USA-Trump dans l'Indiana pour séduire l'électorat évangélique
par James Oliphant INDIANAPOLIS, 2 mai (Reuters) - Sur la route menant à l'investiture républicaine, la caravane des primaires fera halte mardi dans l'Indiana, un Etat conservateur acquis à la cause du Grand Old Party et au courant évangélique, que les prises de position du favori Donald Trump, plutôt libérales sur les questions sociales, prennent souvent à rebrousse-poil. Cet Etat du Midwest américain a voté républicain à neuf reprises lors des dix derniers scrutins présidentiels. Et si Donald Trump y devance largement ses deux adversaires, Ted Cruz et John Kasich, dans les intentions de vote, ses positions sur le planning familial, l'homosexualité et les transgenres soulèvent de nombreuses inquiétudes chez les conservateurs en matière religieuse. Un sondage NBC/Wall Street Journal/Marist accorde 49% des intentions de vote à Donald Trump contre 34% au sénateur du Texas Ted Cruz et 13% au gouverneur de l'Ohio, John Kasich, alors que la plupart des précédentes enquêtes prédisaient un écart bien moindre entre les deux premiers. Une victoire de Donald Trump aurait un impact considérable dans la course à l'investiture et serait un baromètre de sa capacité à convaincre plus largement les évangéliques, idéologiquement plus proches de Ted Cruz qui ne manque pas une occasion d'exprimer sa foi et qui conteste à l'homme d'affaires new-yorkais sa qualité de républicain. Pour Donald Trump, l'enjeu est considérable car s'il est désigné en juillet à la convention de Cleveland, il lui faudra convaincre les évangéliques de voter pour lui lors de l'élection de novembre faute de quoi un certain nombre d'entre eux pourraient être tentés par l'abstention et favoriser le candidat démocrate. "Il y a une crainte de voir beaucoup d'entre eux rester chez eux", souligne Bob Vander Plaats, personnalité évangélique de l'Iowa. "Vous ne pouvez pas gagner sans notre base", ajoute-t-il L'HISTOIRE DES TOILETTES Beaucoup de sociaux-conservateurs ont été agacés par les critiques de Donald Trump sur la loi votée en Caroline du Nord qui oblige les transgenres à utiliser les toilettes réservées au sexe qui était le leur à leur naissance. "L'histoire des toilettes est centrale pour beaucoup de gens", assure Shan Rutherford, pasteur dans l'Indiana. Ce dernier explique avoir été initialement séduit par le discours de Donald Trump mais qu'il s'en est peu à peu éloigné à cause ses prises de position sur les sujets de société et des insultes qu'il a proférées tout au long de sa campagne. Le pasteur, qui soutient désormais Ted Cruz, explique qu'en cas de duel Clinton/Trump, il pourrait décider de s'abstenir. Le Pew Research Center estime qu'à l'échelle des Etats-Unis, 45% des électeurs enregistrés sous l'étiquette républicaine se qualifient de "born-again" ou "d'évangéliques". Selon Pew, les républicains ne sont que 44% à juger que Donald Trump est religieux alors qu'ils sont 76% à penser que Ted Cruz l'est. Ted Cruz a utilisé à plusieurs reprises la question des toilettes de Caroline du Nord pour s'attaquer à Donald Trump qui a répété que, selon lui, l'usage des WC par des transgenres posait peu de problèmes. Pour Ted Cruz, au contraire, autoriser la présence d'hommes adultes dans les mêmes lieux que les petites filles revient à "ouvrir la porte aux prédateurs". DANGEREUSE ABSTENTION Vendredi, le gouverneur de l'Indiana Mike Pence, un conservateur en matière sociale, a apporté son soutien à Ted Cruz. Le gouverneur a, l'année dernière, signé une loi controversée susceptible de permettre aux entreprises de refuser de fournir des services aux couples homosexuels. Donald Trump s'est de son côté toujours opposé à ce que les entreprises puissent licencier leurs salariés sur la base de leur orientation sexuelle, même s'il a critiqué l'année dernière la décision de la Cour suprême de légaliser le mariage homosexuel. Un sondage Reuters/Ipsos montre que 19% des personnes interrogées n'iront pas voter en novembre en cas de duel entre Trump et Clinton. Mais, parmi ceux qui se rendent à l'église toutes les semaines, la proportion bondit à 28%. Or, une trop forte abstention se ferait au détriment des républicains, les tendance démographiques de ces dernières années étant favorables au camp démocrate, la base de l'électorat du GOP, très majoritairement blanc et âgé, ayant tendance à se rétrécir. Eric Houseman, un auxiliaire de santé d'Indianapolis qui s'est rendu à un meeting de Ted Cruz, pense que Donald Trump paiera le prix de ses maladresses, comme lorsqu'il a en janvier évoqué un passage de la Bible relatif aux Corinthiens en se trompant sur sa dénomination. "On commence à voir que c'est un beau parleur", commente Eric Houseman. Ron Johnson, pasteur de l'Eglise de Living Stones à Crown Point, dans le nord de l'Etat, votera républicain mais certainement pas pour Donald Trump qui ne partage pas selon lui ses valeurs chrétiennes. "Je ne participerai pas à la mise à mort de mon pays", lance-t-il. (Nicolas Delame pour le service français, édité par Danielle Rouquié)

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