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Son virage sécuritaire et diplomatique renforce Hollande
information fournie par Reuters 17/11/2015 à 17:17

HOLLANDE APPARAÎT RENFORCÉ PAR LE VIRAGE SÉCURITAIRE

HOLLANDE APPARAÎT RENFORCÉ PAR LE VIRAGE SÉCURITAIRE

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le virage sécuritaire et diplomatique pris par François Hollande en réponse aux attentats du 13 novembre renforce la main du chef de l'Etat sur la scène politique intérieure française, mais ce pourrait n'être qu'une parenthèse, estiment des analystes.

Dix mois après les attentats djihadistes de janvier, l'opinion française est plus que jamais dans l'attente d'autorité, de fermeté et d'action, estime le directeur général adjoint de l'institut de sondage Ifop, Frédéric Dabi.

Le chef de l'Etat, ajoute cet analyste, a "fait le job" lundi devant le Congrès à Versailles : "Il a montré une fois de plus qu’il savait gérer des événements hors norme."

Face à l'ampleur de la menace, illustrée par les 129 morts de vendredi, François Hollande ne s'est pas contenté d'annoncer le prolongement de l'état d'urgence et des renforts pour les forces de l'ordre et la justice. Il a aussi repris à son compte des propositions de la droite, et même du Front National.

Il a ainsi proposé que les binationaux condamnés pour atteinte aux intérêts fondamentaux du pays soient déchus de la nationalité française et souhaité une accélération des mesures d'expulsion pour les étrangers représentant une menace grave.

Il a prôné une révision constitutionnelle inspirée de propositions de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur, pour permettre des mesures exceptionnelles hors état d'urgence.

Il a plaidé pour une grande coalition anti-Etat islamique englobant la Russie, une inflexion demandée par son prédécesseur de droite, Nicolas Sarkozy, et par la présidente du Front national avant même les attentats du 13 novembre.

RASSURER

Marine Le Pen a salué de "bonnes inflexions". Les réactions ont été plus embarrassées du côté du parti Les Républicains (LR), privé d'une partie de ses arguments contre le chef de l'Etat à 16 mois de l'élection présidentielle de 2017.

Le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, a fini par déclarer mardi qu'il n'était pas opposé par principe à la révision constitutionnelle voulue par François Hollande et a salué son "reniement" vis-à-vis de la Russie.

Ce virage sécuritaire expose François Hollande aux critiques d'une partie de la gauche, à laquelle il a cependant donné un gage en s'affranchissant spectaculairement des contraintes budgétaires imposées par la Commission européenne.

"Dans ces circonstances, je considère que le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité", a-t-il déclaré.

Le commissaire européen Pierre Moscovici a fait savoir mardi que la Commission européenne ferait preuve de compréhension.

François Hollande a aussi obtenu un accord de principe des pays de l'Union européenne à sa demande d'assistance, en vertu d'un article jamais utilisé jusqu'ici.

"Aujourd'hui, François Hollande arrive globalement à rassurer", estime le directeur du département politique et opinion de l'institut Harris Interactive, Jean-Daniel Levy.

"On va certainement assister à un regain de popularité" de l'exécutif, comme après les attentats de janvier, renchérit le politologue Pascal Perrineau. "La question à laquelle il est beaucoup plus difficile de répondre est de savoir si cela se traduira ou non dans les urnes."

Les analystes interrogés par Reuters doutent que cela suffise à modifier substantiellement le rapport des forces pour les élections régionales de décembre, avec une gauche promise à une cinglante défaite et une probable percée du FN.

INQUIÉTUDES ÉCONOMIQUES

"La seule atténuation à cette dynamique (du FN) est que les Français sont en attente d'hommes et femmes d'Etat qui assurent, connaissent la diplomatie, les rouages de l'Etat", nuance Pascal Perrineau. "Là, Marine Le Pen continue à avoir une faiblesse."

Mais des facteurs peuvent jouer contre François Hollande.

Invoquer un climat de "guerre", comme l'ont fait le chef de l'Etat et le Premier ministre peut dissuader des investisseurs de venir en France, peser sur la reprise économique et, in fine, éloigner encore le retournement de la courbe du chômage.

Déjà, la fréquentation des hôtels parisiens est en chute libre, les grands magasins sont vides et des agences de voyages chinoises offrent à leurs clients de les rembourser sans frais s'ils annulent leur voyage.

Le président du Medef, Pierre Gattaz, a invité mardi le gouvernement à faire en sorte que les mesures de sécurité mises en oeuvre "n'empêchent pas l'activité économique et n'obèrent pas l'attractivité" de la France.

La menace terroriste a certes renvoyé au deuxième plan des dossiers jugés prioritaires il y a quelque jours, comme la réforme du code du travail.

Mais "les ressorts profonds du malaise social et économique restent là, ça ne les pas effacés, ça change l'ordre des priorités de l'agenda", souligne Pascal Perrineau.

Pour Gaël Sliman, président de l'institut Odoxa, "les préoccupations économiques reviendront au premier plan" dès que la menace terroriste paraîtra s'éloigner.

(Avec Pascale Denis et Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)

6 commentaires

  • 17 novembre 18:56

    Amusement en lisant " Son "virage" on l'attendait depuis janvier 2015" Cette phrase a-t-elle un sens? Son auteur a t-il hiberné depuis? Pu fort celui qui nous affirme que " ses adversaires qui proposaient cela depuis longtemps, on a seulement perdu 3 ans et demi, voire plus..." 3 ans et demi...donc depuis l'élection de F.H... Ses adversaires...c'est qui? Le FN? Mais le FN radote depuis 40 ans de père en fille. Dénoncer l'immigration c' est son éternelle phobie.


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