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La Chine dévalue le yuan après des indicateurs décevants
information fournie par Reuters 11/08/2015 à 11:20


* La Chine modifie sa méthode de fixation du point médian du yuan * Le point médian abaissé de près de 2%, une variation record * La décision fait suite à une chute des exportations en juillet * La politique du yuan fort remise en question (Actualisé avec cours du yuan, réactions de marchés, commentaires d'économistes) par Pete Sweeney et Lu Jianxin SHANGHAI, 11 août (Reuters) - La Chine a dévalué le yuan mardi après une série d'indicateurs macroéconomiques décevants, dont une chute des exportations en juillet, ramenant la monnaie vers son plus bas niveau en près de trois ans. La Banque populaire de Chine (BPC) a présenté sa décision comme une mesure de libéralisation du marché mais certains redoutent le début d'une glissade durable du taux de change, voire la relance d'une guerre des monnaies. La Banque centrale a fixé le point médian de la bande de fluctuation quotidienne autorisée du yuan à 6,2298 pour un dollar CNY=SAEC , contre 6,1162 lundi, soit une baisse de près de 2%. Sur le marché spot, l'annonce de la BPC a fait logiquement décrocher le yuan CNY=CFXS de jusqu'à 2% à 6,3360 pour un dollar, son cours le plus faible depuis septembre 2012 et sa plus forte baisse depuis l'établissement du marché des changes chinois en 1994. La devise a par la suite clôturé à 6,3231 contre 6,2097 lundi, soit un repli sans précédent de 1,8% en clôture. Les autres devises asiatiques ont baissé dans la foulée et les Bourses ont suivi, avec Tokyo .N225 en repli de 0,42% et l'indice MSCI d'Asie-Pacifique hors Japon .MIAPJ0000PUS qui a touché un plus bas d'un an et demi. Les Bourses européennes ont également ouvert en baisse, sous la pression des valeurs du luxe et de l'automobile qui ont une forte exposition à la Chine ID:nL5N10M1D2 et les futures sur l'indice S&P-500 .SPX à Wall Street laissaient présager une ouverture négative à New York plus tard dans la journée. La banque centrale chinoise s'est efforcée de présenter sa réforme comme une mesure répondant à l'attente des intervenants sur le marché des changes. "Etant donné que le commerce de biens continue d'enregistrer des excédents relativement importants, le taux de change effectif réel du yuan est encore relativement fort vis-à-vis d'autres devises et s'écarte des anticipations du marché", a-t-elle souligné dans un communiqué. "Il est donc nécessaire d'améliorer encore la fixation du point médian du yuan pour répondre aux besoins du marché." La Chine gère le taux de change du yuan en fixant un point médian officiel autour duquel la monnaie peut varier chaque jour de plus ou moins 2%. Depuis mars cependant, les variations quotidiennes du yuan ne dépassaient pas les 0,3% et les cambistes soupçonnaient les autorités d'avoir soutenu la devise contre les pressions à la baisse. La BPC a ajouté que, désormais, elle fixerait ce point médian en se basant sur les estimations des intervenants et sur le cours de clôture de la veille. GUERRE DES MONNAIES Elle a évoqué une dépréciation "exceptionnelle" du taux de change mais les économistes s'interrogent sur la portée d'une décision qui semble marquer un changement de politique. "Pendant longtemps j'ai su gré à la BPC de tenir le cap et de reconnaître qu'une dévaluation, certes tentante pour relancer le vieux modèle de croissance, mènerait à une impasse", déclare Patrick Chovanec, chargé de la stratégie chez Silvercrest Asset Management à New York et spécialiste de la Chine. Un yuan plus faible reflétera mieux l'état actuel de la demande sur le marché mais le yuan fort servait l'objectif plus important d'une transition de la Chine vers un nouveau modèle économique axé sur la consommation et non sur la production manufacturière de masse, ajoute-t-il. "Le monde a besoin de plus de demande, pas d'offre, de la Chine", souligne-t-il. Pour Masafumi Yamamoto, stratégiste chez Monex à Tokyo, Pékin prend le risque d'attiser une guerre des monnaies. "Dévaluer était la seule option qui restait après les mesures monétaires, budgétaires et boursières déjà mises en oeuvre par la Chine pour tenter de contrer le ralentissement économique", dit-il. "La dévaluation ne s'arrêtera probablement pas là. Des devises en concurrence avec la Chine comme le dollar de Singapour, le won sud-coréen et le dollar taïwanais ont réagi à la baisse et peut-être bien que la décision d'aujourd'hui va marquer le début d'une guerre des monnaies à coups de dévaluations." D'autres économistes se félicitent que la réforme aille dans le sens d'une moindre ingérence de Pékin sur le marché des changes et notent que la Chine ne fait qu'emboîter le pas à pratiquement tous ses voisins qui ont misé sur une dépréciation de leur monnaie pour soutenir leurs exportations. Pour Guo Lei, économiste chez Founder Securities à Shanghai, la dévaluation du yuan ne résoudra pas toutes les difficultés des exportateurs chinois, par ailleurs confrontés à une hausse de leurs coûts salariaux et à des problèmes de qualité, mais elle aura le mérite d'atténuer les pressions déflationnistes, un point d'inquiétude bien plus grave selon lui. CLIN D'OEIL AU FMI La décision de la banque centrale intervient trois jours après l'annonce d'une chute de 8,3% des exportations le mois dernier, leur plus forte baisse en quatre mois, alors que les économistes attendaient une diminution limitée à 1%. ID:nL5N10K0J7 Elle fait suite également à l'annonce d'une nouveau recul marqué des prix à la production, en repli depuis 40 mois et tombés en juillet à leur plus bas niveau depuis la fin 2009. La glissade continue des prix producteurs, conséquence de la chute des prix des matières premières, menace la Chine d'un cycle de déflation comme celui qui a pénalisé l'économie japonaise pendant des décennies. La croissance de la Chine, la deuxième économie mondiale, est prévue cette année à 7% par le gouvernement, ce qui serait son niveau le plus faible depuis 25 ans. Zhou Hao, économiste chez Commerzbank à Singapour, doute pourtant que la décision de la BPC ne vise qu'à relancer les exportations. Il y voit plutôt un lien avec les droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international, qui sont calculés à partir d'un panier de devises. La Chine souhaiterait y faire entrer le yuan. Mais, souligne Zhou Hao, il faut pour cela un mécanisme axé sur le marché et une certaine part de volatilité. Dans un rapport récent, le FMI a estimé raisonnable de repousser à septembre 2016 toute décision concernant l'intégration du yuan dans son panier de devises, émettant un jugement mitigé quant aux progrès effectués par la Chine pour réformer son marché des changes. (avec Samuel Shen et Kazunori Takada à Shanghai et Vidya Ranganathan à Singapour, Jean-Stéphane Brosse et Véronique Tison pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)

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