Ubisoft suspendu à la Bourse de Paris, le secteur du jeu vidéo retient son souffle information fournie par Boursorama avec AFP 14/11/2025 à 11:18
Le secteur du jeu vidéo retient son souffle vendredi après la suspension d' Ubisoft à la Bourse de Paris et le report à la dernière minute de ses résultats semestriels, alimentant les spéculations autour de son avenir.
Le titre est suspendu depuis l'ouverture des marchés "à la demande de la société, suite à la publication d'un communiqué de presse et jusqu'à nouvel avis", a indiqué vendredi Euronext, tandis qu'Ubisoft promet la diffusion de ses résultats "dans les prochains jours".
Ubisoft est l'un des plus gros acteurs du jeu vidéo dans le monde, avec quelque 17.000 employés. Il a dans son catalogue des titres majeurs comme "Assassin's Creed", "Far Cry" ou "Just Dance".
Contacté par l'AFP, l'éditeur français n'a pas donné de raison à ce report.
"Ce n'est jamais un bon signe de décaler des résultats", note auprès de l'AFP Charles-Louis Planade, analyste à Midcap Partners, "très surpris" de cette annonce.
Dans un courriel interne envoyé jeudi aux salariés et consulté par l'AFP, le directeur financier du groupe Frédérick Duguet a indiqué sans plus de précisions qu'Ubisoft avait besoin d'un "délai supplémentaire pour finaliser la clôture du semestre" et que la demande de suspension de sa cotation visait à "limiter les spéculations inutiles et la volatilité du marché pendant ce court délai".
- Potentiel rachat ? -
Un rachat "fait partie des options sur la table", estime M. Planade, renvoyant à celui fin septembre de l'éditeur américain Electronic Arts par un consortium composé du fonds souverain saoudien PIF et des sociétés d'investissement américaines.
Cela pourrait indiquer "un mouvement de concentration qui s'accélère sur le secteur du jeu vidéo", ajoute le spécialiste.
L'ensemble du secteur connaît une crise de croissance depuis la fin de la période Covid.
Fin 2024, des rumeurs de presse avaient fait état de discussions entre la direction du groupe français et le géant chinois de la tech Tencent, entré au capital d'Ubisoft en 2018.
Dans le cadre d'une réorganisation plus large, l'éditeur a depuis annoncé la création d'une nouvelle filiale regroupant ses trois sagas phares ("Assassin's Creed", "Far Cry" et "Rainbow Six") et détenue à environ 25% par Tencent via un apport de 1,16 milliard d'euros.
La finalisation de la transaction, prévue pour la fin de l'année 2025 sous réserve de validation des autorités réglementaires, devrait permettre à Ubisoft de se désendetter.
"Peut-être que cette nouvelle organisation a introduit une complexité financière qui n'existait pas avant", avance M. Planade, ce qui pourrait également justifier le report de ses résultats.
"Mais en vérité, on n'en sait rien", concède-t-il.
- "Dernière cartouche" -
Cette nouvelle organisation n'a pas suffi à rassurer les marchés: le titre Ubisoft n'a cessé de dégringoler à la Bourse de Paris, plongeant de près de 50% depuis début 2025 et approchant son plus bas depuis 2012, à moins de 7 euros.
Ubisoft a également enchaîné les revers ces dernières années, avec des lancements de titres en demi-teinte et l'arrêt précoce de son jeu de tir en ligne "XDefiant".
Après un bon démarrage, son dernier blockbuster lancé en mars, "Assassin's Creed Shadows", semble aussi montrer un tassement de ses ventes, selon le cabinet spécialisé Alinea Analytics.
"C'était la dernière grosse cartouche du groupe", reconnaît M. Planade, tandis qu'Ubisoft, qui vient tout juste de sortir le jeu de stratégie "Anno 117: Pax Romana", n'a pas officiellement annoncé de jeux majeurs pour les prochains mois, hormis un remake du jeu "Prince of Persia: les Sables du temps".
Depuis 2023, l'éditeur français poursuit un plan de réduction des coûts qui a déjà entraîné la fermeture de plusieurs studios à l'étranger et le départ de plus de 3.000 salariés.
En octobre, il a notamment annoncé un plan de départs volontaires dans ses studios de Stockholm et Malmö, en Suède, qui avaient notamment travaillé sur "Star Wars Outlaws", superproduction aux ventes jugées décevantes depuis sa sortie à l'été 2024.