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[Brexit] La finance britannique part à la conquête du monde avec un étendard vert
information fournie par Novethic 22/10/2019 à 16:02

[Brexit] La finance britannique part à la conquête du monde avec un étendard vert

[Brexit] La finance britannique part à la conquête du monde avec un étendard vert

La City de Londres voit déjà l’après Brexit. Le secteur financier britannique affûte ses arguments pour continuer d’attirer les capitaux étrangers, notamment asiatiques. Au nombre de ces arguments, la finance durable figure en bonne place. Et si l’Union européenne prend son temps pour s’accorder sur une taxonomie commune des activités vertes, Londres avance au pas de charge pour capter le marché prometteur de la finance verte.

L’industrie des services financiers pèse très lourd au Royaume-Uni : 7 % du PIB. Dans ce secteur dématérialisé, le Brexit fait d’autant moins peur qu’il semble être une opportunité de s’affranchir des règles européennes pour conserver à Londres sa couronne de première place financière mondiale, titre que lui conteste New York, et de continuer à attirer toujours plus de capitaux venus du monde entier pour profiter des services de pointe (High Frequency Trading, Hedge Fund…). Il se murmure de façon insistante que cette partie de la City aurait d’ailleurs financé le chef de file des "Brexiters", Nigel Farage, et verrait finalement le premier ministre actuel d’un bon œil.

Boris Johnson qui agite son "no deal" comme un chiffon rouge, montre bien que cela ne lui fait pas peur. Logique, puisque les indicateurs de création de richesse britanniques ne devraient pas souffrir au contraire. L’économie des services britannique affiche un excédent de plus de 11,5 milliards de dollars en 2018 alors que la production manufacturière elle est déficitaire de plus de 15 milliards de dollars.

La stratégie consiste donc à développer encore plus l’activité financière non pas en visant le marché européen pas forcément brillant mais plutôt le monde entier et surtout l’Asie. Les banques n’ont pas lancé leur transfert promis vers le continent européen. HSBC par exemple devait initialement transférer 1000 postes à Paris à cause du Brexit. Elle n’en a rien fait et n’a pas non plus transféré les comptes de ses clients. Il faut dire que deux tiers des revenus de la banque anglo-britannique viennent d’Asie.

Une stratégie basée sur la finance verte

La stratégie de repli sur le continent européen des banques basées à Londres ayant fait pschitt, la City en a trouvé une autre : partir à la conquête du monde avec un étendard vert. Dès 2016, elle avait lancé avec l’appui du gouvernement, une Green Finance Initiative dont l’objectif avoué était de faire de Londres la capitale mondiale de la finance verte. Ses promoteurs reconnaissaient qu’ils n’avaient pas inventé la finance verte, mais considéraient que la City pouvait aider à lever des capitaux dans le monde entier pour financer les engagements environnementaux, à commencer par celui de limiter le réchauffement climatique à deux degrés.

Post Brexit la place financière de Londres a décidé d’en faire une stratégie de marché globale et d’adresser ainsi des pieds de nez à l’Union Européenne, lancée depuis l’année dernière dans la mise en œuvre de son plan d’action sur la finance durable. Pendant qu’on négocie à Bruxelles entre la Commission, le Parlement et le Conseil les contours de la taxonomie des secteurs d’activités vertes annoncée pour 2022, la place financière de Londres a lancé, le 11 octobre dernier, son Green Economy mark , une sorte de "second" marché vert réunissant les entreprises cotées dont plus de 50% du chiffre d’affaires provient de "la transition vers une économie verte mondiale". La Bourse de Londres s’appuie pour cela sur son Green revenues data model, une base de données recensant la part de produits verts dans le chiffre d’affaires de 14 700 entreprises, dans 48 pays développés et émergents !

La finance occulte les inégalités sociales

En misant tout sur le vert, Londres occulte toute la dimension sociale de la finance durable. Ce n’est pas surprenant car dans ce domaine le bilan de la toute-puissance financière de Londres est désastreux. Plus la place financière et ceux qui y travaillent prospèrent plus les inégalités dans le pays se creusent. Le mouvement de dérégulation et de désengagement de l’État a abouti à une désagrégation de la santé et de l’éducation et à la paupérisation d’une part grandissante d’une partie de la population abonnée aux emplois précaires. La mortalité infantile repart à la hausse .

Alors à quoi bon être un pays si riche et affranchi de toutes règles si la majorité de la population n’en bénéficie pas. Le Brexit entretient l'illusion que c'est à cause de l'Europe et des migrants, mais les Britanniques finiront bien par s'apercevoir, à leur détriment, que la richesse produite dans leur pays par le secteur financier ne profite qu'à lui. Et à ce moment-là, il ne suffira sans doute pas de parler de finance verte pour les calmer.

Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, @AC_HT_

1 commentaire

  • 22 octobre 16:39

    Laissez les faire...ils payeront les pots (verts) cassés, il suffit de regarder ce qui se passe dans certains pays d'Amérique du Sud ou bien au Liban, et ce sont des précurseurs en la matière....


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