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Brexit-"Super samedi" à haut risque pour Johnson à Westminster
information fournie par Reuters 19/10/2019 à 04:30

    par William James
    LONDRES, 19 octobre (Reuters) - Après avoir laborieusement
arraché un nouvel accord sur le Brexit, Boris Johnson se prépare
à relever un défi encore plus délicat ce samedi au Parlement
britannique.
    Appelé à siéger un samedi pour la première fois depuis 1982
et l'entrée en guerre contre l'Argentine dans la crise des
Malouines, le Parlement de Westminster va se prononcer sur
l'accord négocié par le Premier ministre avec l'Union européenne
(UE), après avoir rejeté à trois reprises celui de Theresa May.
    Pour Boris Johnson, ce sera la seule occasion de réaliser le
Brexit le 31 octobre, comme il s'y est engagé.
    Mais la tâche qui attend le chef du gouvernement s'annonce
des plus difficiles, faute de majorité absolue pour son Parti
conservateur, confronté à des adversaires politiques déterminés
à obtenir un nouveau report du Brexit, des élections
législatives anticipées, voire un nouveau référendum.
    
    QUAND LE PARLEMENT VA-T-IL SE RÉUNIR?
    La Chambre des communes siégera à partir de 08h30 GMT le
samedi 19 octobre - une première depuis le samedi 3 octobre
1982, quand une session extraordinaire du Parlement avait été
convoquée après la tentative d'invasion des îles Malouines par
l'Argentine.
    Boris Johnson fera une déclaration aux députés. Ce sera
ensuite le temps du débat puis du vote. Le débat était prévu à
l'origine sur 90 minutes; il n'est plus limité dans le temps.
    Une porte-parole de Boris Johnson a déclaré que les Communes
seraient appelées à un "vote significatif" ("meaningful vote")
sur l'accord négocié avec Bruxelles. S'il est positif, le projet
de loi de Brexit devrait encore être adopté avant le 31 octobre
pour que l'accord soit formellement ratifié.
    
    QUEL SERA L'ORDRE DU JOUR?
    Le Brexit, et rien d'autre.
    Si l'accord est approuvé, la voie sera ouverte pour une
sortie du Royaume-Uni de l'UE.
    S'il est rejeté, Boris Johnson pourrait jouer son va-tout en
demandant au Parlement de l'autoriser à sortir de l'UE sans
accord ("no deal") le 31 octobre.
    Le Parti unioniste nord-irlandais (DUP) a annoncé qu'il ne
soutiendrait pas l'accord. Le Parti travailliste, les
libéraux-démocrates et les nationalistes écossais y sont aussi
opposés, même si des députés pourraient rompre avec la
discipline de vote.
    Si Boris Johnson perd les deux votes (sur l'accord et sur un
"no deal"), une loi adoptée le mois dernier par le Parlement -
la loi Benn - le contraint à écrire à l'UE pour demander un
nouveau report du Brexit jusqu'au 31 janvier 2020.
    Le gouvernement a déclaré à la fois qu'il respecterait la
loi, et que le Royaume-Uni sortirait de l'UE le 31 octobre.
Boris Johnson n'a pas expliqué comment il respecterait ces deux
promesses contradictoires.
    
    QUELLES SONT LES FORCES EN PRÉSENCE?
    Boris Johnson doit convaincre au moins 318 des 650 députés
de voter en faveur de son accord.
    Ce nombre est inférieur à la majorité absolue de 326 car les
sept élus du Sinn Fein, le parti nationaliste irlandais, ne
siègent pas à Westminster dont ils ne reconnaissent pas la
légitimité. En outre, le "speaker" (président de la Chambre) et
les trois "deputy speakers" (vice-président) ne participent pas
au scrutin.
    Quatre "tellers" (scrutateurs) décomptent les voix mais ne
votent pas eux-mêmes. Néanmoins, particularisme des règles en
vigueur à Westminster, deux doivent soutenir l'accord et deux
doivent le rejeter.
    La majorité est donc à 318 voix, voire moins s'il y a des
abstentions.
    Le Parti conservateur ne compte plus que 288 élus et la
plupart d'entre eux devraient voter en faveur de l'accord. Mais
certains des "Brexiters" les plus ardents, partisans d'une
rupture plus franche avec l'UE, pourraient faire défection.
    Les dix élus du DUP devraient voter contre l'accord, selon
la dirigeante du parti unioniste Arlene Foster. Leur position
pourrait influencer le vote de certains "Brexiters" tories.
    Les 21 Tories exclus du parti par Boris Johnson en septembre
pour ne pas avoir soutenu sa stratégie, rejoints par la suite
par l'ancienne ministre Amber Rudd, qui siège désormais en tant
qu'indépendante, n'ont pas fait connaître leurs intentions.
Leurs voix pourraient se partager.
    Le chef du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, a annoncé que
le Labour (244 élus) voterait contre l'accord. Il n'a pas exclu
de déposer une motion de défiance contre Boris Johnson si le
texte est rejeté, mais seulement la semaine prochaine quand le
Parlement ne siégera plus en session extraordinaire.
    Pour espérer voir son accord approuvé, le Premier ministre
doit compter sur le soutien d'un groupe de 20 à 25 "rebelles"
travaillistes, dont certains avaient voté en faveur de l'accord
négocié par Theresa May.
    La plupart des autres élus devraient rejeter l'accord, que
ce soit les nationalistes écossais (35 sièges), les
libéraux-démocrates (19) ou les 45 indépendants et députés de
petits partis. Certains indépendants pourraient cependant se
laisser convaincre par Boris Johnson.
    
    QUE SE PASSE-T-IL EN CAS D'EGALITE ?
    Si partisans et adversaires de l'accord sont en nombre égal,
c'est au président John Bercow de trancher.
    Sur le site du Parlement, il est en effet écrit que dans
cette éventualité, "le Speaker exerce son vote conformément à ce
qui a été fait dans des circonstances similaires par le passé.
Si possible la question devrait rester ouverte à une discussion
complémentaire et aucune décision finale ne devrait être prise
par ce vote."
    
    DROIT D'AMENDEMENT
    Les députés ont le droit de déposer des amendements, qui
seront soulis ou non au vote à la discrétion de John Bercow, le
président du Parlement.    
    Le cas échéant, ils doivent faire l'objet d'un vote avant le
vote sur la motion principale, ce qui pourrait différer l'issue
de cette journée sous haute tension.
    
    LES TROIS PRÉCÉDENTS VOTES
    L'accord négocié par la conservatrice Theresa May a été
rejeté à trois reprises par les Communes.
    Le 15 janvier, par 432 voix contre 202.
    Le 12 mars, par 391 voix contre 242.
    Le 29 mars, par 344 voix contre 286.

 (Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français,
édité par Sophie Louet)
 

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