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ENTRETIEN MARCHÉS-L'Europe change de regard sur sa dette-Muzinich
information fournie par Reuters 04/06/2020 à 11:18

par Patrick Vignal

PARIS, 4 juin (Reuters) - La crise du coronavirus a permis à l'Europe de faire un grand pas vers davantage de solidarité en abordant différemment l'épineuse question de la dette de ses membres, dit-on chez Muzinich & Co.

Une étape décisive a été franchie la semaine dernière lorsque la Commission européenne a dévoilé un plan de 750 milliards d'euros destiné à relancer l'économie du bloc, se félicite Fabrizio Pagani, responsable mondial de la stratégie économique et des marchés de capitaux pour la société de gestion.

Pour ce plan, qui combine des subventions et des prêts aux pays et secteurs les plus touchés par la crise sanitaire, l'Union européenne contracterait une dette garantie par les Etats membres dont le remboursement s'échelonnerait sur 30 ans, de 2028 à 2058.

"Nous assistons à une mutation décisive vers davantage de solidarité européenne sur un principe plutôt simple que je décrirais ainsi : chacun reçoit aujourd'hui les ressources en fonction de ses besoins et rembourse dans le temps en fonction de ses capacités, ce qui définit la solidarité", dit à Reuters le stratège de Muzinich.

L'une des avancées majeures de ce plan est qu'il est destiné en priorité à l'Italie et l'Espagne, qui ont particulièrement souffert de la pandémie, ce qui suggère une pause dans la querelle entre le camp des "frugaux", longtemps emmené par l'Allemagne, et celui des pays plus dépensiers de la périphérie de la zone euro, Italie en tête.

"Je pense que dans les prochaines années, on regardera la dette d'une façon différente", dit Fabrizio Pagani, qui fut conseiller économique du gouvernement italien. "Ce sera un problème commun et les pays les plus endettés ne seront plus mis à l'écart et montrés du doigt."

Le plan européen, qui répond à une initiative lancée conjointement par la France et l'Allemagne, nécessite un accord à l'unanimité des 27 membres de l'Union et pourrait encore être amendé mais l'économiste italien se dit confiant sur l'issue des débats, qui devraient dominer le sommet européen des 18 et 19 juin.

"Les enjeux sont trop importants pour risquer une défaite qui serait une défaite pour la Commission ainsi que pour l'Allemagne et la France, qui ont été une nouvelle fois les moteurs de l'intégration européenne", dit-il.

"L'IDÉE EUROPÉENNE PROGRESSE PENDANT LES CRISES"

Le financement du plan serait assuré par une hausse progressive des contributions des états membres et l'instauration probable de taxes sur les entreprises de certains secteurs.

"Il faut prendre garde à un risque qui serait de trop pénaliser les entreprises européennes par des taxes supplémentaires qui pèseraient sur leur compétitivité à l'international", avertit Fabrizio Pagani.

Le plan de relance sera adossé à un budget pluriannuel de 1.100 milliards d'euros, autre avancée de taille et autre source de débats passionnés puisqu'il faudra déterminer la contribution respective de chaque Etat membre.

Mais, selon l'expert de Muzinich, rien n'arrêtera une évolution majeure, favorisée en outre par une réaction rapide et massive de la Banque centrale européenne (BCE) avec son Programme d'achats d'urgence pandémique (PEPP), sans oublier le plan de relance de 130 milliards d'euros approuvé mercredi par le gouvernement allemand.

"Je pense qu'il y a eu un changement décisif, qui confirme que l'idée européenne progresse pendant les crises, à la différence près que cette fois la réaction de la BCE mais aussi de l'exécutif européen a été beaucoup plus rapide qu'en 2008 ou en 2011-12", dit-il en référence à la grande crise financière et à la crise de la dette dans la zone euro.

Tous les problèmes sont cependant loin d'être réglés, notamment sur l'avenir d'une dette qui va encore s'alourdir et pourrait, selon certains, devenir perpétuelle, ce qui n'est pas l'avis de Fabrizio Pagani.

"Tous les pays européens auront une dette beaucoup plus importante dans les prochaines années. Cela vaut surtout pour l'Italie mais aussi pour la France et l'Espagne et même pour les pays moins endettés comme l'Allemagne", dit-il.

"Cette situation ne pourra pas durer à l'infini et il faudra s'entendre à un moment donné sur les moyens de réduire la dette. Je pense que sur une partie de la dette, on pourrait allonger les maturités pour alléger le fardeau pesant sur les pays les plus endettés, en échange d'un engagement de la part de ces pays à réduire leur dette."

(édité par Blandine Hénault)

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