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Un putsch apparemment déjoué en Turquie
information fournie par Reuters 16/07/2016 à 11:39

UN PUTSCH APPAREMMENT DÉJOUÉ EN TURQUIE

UN PUTSCH APPAREMMENT DÉJOUÉ EN TURQUIE

par Nick Tattersall et Ece Toksabay

ISTANBUL/ANKARA (Reuters) - Une tentative de putsch semble avoir échoué en Turquie, où des milliers de personnes ont répondu à l'appel du président Recep Tayyip Erdogan à descendre dans les rues pour s'opposer au coup de force d'une partie de l'armée.

Au moins 90 personnes sont mortes dans les violences qui ont éclaté lorsqu'un groupe de militaires a tenté de s'emparer du pouvoir, rapporte ssamedi l'agence de presse publique Anatolie, qui fait état en outre de 1.154 blessés.

Le renversement du président Erdogan, qui est aux affaires depuis 2003, serait un séisme pour la région, alors que la guerre fait rage aux frontières de la Turquie. Mais l'échec d'une telle tentative risque également de déstabiliser le pays, proche allié des Etats-Unis et membre de l'Otan.

Le chef de l'Etat, qui était en vacances sur la côte sud-ouest du pays, est arrivé à l'aube à l'aéroport d'Istanbul-Atatürk, où ses partisans étaient venus l'accueillir en nombre. "L'acte de trahison" commis par les putschistes justifie "le nettoyage" de l'armée, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse improvisée.

Selon des responsables turcs, 754 membres des forces armées ont été arrêtés, et 29 colonels ainsi que cinq généraux ont été démis de leurs fonctions.

S'adressant à des milliers de partisans agitant le drapeau turc, Recep Tayyip Erdogan a déclaré que le gouvernement restait maître de la situation, même si des troubles étaient encore signalés à Ankara.

Dans un courrier électronique portant l'adresse du service de presse de l'état-major des armées, les putschistes, qui se présentent sous le nom de Mouvement pour la paix intérieure, ont affirmé leur détermination à poursuivre le combat et appelé les civils à rester chez eux pour leur propre sécurité.

Des soldats rebelles ayant pris le contrôle d'hélicoptères de l'armée continuaient de tirer et des avions de combat ont décollé pour les intercepter, a déclaré le Premier ministre, Binali Yildirim.

REDDITIONS

Coups de feu et explosions ont retenti dans la capitale et à Istanbul, où les putschistes avaient pris position et ordonné à la télévision publique de lire un communiqué annonçant leur prise du pouvoir.

A l'aube, une cinquantaine d'entre eux se sont rendus à la police sur l'un des ponts enjambant le Bosphore, abandonnant leurs chars les mains en l'air. Des journalistes de Reuters ont vu des partisans du gouvernement les agresser après leur reddition.

Une trentaine d'autres militaires impliqués dans la tentative de coup d'Etat se sont rendus aux policiers place Taksim, dans le centre d'Istanbul. Ils ont été embarqués dans des fourgons de police alors qu'un avion de combat survolait la ville à basse altitude.

La tentative de coup d'Etat a débuté dans la soirée de vendredi lorsque des avions et des hélicoptères militaires ont grondé dans le ciel d'Ankara et que des militaires ont coupé les ponts sur le Bosphore reliant les rives européenne et asiatique d'Istanbul.

Dans la nuit, des députés sont restés retranchés dans des abris à l'intérieur du siège du parlement à Ankara, qui a été pris pour cible par des chars. De la fumée s'élevait à proximité. Un élu de l'opposition a déclaré que le parlement avait été touché à trois reprises et qu'il y avait des blessés.

Samedi matin, un haut responsable a assuré que les attaques contre le parlement et le palais présidentiel avaient "en grande partie cessé".

Un commandant de l'armée a ditque des avions de combat avaient abattu un hélicoptère utilisé par les putschistes dans la capitale. Selon l'agence Anatolie, dix-sept policiers ont été tués au QG des forces spéciales à Ankara.

Le siège des services de renseignement a également été attaqué à l'aide d'hélicoptères et de mitrailleuses lourdes mais leur chef se trouvait en lieu sûr lors des événements, dit-on de source au sein de ces services.

La dynamique semble s'être inversée au cours de la nuit au profit du pouvoir en place lorsque des milliers de partisans sont descendus dans les rues à l'appel du président Erdogan.

LE "SOUTIEN ABSOLU" DES ETATS-UNIS

Le chef de l'Etat a mis en cause l'opposant Fetullah Gülen, qu'il accuse de longue date de noyauter les instances judiciaires et militaires pour le renverser. Le mouvement de Fetullah Gülen, un influent prédicateur installé aux Etats-Unis, autrefois allié d'Erdogan, a condamné la tentative de coup d'Etat.

A l'étranger, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a téléphoné à son homologue turc pour lui exprimer "le soutien absolu (des Etats-Unis) au gouvernement civil démocratiquement élu et aux institutions démocratiques".

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a plaidé pour le respect de "l’ordre démocratique". Il a en outre invité les Français présents en Turquie à ne pas sortir de chez eux. L'Allemagne a déclaré soutenir le gouvernement élu.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a lui aussi réclamé le retour à l'ordre constitutionnel. "La Turquie est un partenaire clé pour l'Union européenne. L'UE soutient pleinement le gouvernement élu, les institutions du pays et l'état de droit", a-t-il dit lors d'un sommet UE-Asie en Mongolie.

Le trafic aérien a été momentanément interrompu dans tous les aéroports et les réseaux sociaux ont été inaccessibles dans les premières heures de la tentative de putsch.

La compagnie nationale Turkish Airlines a repris ses vols samedi, a annoncé Tayyip Erdogan. Malaysia Airports, qui exploite l'aéroport international Sabiha-Gokcen, le deuxième d'Istanbul, a dit qu'il continuerait à assurer des vols à destination et au départ de la Turquie.

"CONSEIL DE PAIX"

Dans la soirée, les putschistes semblaient pourtant en position de force. Des militaires avaient fait irruption au siège de la TRT, la télévision publique, dont un présentateur a lu un communiqué accusant le gouvernement de porter atteinte à la démocratie et à la laïcité.

Le pays sera dirigé par un "conseil de paix" qui garantira la sécurité de la population, a-t-il poursuivi, annonçant l'instauration d'un couvre-feu national et de la loi martiale.

La TRT a ensuite cessé d'émettre mais les émissions ont repris aux premières heures de samedi après ce que le personnel a qualifié de prise d'otages.

L'agence de presse Anatolie a par ailleurs annoncé que le chef d'état-major, Hulusi Akar, avait été lui aussi pris en otage au quartier général de l'armée, mais un haut responsable a annoncé par la suite qu'il avait été délivré.

La Turquie joue un rôle de premier plan dans la lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique. Le Pentagone a fait savoir que le putsch n'avait pas affecté les opérations de l'aviation américaine sur la base turque d'Incirlik.

En Syrie, des centaines de partisans de Bachar al Assad, dont Erdogan est l'un des plus virulents détracteurs, sont descendus dans les rues pour célébrer la tentative de coup d'Etat et des tirs de joie ont retenti à Damas.

Depuis les années 1960, la Turquie a une longue histoire de coups d'Etat menés par l'armée au nom de la laïcité, mais les militaires n'ont plus pris le pouvoir par la force depuis 1980.

(Avec Ayla Jean Yackley, David Dolan, Akin Aytekin et Orhan Coskun, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Simon Carraud)

2 commentaires

  • 16 juillet 13:08

    même problème qu'en Iran lors de la tentative pacifique de "révolution verte", toutes ces régimes islamistes autoritaires sont solidement verrouillés et prêts à faire face à toute forme d'opposition pacifique ou armée


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