(.) LONDRES, 9 avril (Reuters) - La Première ministre Theresa May, qui poursuit ses difficiles tractations avec l'opposition travailliste, a formellement demandé aux Européens un report de la date du Brexit au 30 juin, tout en précisant que le départ du Royaume-Uni pourrait intervenir plus tôt, si l'accord de retrait était ratifié par le Parlement. Ce délai supplémentaire doit lui permettre de convaincre la Chambre des Communes d'approuver l'accord de retrait négocié par Londres et Bruxelles. Au cours du week-end, May a réitéré sa volonté de quitter l'UE le plus rapidement possible. Elle a également observé que l'alternative était désormais claire pour le Royaume-Uni: sortir de l'Union européenne avec un accord ou ne pas quitter le bloc du tout. Retour chronologique sur le feuilleton du Brexit. 23 JUIN 2016 Après 43 ans d'appartenance à la communauté européenne, les électeurs britanniques se prononcent par référendum à près de 52% pour une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. David Cameron, le Premier ministre conservateur qui a organisé cette consultation et fait campagne pour le maintien dans l'UE, annonce sa démission. Le 13 JUILLET, il cède sa place à sa ministre de l'Intérieur, Theresa May. 17 JANVIER 2017 Devant des diplomates étrangers et les négociateurs britanniques du Brexit réunis à Lancaster House, là même où Margaret Thatcher avait annoncé en 1988 le soutien britannique au marché unique, May annonce que le Royaume-Uni quittera le marché unique européen en même temps que l'Union européenne. "Pas d'appartenance partielle à l'Union européenne, pas de statut de membre associé de l'UE, rien qui nous laisse à moitié dehors, à moitié dedans. Nous ne cherchons pas à adopter un modèle dont bénéficient déjà d'autres pays", annonce-t-elle. "Même si je suis sûre qu'un accord positif peut être trouvé, je suis également claire pour dire qu'aucun accord pour la Grande-Bretagne vaut mieux qu'un mauvais accord", ajoute-t-elle. 29 MARS 2017 Neuf mois après le vote des Britanniques, May enclenche formellement la procédure de divorce en activant dans une lettre au président du Conseil européen, Donald Tusk, l'article 50 du traité européen de Lisbonne. Le texte prévoit que "tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l'Union" et fixe un délai de deux ans pour négocier les modalités du divorce. Le Brexit devra être négocié et ratifié d'ici au 29 mars 2019 à 23h00 GMT. 31 MARS 2017 Donald Tusk répond à Londres en présentant la feuille de route des Européens pour les négociations à venir, avec une première phase portant sur les modalités du divorce et dans un deuxième temps seulement la négociation d'une éventuelle période de transition et des futures relations commerciales entre Londres et les Européens. Parmi leurs exigences, les Européens réclament le règlement des engagements financiers existants pris par Londres - la facture doit se chiffrer en dizaines de milliards d'euros - et l'octroi d'un permis de résidence aux 3 millions de ressortissants européens vivant en Grande-Bretagne. Il s'agit aussi d'éviter le retour d'une frontière "physique" entre la république d'Irlande et l'Irlande du Nord afin de préserver les accords de paix de 1998. 8 JUIN 2017 Les élections législatives anticipées ordonnées par May pour asseoir son autorité tournent au cauchemar pour la Première ministre: son Parti conservateur perd sa majorité absolue à la Chambre des communes, May dépend désormais des 10 élus nord-irlandais du Parti unioniste démocratique d'Ulster (DUP). Sa position est fragilisée avant même le lancement officiel de négociations avec Bruxelles. 19 JUIN 2017 L'Union européenne et la Grande-Bretagne tiennent une première journée de discussions formelles. 22 SEPTEMBRE 2017 Dans un discours prononcé à Florence, May tente de relancer des négociations qui piétinent en se prononçant pour une période de transition de deux ans environ après le Brexit pendant laquelle le Royaume-Uni se maintiendrait dans le marché unique. 8 DECEMBRE 2017 "Fumée blanche" à Bruxelles où le Royaume-Uni et l'Union européenne annoncent à l'aube un accord de principe sur les modalités de leur divorce, ce qui va leur permettre de passer à la seconde phase des négociations. 15 DECEMBRE 2017 Réunie en sommet à Bruxelles, l'Union européenne valide l'ouverture de la deuxième phase des négociations sur la sortie du Royaume-Uni tout en mettant en garde contre la difficulté des discussions à venir. Theresa May, sur la question irlandaise, donne son accord de principe à une solution dite de "backstop", une clause de sauvegarde qui s'appliquerait en dernier recours - si Londres et Bruxelles ne parviennent pas à s'entendre sur une meilleure solution - pour éviter le retour de contrôles douaniers entre l'Irlande et l'Irlande du Nord en maintenant la province britannique au sein de l'union douanière et du marché unique. 19 MARS 2018 Un accord est trouvé à Bruxelles entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne sur la période de transition post-Brexit qui devrait courir de la date effective du Brexit jusqu'au 31 décembre 2020. Des détails restent toutefois à discuter sur le dossier de la frontière irlandaise, indique le négociateur en chef des Européens, Michel Barnier. UN ÉTÉ 2018 MOUVEMENTÉ Le 6 juillet, Theresa May réunit son gouvernement en séminaire à Chequers, sa résidence officielle au nord de Londres, pour définir un Livre blanc sur le Brexit. Le 9 juillet, David Davis, son ministre du Brexit, et Boris Johnson, son ministre des Affaires étrangères, démissionnent coup sur coup pour protester contre ce texte, qui est publié trois jours plus tard. Le 19 juillet, la Commission européenne publie un document http://europa.eu/rapid/press-release_IP-18-4545_fr.htm expliquant aux Vingt-Sept la marche à suivre en cas d'absence d'accord avec Londres et leur demandant d'accélérer les préparatifs en vue d'une "sortie sèche". "Si l'accord de retrait n'est pas ratifié avant le 30 mars 2019, il n'y aura pas de période de transition et le droit de l'UE cessera de s'appliquer dans le et au Royaume-Uni à partir du 30 mars 2019. Il s'agit là du scénario du 'no deal' ou de la 'rupture brutale'", prévient la Commission. Le 3 août, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, indique que le risque que la Grande-Bretagne quitte l'UE sans deal est "désagréablement élevé". 19-20 SEPTEMBRE 2018 Au conseil européen informel de Salzbourg, la question de la frontière irlandaise demeure un obstacle infranchissable. La dirigeante britannique redit que son projet de Chequers est la seule solution viable. Cette opinion n'est pas celle de ses interlocuteurs. Donald Tusk, président du Conseil européen, juge que Chequers ne fonctionnera pas, tandis qu'Emmanuel Macron évoque un projet inacceptable en l'état. 18 OCTOBRE 2018 A Bruxelles, le conseil européen fait une nouvelle fois le constat d'une impasse. May et d'autres dirigeants européens expriment cependant leur confiance dans leur capacité d'éviter un Brexit sans accord mais la Première ministre britannique devra pour cela surmonter le désordre au sein de sa propre majorité, préviennent plusieurs de ses partenaires européens. 20 OCTOBRE 2018 Des centaines de milliers de partisans du maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE défilent dans les rues de Londres pour réclamer un second référendum sur le Brexit. Les organisateurs chiffrent à 700.000 le nombre de manifestants, du jamais vu en Grande-Bretagne depuis une manifestation contre la guerre en Irak en 2003. 13 NOVEMBRE 2018 A la suite de fuites dans les médias irlandais et britanniques, le gouvernement britannique confirme que les négociateurs de l'Union européenne et de la Grande-Bretagne ont fini par s'entendre sur un projet technique d'accord. 14 NOVEMBRE 2018 Réunis par May, les principaux ministres britanniques appuient l'accord technique trouvé mardi et recommandent qu'il soit approuvé par le gouvernement. A Bruxelles, Barnier salue une étape décisive. 15 NOVEMBRE 2018 Mécontents des termes de l'accord négocié par Theresa May, plusieurs de ses ministres démissionnent, y compris son ministre du Brexit, Dominic Raab. 25 NOVEMBRE 2018 Les dirigeants des Vingt-Sept, réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles, valident l'accord. May annonce le lendemain qu'il sera soumis au vote du Parlement britannique le 11 décembre. 10 DÉCEMBRE 2018 Craignant de ne pas avoir de majorité pour faire adopter le projet d'accord négocié avec Bruxelles, Theresa May reporte le vote prévu le lendemain aux Communes et annonce qu'elle va se rendre à Bruxelles pour y obtenir des assurances, notamment sur la question de la clause de sauvegarde sur l'Irlande. Cette annonce est fraîchement accueillie tant par Bruxelles que par les autres dirigeants européens qui considèrent que la marge de négociation est désormais nulle. 12 DÉCEMBRE 2018 Par 200 voix contre 117, Theresa May survit à un vote de défiance déclenché par ses rivaux au sein du Parti conservateur. 13-14 DÉCEMBRE 2018 Venue à Bruxelles pour tenter d'arracher à l'occasion d'un énième sommet européen dominé par le Brexit des éléments susceptibles de favoriser l'adoption à Londres de l'accord négocié avec l'Union, Theresa May se heurte à l'intransigeance des dirigeants européens gagnés par la lassitude. Donald Tusk souligne que le "backstop" n'est qu'une assurance et que dans l'éventualité où il devrait entrer en vigueur, l'UE négocierait rapidement avec Londres pour parvenir à un accord commercial large qui le remplacerait. 15 JANVIER 2019 L'accord de retrait est massivement rejeté à Chambre des Communes par 432 voix contre 202. 29 JANVIER 2019 Les députés britanniques invitent Theresa May à aller renégocier la clause de sauvegarde, ce que Bruxelles exclut aussitôt. Un amendement en ce sens présenté par le conservateur Graham Brady a été adopté par 317 voix contre 301. La Première ministre pourra ainsi démontrer à ses interlocuteurs européens qu'un accord de sortie de l'Union peut être approuvé à la Chambre, à condition que ce "backstop" soit modifié. 26 FEVRIER 2019 Theresa May propose aux députés britanniques, s'ils ne ratifient pas d'ici au 12 mars le projet d'accord de retrait négocié avec les Européens, de voter sur un Brexit sans accord ou sur un report "court et limité" de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. 11 MARS 2019 A la veille de sa seconde tentative visant à faire ratifier l'accord négocié avec les Européens par son Parlement, Theresa May s'envole pour Strasbourg où elle annonce avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, un aménagement de la question du "backstop". "Il n’y aura pas de troisième chance, pas d’interprétation sur les interprétations, pas d'assurance sur les assurances", prévient ce dernier. 12 MARS 2019 A seulement 17 jours de la date prévue du Brexit, les députés britanniques de la Chambre des communes rejettent par 391 voix contre 242 l'accord de retrait que leur présentait pour la seconde fois Theresa May, plongeant le Royaume-Uni dans une crise politique d'une gravité sans précédent depuis plusieurs générations. 13 MARS 2019 Les députés britanniques approuvent un texte appelant le gouvernement à exclure la piste d'un Brexit sans accord. Theresa May les prévient qu'elle ne pourra obtenir de report du Brexit s'ils n'acceptent pas l'accord de retrait d'ici au 20 mars. 21 MARS 2019 Réunis à Bruxelles, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement hors Royaume-Uni reportent la date du Brexit du 29 mars au 22 mai - si la Chambre des communes ratifie l’accord de retrait la semaine prochaine – ou au 12 avril dans le cas contraire. 23 MARS 2019 Plusieurs centaines de milliers de personnes hostiles au retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne manifestent de nouveau dans le centre de Londres pour réclamer la tenue d'un deuxième référendum pour ou contre le Brexit. Les organisateurs de la marche évaluent leur nombre à plus d'un million. Plus de cinq millions de Britanniques signent parallèlement une pétition réclamant la révocation de l'article 50 et l'arrêt de la procédure de divorce. 29 MARS 2019 Les députés de la Chambre des communes rejettent, pour la troisième fois depuis janvier, l'accord de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) par 344 voix contre 286, le jour même de la date initialement prévue pour le Brexit. A la suite de ce nouveau rejet, le Brexit devrait avoir lieu sans accord le 12 avril, sauf si Londres présente d'ici là une alternative et demande un nouveau report. Le président du Conseil européen Donald Tusk annonce la tenue d'un sommet européen extraordinaire le 10 avril. 2 AVRIL 2019 Theresa May, à l'issue d'un conclave avec ses ministres qui a duré sept heures au 10, Downing Street, annonce lors d'une allocution télévisée qu'elle entend demander un nouveau report, le plus bref possible, de la date du Brexit. Dans le même temps, elle tend la main au chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, afin de sortir de l'impasse parlementaire en cours et de trouver un terrain d'entente avec lui de manière à pouvoir proposer la semaine suivante à l'Union européenne une formule acceptable, cela dans l'optique de permettre un Brexit ordonné. Jeremy Corbyn se dit "très heureux" de rencontrer Theresa May, mais certains ténors du Parti conservateur, comme Boris Johnson ou Iain Duncan Smith, ne cachent pas leur franche hostilité aux propositions de la Première ministre. 5 AVRIL 2019 May demande formellement à Donald Tusk, le président du Conseil européen, un report de la date du Brexit au 30 juin. Ce délai supplémentaire, précise-t-elle, prendrait fin dès la ratification par la Chambre des Communes de l'accord de retrait négocié avec les Européens. Selon une source de Reuters, Donald Tusk pourrait de son côté proposer un report "flexible" de 12 mois. LE POINT sur les négociations du Brexit <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ LE POINT sur les négociations du Brexit L8N2100C2 ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Bureaux de Reuters)
CHRONOLOGIE des négociations du Brexit
information fournie par Reuters 09/04/2019 à 05:00
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