
Images satellite fournies par l'U.S. Geological Survey (USGS), le 28 août 2000 (g) et le 10 septembre 2006 montrant le recul du glacier South Cascade, dans l'Etat de Washington ( US Geological Survey / Handout )
Impressionnante masse dans le nord-ouest des Etats-Unis, le glacier South Cascade a inspiré des générations de scientifiques qui l'ont étudié de près, développant et affinant des méthodes aujourd'hui utilisées dans le monde entier.
Figurant parmi les cinq glaciers dits "de référence" dans le pays, et nommé vendredi "glacier de l'année" par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) en l'honneur des scientifiques qui le suivent depuis des décennies, son évolution est particulièrement scrutée à mesure que l'activité humaine réchauffe la Terre.
Voici quelques éléments marquants à son sujet.
- Technologie du radar -
Les eaux de fonte du glacier, situé dans l'Etat de Washington, s'écoulent directement dans le lac South Cascade qui alimente le fleuve Cascade, lequel se jette dans le Puget Sound, un bras de mer qui longe notamment la ville de Seattle.
Si les glaciers sont étudiés en Europe depuis au moins le 19e siècle, "une grande partie des méthodes scientifiques que nous utilisons pour mesurer les glaciers ont été développées ici", explique Andrew Fountain, universitaire spécialisé dans la recherche sur les glaciers et le changement climatique.

Graphique montrant la variation annuelle de la masse des glaciers dans le monde depuis 1976, selon les données de l'OMM et du WGMS ( AFP / Sylvie HUSSON )
La technologie du radar a notamment permis aux chercheurs de mesurer l'épaisseur de la glace à un endroit où un glacier existe probablement depuis plus d'un million d'années.
Les mesures ont commencé sur le site en 1958, selon l'USGS, l'organisme gouvernemental qui étudie l'environnement et les ressources naturelles.
- Historique de mesures -
L'année suivante, l'USGS a lancé un projet de mesures dit "bilan de masse continu", qui comptabilise le débit des cours d'eau, les précipitations, la température de l'air, la pression atmosphérique, l'épaisseur, la densité de la neige ou encore l'ablation de la glace.

Infographie montrant les % de masse glaciaire ayant disparu entre 2000 et 2023 dans 19 régions du monde, selon les données du consortium international de chercheurs GlaMBIE en coordination avec le Service mondial de surveillance des glaciers (WGMS) ( AFP / Sylvie HUSSON )
"Ce glacier possède le plus grand historique de mesures scientifiques dans le continent américain", souligne M. Fountain. Les glaciologues ont ainsi pu "suivre la façon dont le glacier réagit au climat".
"Comme vous pouvez l'imaginer, il a reculé de manière spectaculaire", tombant aujourd'hui à environ la moitié de la taille qu'il avait lorsque les mesures ont commencé, ajoute le scientifique qui blâme l'augmentation des températures.
Une atmosphère plus chaude réduit la quantité de précipitations sous forme de neige et augmente la température de l'air ambiant.
- Recherche menacée par Trump -
La recherche subit le retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis. Le milliardaire Elon Musk a entrepris de réduire fortement les dépenses publiques, supprimant de nombreux emplois et subventions, y compris dans la recherche.

Le logo de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), le 16 mars 2017 à Washington ( Getty / JUSTIN SULLIVAN )
L'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) compte notamment supprimer son Bureau de recherche et développement et limoger la majorité de ses effectifs, selon un plan dont des extraits ont été transmis à l'AFP.
M. Fountain tire la sonnette d'alarme: environ 2% de l'eau de la planète est stockée dans les glaciers et, s'ils fondent tous, elle finira par s'écouler dans les océans, ce qui fera monter le niveau des mers et mettra en péril des dizaines de milliers de kilomètres de côtes à travers le monde.
Toutes les régions glaciaires ont enregistré une perte de masse nette en 2024, pour la troisième année consécutive, a annoncé vendredi l'OMM.
C'est pour cette raison, entre autres, que la science de la glaciologie née à South Cascade est indispensable, insiste le chercheur américain. "Ce n'est pas parce que nous ne voulons pas entendre parler d'une chose qu'elle n'est pas en train d'arriver", prévient-il.
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