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Recrutement : le "sujet numéro un" des entreprises ou un problème surrévalué ?
information fournie par Boursorama avec Media Services 10/09/2021 à 15:05

Si le Medef tient un discours alarmant, les syndicats, et même la ministre du Travail soulignent qu'au-delà d'un problème de formation, il existe un réel défaut d'attractivité des postes dans certains secteurs.

(illustration) ( AFP / BERTRAND GUAY )

(illustration) ( AFP / BERTRAND GUAY )

Le Medef alerte depuis l'été : certains secteurs économiques n'arrivent pas à recruter suffisamment pour faire face à la reprise économique. Et le gouvernement s'est emparé de la question et en a fait l'un de ses priorités à la rentrée. Qu'en est-il concrètement sur le terrain ?

Les difficultés de recrutement, c'est le "problème numéro, a insisté Jean Castex. "Nos entreprises veulent embaucher, il y a un niveau inédit de création d'emplois et elle ne trouvent pas toujours les salariés pour les occuper, en tout cas pas assez de salariés disponibles et qualifiés".

"Selon la Banque de France, on parle d'environ 300.000 emplois à pourvoir , ce n'est pas un sujet tout à fait nouveau en France, mais il n'a jamais pris une telle acuité, c'est un gâchis", a-t-il affirmé.

Restauration, hôtellerie, bâtiment...

"Tous les patrons que j'ai vus cet été, même avant l'été, leur sujet numéro un, ça n'est plus la pandémie, c'est le recrutement ", avait témoigné fin août le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, citant les services (restauration, hôtellerie) et le bâtiment.

Pour y remédier, Jean Castex compte "renforcer la formation des demandeurs d'emploi" en particulier des chômeurs de longue durée. Il doit présenter sous peu un "plan ambitieux d'investissement dans les compétences", à côté de celui existant (le "PIC" de 15 milliards d'euros sur cinq ans visant à former de jeunes "décrocheurs" et chômeurs).

L'exécutif table aussi sur la réforme du calcul de l'assurance chômage, en vigueur à partir du 1er octobre, "pour mieux valoriser le travail".

Dans les faits, les chiffres sont plus nuancés. L'Insee notait mardi que les tensions sur les recrutements "tendent à progresser". En juillet, environ 15% des entreprises de l'industrie et des services et 40% de celles du bâtiment se déclaraient limitées dans leur production par l'insuffisance de personnel . "Ces proportions relativement élevées sont toutefois inférieures aux points hauts de 2018-2019. Elles vont de pair avec la vigueur de l'emploi salarié privé au deuxième trimestre", constatait l'Institut.

Au 2e trimestre, la Dares recensait 264.400 "emplois vacants", soit un taux de 1,8% des emplois , "historiquement élevé". Actuellement, un million d'offres d'emploi sont affichées sur le site de Pôle emploi. Cet été, il y a eu 10% d'offres supplémentaires par rapport à 2019, selon l'opérateur.

Néanmoins Pôle emploi relativise "ce million à un instant T" où il est difficile de repérer "les offres suspendues pendant le Covid" et parce qu' il y a aussi, "dans ce million, des offres d'apprentissage, d'intérim ou de CDD courts" .

"Tout le monde recrute en même temps"

Pour l'économiste Éric Heyer (OFCE), on confond "difficultés" et "impossibilité" de recrutement, jugeant "normal que quand tout le monde recrute en même temps, ce soit plus difficile qu'il y a six mois. C'est plus long, mais au final 95% des offres de Pôle emploi sont pourvues . Dans les faits, les entreprises n'ont jamais autant recruté".

"Si les entreprises n'arrivaient pas à recruter, elles demanderaient à leurs salariés de travailler plus longtemps,plus de productivité, ou augmenteraient les salaires. Or on ne constate rien de cela pour l'instant", dit-il à l' AFP . "Même si les 300.000 offres étaient pourvues miraculeusement d'un coup, on n'aurait réglé que 10% du problème" des 3,6 millions d'inscrits sans activité à Pôle emploi, note-t-il.

Benoît Serre, vice-président de l'ANDRH, invite à se méfier du discours consistant à dire : "On ne comprend pas pourquoi les gens ne prennent pas les boulots disponibles".

Sur le plan conjoncturel, "il y a probablement une part de gens qui ne candidatent pas sur des postes dans des conditions de travail, de rémunération ou de contraintes qui leur paraissent excessifs ", ayant "révisé leur balance contraintes/rémunérations" avec le Covid.

"Pénurie de compétence"

Il y a aussi une pénurie liée aux compétences. "On paye cash l'inadaptation relative de nos systèmes de formation initiale ou continue", dit Benoît Serre.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, met en avant "un problème de formation, d'attractivité" : "l'attractivité, c'est quoi? C'est le salaire, les conditions de travail, l'organisation et le rythme de travail, la reconnaissance".

Et de prévenir que "si les branches concernées ne vont pas là-dessus, on se met le doigt dans l'œil si on pense qu'on s'en sortira en mettant la pression sur les demandeurs d'emplois".

La ministre du Travail, Élisabeth Borne, a souhaité cette semaine "que certaines branches réfléchissent à l'attractivité des emplois qu'elles proposent", citant le cas d'un cuisinier ayant redécouvert la vie de famille avec le confinement et n'ayant plus envie de travailler au Smic tous les soirs.

10 commentaires

  • 10 septembre 16:53

    Un taux de chômage à 4% ? En fait sur la base de quelles statistiques ? L'INSEE (référence de l'Etat) donne environ 8% de chômeurs et Pôle Emploi (celui qui indemnise) donne environ 19%. Le premier ne prend en compte seulement les catégories A et le second les demandeurs d'emploi inscrits sur sa liste en comptabilisant la métropole et l'Outre-mer, qu'ils soient indemnisés ou non. Pour l'état il est plus avantageux de se référer aux chiffres de l'INSEE.


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