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ÉCLAIRAGE MARCHÉS-L'investissement factoriel s'invite dans le duel des gestions
information fournie par Reuters 02/04/2019 à 10:01

    * La gestion factorielle gagne du terrain
    * Des encours évalués à 1.200 milliards de dollars
    * Un troisième pilier des stratégies d'investissement
    * Le "smart bêta" taillé pour les fonds indiciels
    * La gestion mutifactorielle active a aussi ses partisans

    par Patrick Vignal
    PARIS, 2 avril (Reuters) - En combinant les avantages des
gestions active et indicielle classiques, l'investissement
factoriel propose une troisième voie particulièrement tentante
dans des marchés de plus en plus difficiles à lire.
    Si la gestion active traditionnelle conserve ses partisans,
elle a de plus en plus de mal à résister à la gestion
indicielle, plus abordable, plus simple et plus transparente.
    Cette dernière présente cependant l'inconvénient de souvent
limiter son ambition à répliquer des indices de référence comme
le CAC 40 ou le S&P-500, alors que les gérants de conviction
tentent de les battre, y parvenant parfois.
    C'est là qu'entre en scène la gestion factorielle, qui se
propose de rationaliser l'approche des adeptes du
"stock-picking" tout en empruntant à la gestion indicielle le
choix de l'automatisation.
    "On a le meilleur des deux mondes", résume Jan de Koning,
gérant quantitatif chez Robeco. "Avec la gestion passive, vous
savez à quoi va ressembler votre portefeuille, alors qu'avec la
gestion active, vous dépendez d'un gérant qui va sélectionner
les titres qui vont y entrer".
    "La gestion factorielle est au milieu parce que vous
utilisez des règles très disciplinées basées sur la recherche
plutôt que la connaissance humaine pour construire votre
portefeuille".
    Ce troisième pilier de l'univers de la gestion est une
évolution de la gestion quantitative, qui consiste à modéliser
des données statistiques pour optimiser les décisions
d'investissement.
    
    DES INDICES PLUS MALINS
    La gestion factorielle affine la démarche en se basant sur
des facteurs connus pour surperformer dans le temps, comme la
valorisation ("value"), la qualité des dividendes, la faible
volatilité ou la dynamique des titres, et en les combinant
intelligemment dans des modèles afin de prendre des décisions
raisonnables.
    Cette stratégie, dite "smart bêta", s'oppose au critère
exclusif de la capitalisation boursière en fonction duquel sont
pondérés la plupart des indices. 
    Elle offre en outre une diversification plus pertinente sur
le moyen et le long terme, qui sont les terrains de prédilection
de la gestion factorielle.
    "Cela fait longtemps que l'on sait que se baser sur la seule
capitalisation boursière n'est pas une bonne façon d'investir
parce que des anomalies ont été découvertes. Donner son argent à
la plus grosse entreprise réduit la diversification et n'est pas
raisonnable", explique Etienne Vincent, responsable de la
gestion quantitative chez BNP Paribas Asset Management.
    La gestion passive, notamment par le biais des fonds
indiciels cotés (ETF), est le vecteur idéal pour les stratégies
factorielles, prolonge Bernard Aybran, directeur général délégué
et directeur de la multigestion chez Invesco.
   "La plupart des mises en oeuvre des investissements smart
bêta et factoriel sont faites à travers des ETF qui répliquent
un indice mais un indice qui n'est pas pondéré en fonction de la
capitalisation boursière", dit-il.
    "On peut également utiliser une approche factorielle pour
construire un portefeuille de manière discrétionnaire."
    
    GESTION QUANTITATIVE 2.0
    Encore embryonnaire, la gestion multifactorielle active a en
effet ses partisans, au premier rang desquels l'un des plus gros
investisseurs du monde, le fonds souverain norvégien, pionnier
en la matière.
    La gestion factorielle est particulièrement indiquée pour
les investisseurs institutionnels prudents, à l'image du fonds
norvégien, par opposition à la recherche du profit à court terme
de manière quantitative telle que longtemps pratiquée par les
fonds spéculatifs ("hedge funds").     
    "La gestion factorielle est quantitative mais la résumer à
une gestion quantitative 2.0 serait réducteur, notamment parce
que la gestion quantitative 1.0 a une mauvaise réputation qui
est en partie justifiée", explique Etienne Vincent. 
    "Il y avait un aspect un peu naïf dans les approches
précédentes qui était de trop faire confiance au passé comme une
représentation de l'avenir. Il y avait notamment l'idée, dans
les stratégies des hedge funds, de considérer le marché comme à
peu près rationnel et de chercher à profiter au maximum des
écarts."
    Cette image de marchés plus ou moins rationnels a été
malmenée ces dernières années, notamment avec les travaux sur la
finance comportementale qui ont déterminé l'importance des biais
émotionnels dans les décisions d'investissement et ont valu un
prix Nobel à l'Américain Richard Thaler, rappelle-t-il.
    La stratégie factorielle présente l'avantage de lisser ces
biais et prend tout son sens à un moment où les marchés sont de
plus en plus indéchiffrables, avec notamment des taux faibles,
des volatilités variables et des incertitudes politiques
grandissantes, ajoute Etienne Vincent.
    Le succès est au rendez-vous puisque, selon une récente
étude menée par Invesco, l'un des pionniers du secteur, plus de
la moitié des investisseurs institutionnels et un tiers des
investisseurs "wholesale" (banques privées, multi-gérants,
conseillers financiers) renforcent leur expertise en
investissement factoriel au sein de leurs équipes.
    
    LES ENCOURS GROSSISSENT
    Soixante pour cent des investisseurs ont l'intention
d'augmenter leurs allocations factorielles au sein des trois
prochaines années, selon cette même étude.
    L'encours total des stratégies factorielles est déjà
important puisqu'il est généralement évalué à 1.200 milliards de
dollars (environ 1.071 milliards d'euros), rappelle Invesco.
    "Cela s'applique majoritairement aux actions en termes
d'encours gérés mais il y a pas mal de recherche et de
développement sur les autres classes d'actifs comme la dette,
les matières premières et les devises, en sélectionnant des
facteurs appropriés à chacune", précise Bernard Aybran.
    La gestion factorielle est au coeur d'une évolution plus
générale qui consiste à recourir à des machines pour aider
l'homme à prendre de meilleures décisions, élargit Jan de
Koning.
    "Nous n'en sommes qu'au début", dit-il.
    Etienne Vincent le sait bien lui aussi mais invite à faire
une utilisation réfléchie des progrès technologiques qu'offrent
notamment le "big data" et l'intelligence artificielle.
    "Mettre du réseau de neurones et du big data dans les
process de gestion factorielle ne nous semble pas pertinent pour
l'instant et contribuerait plus à une mode marketing qu'à une
vraie révolution de la gestion", dit-il.
    "En ce qui concerne l'intelligence artificielle, la
programmation neuronale reproduit le fonctionnement du cerveau
humain. Or, en finance, nous n'avons aucune preuve qu'un esprit
humain sache de manière démontrable faire les bons
investissements. Il est donc difficile de copier.
    "Dans la gestion factorielle, l'approche est systématique
mais l'humain doit piloter la machine, savoir ce qu'il pilote et
pourquoi il le pilote." 
  

 (Edité par Blandine Hénault)
 

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