Audrey Crespo-Mara : Au retour en France de Serge Lazarevic, vous avez déclaré vous réjouir de sa libération, pour lui et sa famille, condamner toute prise d'otage, quelle qu'elle soit, mais vous écrivez aussi ressentir un "profond sentiment de malaise"... Tariq Ramadan : Oui, parce que, vous savez, la France a toujours négocié. Et je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il ne faut pas négocier. Il faut, à un moment donné, sauver des vies ! On ne peut pas accepter simplement qu'on tue les otages. Mais il y a des limites. Pour la libération d'un otage juste avant Noël afin de réjouir la France, on a accepté qu'un prisonnier qui a tué de sang-froid un gardien de prison africain soit libéré. On est revenu à la pensée coloniale : la vie d'un Blanc vaut plus que la vie d'un Noir. En France, il faut vraiment qu'on se pose la question de la perception qu'on a de l'Afrique. On ne peut pas continuer cette politique de la Françafrique. Et si c'était l'ultime exigence des ravisseurs, il fallait, selon vous, renoncer à libérer Serge Lazarevic, le laisser se faire exécuter ?
Non, il ne fallait pas le laisser se faire exécuter, mais libérer un meurtrier... Il y a des choses qu'on ne fait pas, non. On ne peut pas libérer un meurtrier pour simplement sauver l'un des nôtres. Ça suffit. À partir d'un certain moment, la dignité humaine doit être la même pour tous. La vie d'un Noir vaut la vie d'un Blanc. Dans votre ...
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