
L'ancien président brésilien Jair Bolsonaro parle aux médias médias après avoir été équipé d'un bracelet électronique, le 18 juillet 2025 à Brasilia ( AFP / EVARISTO SA )
Luiz Inacio Lula da Silva a qualifié samedi d'"arbitraires" les sanctions américaines contre les juges du procès pour tentative de coup d'Etat de l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, soutenu par Donald Trump qui a lancé une guerre commerciale contre le Brésil.
Jugé pour tentative de coup d'Etat contre l'actuel président de gauche Lula, Jair Bolsonaro, âgé de 70 ans et qui a dirigé le Brésil de 2019 à 2022, s'est vu contraint vendredi de porter un bracelet électronique et interdit de recourir aux réseaux sociaux.
Le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a justifié ces mesures en lui reprochant d'inciter, avec son fils Eduardo, à des "actes hostiles" des Etats-Unis contre le Brésil et de tenter de faire "obstruction" au procès en cours, dont il a la charge.
En réaction, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a annoncé la révocation des visas pour les Etats-Unis de M. de Moraes, de l'ensemble des juges qui siègent au procès et de leurs parents proches.
Ces sanctions sont une "mesure arbitraire et complètement infondée des Etats-Unis", a dénoncé samedi le président Lula dans un communiqué de la présidence.
"L'interférence d'un pays dans le système judiciaire d'un autre est inacceptable et porte atteinte aux principes fondamentaux de respect et de souveraineté entre les nations", a-t-il ajouté.
Jair Bolsonaro a été surpris vendredi matin par une perquisition de la police à son domicile à Brasilia, puis conduit au secrétariat de la Justice de la capitale.
A la sortie, il a dénoncé devant une foule de journalistes une "suprême humiliation" après l'imposition du bracelet électronique.
Egalement interdit de contact avec ambassades et autorités étrangères et forcé de rester chez lui soir et week-end, il a nié tout projet de fuite.
A quelques semaines de la fin attendue de son procès, cette fracassante décision judiciaire intervient en pleine crise diplomatique et commerciale entre le Brésil et les Etats-Unis.
Tonnant contre une supposée "chasse aux sorcières", le président américain Donald Trump, 79 ans, a menacé la semaine dernière le Brésil de droits de douane supplémentaires de 50% à partir du 1er août.
Lula, 79 ans, a défendu la "souveraineté" du plus grand pays d'Amérique latine et menacé de "réciprocité". Dans un discours jeudi soir à la télévision nationale, il a réprouvé un "chantage inacceptable", tout en plaidant de nouveau pour la négociation.
Il a aussi qualifié de "traîtres à la patrie" "certains politiciens brésiliens" qui soutiennent les menaces américaines.
- "Otage" -
Dans un communiqué publié par les médias brésiliens, la défense de Jair Bolsonaro a estimé que les "graves mesures" judiciaires prises à son encontre avaient "été imposées en raison d'actes commis par d'autres".
M. Bolsonaro est ciblé cette fois pour ses liens avec la Maison Blanche et la mouvance trumpiste, dont la cheville ouvrière est son fils Eduardo.
Ce dernier vit actuellement aux Etats-Unis, où il plaide auprès des autorités américaines pour des sanctions contre la justice brésilienne.
C'est à ce titre qu'il fait, comme son père, l'objet d'une enquête spécifique au Brésil, pour des soupçons d'obstruction au procès pour tentative de coup d'Etat.

Le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes, le 10 juin 2025 à Brasilia ( AFP / EVARISTO SA )
Sur le réseau social X, Eduardo Bolsonaro a accusé Alexandre de Moraes de prendre son père en "otage" en représailles aux "actions légitimes du gouvernement des Etats-Unis".
Les deux hommes "incitent, encouragent et aident un gouvernement étranger à mener des actes hostiles contre le Brésil" et "tentent ostensiblement de soumettre le fonctionnement de la Cour suprême aux Etats-Unis d'Amérique", estime le juge Moraes.
M. Bolsonaro a en outre "reconnu avoir aidé financièrement" son fils en lui transférant quelque 360.000 dollars aux Etats-Unis, selon le magistrat, ce qui attesterait d'une "convergence d'objectifs".
Il voit dans son procès une "persécution" et risque plus de 40 ans de prison. Le parquet a demandé mardi sa condamnation et celle de sept de ses collaborateurs de l'époque pour avoir essayé d'assurer leur "maintien autoritaire au pouvoir".
M. Bolsonaro est en outre inéligible jusqu'en 2030 pour désinformation sur le système de vote électronique utilisé pour le scrutin de 2022.
Plaidant pour une large amnistie, il espère faire annuler son inéligibilité pour concourir à la présidentielle de 2026.
Déjà au pouvoir de 2003 à 2010, Lula a redit vendredi sa volonté de briguer un quatrième mandat.
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