entres autres, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le dernier est « 10 idées qui coulent la France », qu’il a écrit avec Augustin Landier.

Ses principaux domaines d’expertise sont l’économie financière ; l’économie de l’entreprise et l’économie comportementale.

Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site .

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64 commentaires

  • 17 décembre18:55

    Quelque soient les monnaies fiduciaires, c'est du .P.Q. ou du virtuel, il n'y a qu'une seule monnaie, celle avec laquelle on ne peut tricher...et c'est pour cela qu'ils l'appellent " la relique barbare"...mais les barbares sont ailleurs, dans leur costume 3 pièces...!!!


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