Reprise des combats en Syrie après l'échec de l'accord USA-Russie
par Tom Perry et John Davison BEYROUTH, 21 septembre (Reuters) - Deux jours après la fin du cessez-le-feu, les combats font à nouveau rage mercredi autour d'Alep et d'Hama, principaux fronts de la guerre civile syrienne, où des raids aériens ont fait une douzaine de morts, dont quatre membres du personnel médical. L'armée syrienne a annoncé lundi la fin de cette trêve négociée par les Etats-Unis et la Russie qui était en vigueur depuis le 12 septembre et, dans les heures qui ont suivi, le bombardement d'un convoi humanitaire de l'Onu a fait une vingtaine de morts près d'Alep, la grande ville du Nord. Les Etats-Unis l'ont imputé à l'aviation russe, mais Moscou nie toute implication de ses forces. Washington assure toutefois que la trêve "n'est pas morte", mais l'initiative russo-américaine, qui sera sans doute le dernier effort de paix sous la présidence de Barack Obama, semble prendre le même chemin que les précédentes: les diplomates s'y accrochent alors que les belligérants la foule au pied. Le Conseil de sécurité de l'Onu doit se réunir dans la journée pour faire le point sur la situation en Syrie. Dans la nuit de mardi à mercredi, les combats les plus intenses se sont déroulés dans les zones qui commandent l'accès à Alep. Le siège des quartiers Est de la ville tenus par l'opposition armée est pratiquement continu depuis juillet. Selon la presse publique et la chaîne de télévision du Hezbollah libanais, qui est engagé aux côtés de Damas, l'armée a repris une usine d'engrais dans le secteur de Ramoussah, au sud-est de la ville. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) confirme et ajoute qu'elle poursuit sa progression dans un quartier d'habitation. Des raids aériens ont été menés toute la nuit en prévision d'une offensive, "mais les tentatives de percée du régime ont échoué", a assuré un rebelle d'Alep interrogé par Reuters via internet. De source militaire syrienne, on indique que des insurgés se regroupent au sud et à l'ouest d'Alep ainsi qu'à Hama. "Nous allons certainement viser tous ces rassemblements et les regroupements auxquels ils procèdent", a-t-on ajouté. Sept secteurs des alentours d'Alep ont en outre été bombardés par l'aviation syrienne, indique l'état-major. "ÇA SUFFIT", DIT HOLLANDE L'un de ces raid aérien a coûté la vie à quatre membres du personnel médical et à neuf combattants à Khan Touman, localité aux mains de l'insurrection située au sud-ouest d'Alep, rapporte l'OSDH. Les victimes appartenaient à l'Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), qui a confirmé la mort de quatre de ses employés, et à l'alliance islamiste Djaïch al Fatah (Armée de la conquête), constituée autour du groupe Ahrar al Cham et de l'ex-Front al Nosra. Les forces syriennes ont par ailleurs lancé une vaste offensive dans la province occidentale d'Hama. "Il s'agit d'une attaque très intense, préparée par l'aviation russe, mais, grâce à Dieu, elle a été repoussée par les frères", a déclaré à Reuters Abou al Baraa al Hamaoui, un chef du Djaïch al Fatah. L'armée a, selon lui, subi de lourdes pertes et quatre chars ont été détruits. De source proche de l'insurrection, on signale qu'une autre offensive gouvernementale a également été repoussée dans le secteur d'Handarat, au nord d'Alep. Un avion syrien s'est par ailleurs écrasé au cours d'un raid contre des positions de l'Etat islamique (EI) près de Damas et le pilote a pu être récupéré, selon l'armée. L'agence Amak, voix de l'EI, affirme que l'appareil a été abattu par des membres du mouvement. A New York, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, ont eu mardi un entretien consacré notamment à l'attaque du convoi, qui a entraîné la suspension des opérations humanitaires de l'Onu. Un responsable russe a déclaré aux journalistes que Moscou était toujours disposé à appliquer l'accord de cessez-le-feu conclu avec les Etats-Unis. "Le fait d'être ici (à New York) et de participer à la réunion du GISS (Groupe international de soutien à la Syrie) est la confirmation de notre volonté de continuer à travailler", a dit ce responsable sous le sceau de l'anonymat. Si John Kerry a assuré à l'issue de la réunion que la trêve n'était "pas morte", les autres participants se sont montrés perplexes. Pour le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, les négociations russo-américaines "ont atteint leurs limites". "Je n'ai qu'un seul mot à dire: ça suffit !", a quant à lui martelé François Hollande, jugeant le régime de Bachar al Assad responsable de l'échec du cessez-le-feu. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)

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