Siemens a encore un mois pour revenir dans la course et tenter de prendre le contrôle de la branche énergie d'Alstom.
General Electric vs. Siemens : le conseil d’administration d’Alstom a tranché clairement en faveur du premier qui est le seul à avoir déposé une offre formelle pour la reprise de sa branche énergie. Mais les négociations ne seront pas exclusives et le groupe français se donne jusqu’à fin mai pour prendre sa décision définitive.
Après trois séances de suspension, la cotation de l’action Alstom a repris mercredi en forte hausse à la Bourse de Paris (+9,7% à 29,6 euros à 16h). Sans surprise, le conseil d’administration d’Alstom a fait savoir mardi soir qu’il soutenait à l’unanimité l’offre de General Electric . Il est vrai que les négociations entre les deux groupes ont commencé il y a plusieurs semaines dans le plus grand secret. Le conglomérat américain propose au groupe français de reprendre ses activités énergétiques (Alstom Power et Alstom Grid) pour 12,35 milliards d'euros. Rappelons que la division énergie d’Alstom représente 70% du chiffre d’affaires du groupe français qui atteint 20,3 milliards d’euros au total et emploie 65.000 personnes dans le monde, dont 9.000 en France. Toutefois, Alstom n’a pas engagé de « négociations exclusives » avec General Electric se laissant jusqu’à fin mai pour examiner d’autres offres « non sollicitées » . Une porte ouverte malgré tout à Siemens qui a envoyé une « déclaration d’intérêt » aux administrateurs d’Alstom. Le groupe allemand s’est toutefois déclaré « déçu du manque de coopération de Patrick Kron » et demandé d’avoir accès « aux données de l’entreprise » pour finaliser son offre.
La préférence du Conseil d’Alstom pour General Electric n’est pas celle du gouvernement français . Arnaud Montebourg qui préférerait un adossement avec l’allemand Siemens a accusé Patrick Kron, le PDG d’Alstom, de lui avoir caché qu’il avait entamé des négociations avec General Electric. Une polémique à laquelle Patrick Kron n’a pas souhaité répondre mais qui promet de laisser des traces. Pour rassurer François Hollande et le gouvernement français, Jeffrey Immelt, le patron du conglomérat américain, s’engage de son côté à faire croître le nombre des emplois en France et promet d’implanter plusieurs centres de décisions de GE dans l’Hexagone (activités réseaux, hydrauliques, éolien offshore et turbines vapeur). Certes, l’Etat n’est pas directement actionnaire d’Alstom mais l’exécutif, qui n’a pas envisagé au cours des derniers jours la nationalisation temporaire comme en 2003, ne pouvait se résoudre à laisser boucler en un week-end la vente d’un fleuron industriel stratégique (Alstom fournit notamment des turbines pour l’industrie nucléaire). Le gouvernement a obtenu un sursis d’un mois pendant lequel Alstom va pouvoir procéder « à un examen approfondi de l'offre, en tenant compte des intérêts de l'ensemble des parties prenantes, y compris ceux de l'Etat français ». En attendant l’issue de ce feuilleton politico-industriel, un élément est d’ores et déjà acté : Alstom, dont le périmètre actuel couvre deux métiers (l’énergie et le transport ferroviaire), n’échappera pas à un démantèlement .
J.G
Retrouvez le communiqué d’Alstom et la lettre d’intention de Jeffrey Immelt, le PDG de General Electric, à François Hollande :
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