Funérailles d'une victime d'un bombardement israélien à Maaysra, sur le Mont Liban, le 14 octobre 2024 ( AFP / ANWAR AMRO )
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé lundi qu'Israël continuerait "à frapper sans pitié le Hezbollah" au Liban, au lendemain de l'attaque la plus meurtrière du mouvement pro-iranien sur le sol israélien en près d'un mois d'escalade militaire.
Une attaque de drone menée par le mouvement islamiste libanais dimanche sur une base militaire à Binyamina, dans le nord d'Israël, a tué quatre soldats et a fait plus de 60 blessés selon les secouristes.
"Je tiens à être clair: nous continuerons à frapper sans pitié le Hezbollah dans toutes les parties du Liban, y compris à Beyrouth", a déclaré M. Netanyahu lors d'une visite sur cette base.
Lundi, une frappe israélienne a fait 21 morts, selon le ministère libanais de la Santé, dans le village chrétien d'Aïto, dans le nord du Liban.
C'est la première fois que ce village est visé par les récents bombardements israéliens, dirigés pour la plupart contre les régions où le Hezbollah chiite est le plus implanté, dans le sud et l'est du Liban ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.
Selon un photographe de l'AFP, l'immeuble visé, situé à l'entrée du village, a été rasé.
Après des mois d'affrontements frontaliers entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas palestinien, l'armée israélienne a intensifié ses raids aériens sur le Liban le 23 septembre puis y a lancé des opérations terrestres le 30.
- Une "réponse forte" -
Le Hezbollah a affirmé lundi avoir mené des frappes sur Israël, dont avec une "salve de roquettes" sur la ville de Safed (nord), en riposte aux bombardements israéliens sur le Liban.
Le mouvement islamiste a également annoncé avoir visé une base navale israélienne près de Haïfa, la grande ville du nord, puis une caserne près de Netanya, une localité côtière au nord de Tel-Aviv, faisant état de "violents combats" à Aita al-Chaab, un village frontalier dans le sud du Liban.
Un homme marche devant les décombres d'un bâtiment détruit par une frappe israélienne dans le village de Zeita, au sud de Beyrouth, le 14 octobre 2024, sur fond de guerre entre le Hezbollah libanais et Israël ( AFP / MAHMOUD ZAYYAT )
L'armée israélienne a dit avoir intercepté dans le centre d'Israël des projectiles tirés depuis le Liban.
Les sirènes ont retenti dans le centre d'Israël, notamment à Tel-Aviv, le coeur économique du pays.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré lundi avoir informé les Etats-Unis qu'Israël apporterait une "réponse forte" au Hezbollah après l'attaque de Binyamina.
"La nuit dernière a été folle. Il y a eu un énorme boum", a raconté à l'AFP Yousef, le gérant d'un restaurant dans le village de Kfar Kara, près de la base. "Et soudain, les ambulances ont commencé à passer, d'abord une, puis deux, puis trois et de plus en plus", a-t-il poursuivi.
Des secours évacuent un corps sorti des décombres d'un bâtiment visé par une frappe israélienne dans le village de Aïto, dans le nord du Liban, le 14 octobre 2024, sur fond de guerre entre le Hezbollah et l'armée israélienne ( AFP / Fathi AL-MASRI )
Après avoir affaibli le Hamas dans la bande de Gaza, Israël a déplacé à la mi-septembre le front de la guerre au Liban, disant vouloir permettre le retour dans le nord du pays de 60.000 habitants déplacés par les violences frontalières.
Au moins 1.315 personnes ont été tuées à travers le Liban depuis le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP établi à partir de chiffres officiels. L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés depuis cette date.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé lundi à la protection du système de santé du Liban, en faisant état de frappes israéliennes ayant touché du personnel médical.
- Pas de retrait de la Finul -
Alors que les tensions entre Israël et la force de paix de l'ONU (Finul), déployée dans le sud du Liban, se multiplient et que cinq de ses soldats ont été blessés par l'armée israélienne, Benjamin Netanyahu a appelé dimanche le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à mettre les Casques bleus "à l'abri immédiatement".
Le Premier ministre a répété lundi que le Hezbollah utilisait "les installations et les positions de la Finul comme couverture afin de mener ses attaques" contre Israël.
Des véhicules de la Finul en patrouille à Marjeyoun, dans le sud du Liban, le 11 octobre 2024 ( AFP / - )
"Il a été décidé que la Finul conserverait toutes ses positions en dépit des appels lancés par l'armée israélienne", a déclaré lundi le chef des Casques bleus, Jean-Pierre Lacroix. Cette décision a été approuvée lundi par Antonio Guterres, a-t-il ajouté.
La Finul, qui compte plus de 9.500 membres, est déployée dans le sud du Liban pour faire tampon avec Israël. Elle a dénoncé des "violations choquantes" d'Israël contre ses positions, faisant état notamment d'une entrée "en force" dimanche de deux chars israéliens dans l'une d'entre elles. L'armée israélienne a dit qu'un de ses chars avait percuté un poste de la Finul alors qu'il évacuait des soldats blessés.
Photo fournie par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) montrant un feu dans l'enceinte de l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa, à Deir al-Balah, dans le centre de l bande de Gaza après une frappe israélienne, le 14 octobre 2024, sur fond de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas ( United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees (UNRWA) / - )
Le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé lundi ses "fortes inquiétudes", rappelant que "plusieurs positions de la Finul ont essuyé des tirs ces derniers jours. Plusieurs Casques bleus ont été blessés".
La guerre au Liban et celle de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, se doublent d'une escalade entre l'Iran et Israël, qui menace de riposter à une attaque iranienne de missiles le 1er octobre.
Les Etats-Unis ont annoncé dimanche le déploiement en Israël d'un système de défense antimissiles à haute altitude, en soutien à leur allié.
Dans la bande de Gaza assiégée, la Défense civile a annoncé qu'une frappe aérienne sur la ville de Deir al-Balah (centre) a fait quatre morts dans l'enceinte de l'hôpital des Martyrs d'al-Aqsa, qui abrite des déplacés.
Des enfants palestiniens reçoivent des gouttes lors d'une campagne de vaccination anti-polio à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 14 octobre 2024, sur fond de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas ( AFP / Eyad BABA )
L'armée israélienne a dit avoir mené une frappe sur un "centre de commandement" de combattants palestiniens, installé "dans un complexe qui servait auparavant d'hôpital".
Malgré les frappes, une nouvelle campagne de vaccination contre la polio a été lancée lundi dans le centre du territoire, plongé dans une catastrophe humanitaire.
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.
Au moins 42.289 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l'offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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