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La MMT, formule incantatoire ou seule réponse à "l'ère de la colère"
information fournie par Reuters18/03/2019 à 12:44

    par Julien Ponthus, Tommy Wilkes et Ritvik Carvalho
    LONDRES, 18 mars (Reuters) - Près de quatre ans après le
lancement du programme d'assouplissement quantitatif (QE) de la
Banque centrale européenne (BCE) et l'injection de 2.600
milliards d'euros dans l'économie de la zone euro, les résultats
mitigés en termes de croissance comme d'inflation pourraient
ouvrir la voie à des mesures plus radicales encore.
    La Théorie monétaire moderne (TMM ou MMT selon son acronyme
en anglais pour Modern Monetary Theory) qui propose de repenser
radicalement l'approche de l'endettement, des déficits et de la
politique monétaire, pourrait trouver des oreilles attentives
avec la perspective d'une nouvelle poussée des formations
populistes et anti-austérité lors des élections européennes du
mois de mai. 
    Popularisée par l'élue américaine Alexandria Ocasio-Cortez,
proche de la mouvance la plus à gauche du parti démocrate
incarnée par Bernie Sanders, la MMT pose comme point de départ
qu'un pays ayant la capacité de battre monnaie peut en émettre
autant qu'il veut tant que l'inflation reste maîtrisée. 
    Un pays doté de la souveraineté monétaire ne peut être
acculé au défaut puisqu'il peut toujours émettre de la monnaie
pour rembourser ses créanciers, selon cette théorie.
    Une aubaine pour les populistes de tout poil qui appellent à
une hausse de la dépense publique pour lutter contre le chômage
et financer de nouvelles mesures de redistribution. 
    La MMT doit permettre de financer les dépenses publiques et
l'économie réelle, estiment ses partisans qui reprochent à
l'assouplissement quantitatif pratiqué par les banques centrales
d'avoir eu comme effet principal de gonfler des bulles
financières.
    
    "PENSÉE VAUDOU"
    La MMT n'a guère de chance d'être mise en pratique au sein
de la zone euro, les règles communes de gestion de la monnaie
unique interdisant aux pays l'ayant adopté tout financement
monétaire des déficits publics.
    Elle fait par ailleurs l'objet de vives critiques de la part
d'économistes et de responsables économiques et monétaires. 
    L'ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, l'a
qualifiée de pensée "vaudou". 
    Elle n'en contribue pas moins à alimenter l'offensive
idéologique contre l'orthodoxie budgétaire en Europe et la
réticence des responsables économiques européens à envisager des
vastes plans d'investissement financés sur fonds publics. 
    "Après les élections européennes, on parlera beaucoup plus
de dépense et de stimulation budgétaire à l'échelle européenne",
dit John Roe, gérant chez Legal & General Investment Management,
la plus grande société de gestion britannique, à Reuters. 
    Il note que les appels à un "New Deal environnemental",
prôné par certaines des figures de l'aile gauche du parti
démocrate aux Etats-Unis, n'ont pas encore trouvé d'échos en
Europe. Mais, il n'exclut pas une telle éventualité et pense que
les investisseurs devraient la prendre au sérieux. 
    En reportant à 2020 au plus tôt l'horizon d'un premier
relèvement de ses taux directeurs et en abaissant ses prévisions
d'inflation et de croissance pour les années à venir, la BCE
s'est exposée aux critiques sur l'efficacité de sa politique et
à des exigences en faveur d'initiatives plus radicales encore. 
    "Une MMT pour l'économie réelle, qui se définirait comme la
monétisation de déficits publics massifs par la banque centrale,
serait très recommandable au sein de la zone euro" même si elle
y est impossible à mettre en oeuvre, estime Vincent Deluard,
analyste du cabinet de conseils financiers INTL FCStone. 
    
    
    
    "JAPONISATION"
    Face au risque de "japonisation" de la zone euro qui se
traduirait par une période prolongée de faible croissance et de
faible inflation à l'instar de celle que connaît le Japon depuis
des décennies, la pression monte en faveur de nouvelles
approches en matière de politique économique. 
    "On peut faire l'hypothèse que si le ralentissement
économique se poursuit en Europe après les élections
européennes, les responsables politiques européens diront que
l'Europe a besoin de plus d'infrastructures et ils penseront
qu'ils peuvent émettre de la monnaie sans coût supplémentaire",
dit Steen Jakobsen, responsable des investissements de Saxo
Bank. 
    De premiers pas vers une approche teintée de MMT ont déjà
été faits. 
    Le chef de l'opposition britannique, le travailliste Jeremy
Corbyn, avait proposé dès 2015, un "assouplissement quantitatif
du peuple", un dispositif de financement d'investissements en
infrastructures, dirigé par le gouvernement et financé par la
banque centrale. 
    La coalition au pouvoir en Italie a défié les règles
d'austérité imposées par Bruxelles en plaidant la nécessité
d'augmenter les dépenses publiques pour relancer une économie
atone. 
    En France, l'exécutif a répondu aux exigences sur le pouvoir
d'achat exprimées par le mouvement des "Gilets jaunes" en
lâchant du lest sur les dépenses et le déficit. 
    Dans une note de recherche intitulée "L'ère de la colère, ce
que le populisme signifie pour les marchés", Michael Every,
stratège de Rabobank, estime que les investisseurs doivent
s'attendre à ce que les formations populistes s'inspirent de la
MMT pour appuyer leurs demandes d'une hausse des dépenses
publiques. 
    Les marchés devraient "se préparer à un risque bien plus
élevé de véritables changements de paradigme à l'avenir",
prévient-il. 
    La MMT est toutefois loin d'emporter l'adhésion des
économistes et les banquiers centraux ont multiplié les mises en
garde à son encontre. 
    "L'idée générale selon laquelle la dette publique peut être
financée par les banques centrales est une proposition
dangereuse", a ainsi récemment déclaré Peter Praet, l'économiste
en chef de la BCE. 
    "Par le passé, cela a débouché sur l'hyperinflation et
l'instabilité économique", a-t-il dit ajoutant: "c'est pour cela
que les banques centrales sont indépendantes". 
    Selon, une enquête réalisée par la Booth School of Business
de l'Université de Chicago, 88% des experts interrogés ne sont
pas d'accord avec l'idée selon laquelle des pays qui peuvent
emprunter dans leur propre monnaie n'ont pas à se soucier des
déficits publics parce qu'ils pourront toujours émettre de la
monnaie pour les financer. 
    
    
    Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda a aussi
fermé la porte là la MMT, la qualifiant "de raisonnement extrême
qui ne sera que minoritairement accepté."
    Si le débat sur la MMT est encore loin de toucher le grand
public en Europe, il semble toutefois susciter un intérêt
grandissant et les recherches la concernant sur Google dépassent
 désormais celles visant la BCE. 
  

    <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
Euro zone growth and inflation    https://tmsnrt.rs/2UwLSzu
MMT poll    https://tmsnrt.rs/2UAFmHZ
    ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^>
 (avec Josephine Mason, Karin Strohecker, Helen Reid et Abhinav
Ramnarayan, Marc Joanny pour le service français, édité par
Wilfrid Exbrayat)
 

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