Les négociations sur l'assurance chômage électrisées par les "Gilets jaunes"
information fournie par Reuters05/12/2018 à 17:40

LES NÉGOCIATIONS SUR L'ASSURANCE CHÔMAGE ÉLECTRISÉES PAR LES "GILETS JAUNES"
PARIS (Reuters) - Les syndicats ont reproché mercredi au patronat de "mettre le feu aux poudres" dans la négociation sur l'assurance chômage en proposant des mesures qui amoindriraient les droits des demandeurs d'emploi, en pleine crise des "Gilets jaunes".
Les huit organisations syndicales et patronales représentatives du privé se rencontraient pour une nouvelle séance de négociation sur la convention qui doit aboutir à des économies de 1 à 1,3 milliard d'euros par an pendant trois ans.
Dans ce cadre, le patronat a proposé une série de mesures touchant aux règles d'indemnisation: revoir les seuils d'accès, redéfinir la formule de calcul du montant versé ou encore moduler la durée des versements.
Pour avoir droit à l'indemnisation, il est ainsi proposé que le demandeur d'emploi ait travaillé quatre mois dans les douze derniers plutôt que dans les 28 derniers. La durée d'allocation serait également calculée en fonction du travail effectué dans les 24 derniers mois et non plus 28. Ces mesures permettraient de réaliser 360 millions d'euros, selon le patronat.
La deuxième proposition est de verser une allocation identique chaque mois, équivalente à 30 jours d'indemnisation. Les allocations des jours manquants seraient reportées en fin de droits. Cette mesure permettrait, en régime de croisière d'économiser, "un peu moins de 400 millions d'euros d'économie".
Le patronat propose également de moduler les indemnités en fonction de "l'intensité de travail". Les personnes qui cumulent donc courtes périodes de chômage et emploi verraient leurs indemnités étalées sur une plus longue période, façon d'éviter que la situation ne perdure. Cette mesure rapporterait entre 800 et 900 millions d'économies au régime.
Il propose par ailleurs de revoir la formule de calcul des indemnisations pour introduire une forme de dégressivité des allocations pour les hauts salaires.
REJET DES SYNDICATS
Pour le négociateur de la CGT, Denis Gravouil, ces propositions sont "totalement irresponsables au regard de la situation sociale dans le pays, des revendications des Gilets jaunes" et des "travailleurs précaires" de "vivre dignement".
Pour le négociateur de la CFDT, Eric Courpotin, et Michel Beaugas de FO, "c'était maladroit" de la part du patronat.
Pour la CFDT, le patronat a fait "le choix de tout mettre sur la table", ce qui a "l’avantage d’être très clair".
"J'espère qu’ils vont entendre qu’il y a des lignes rouges et que l’heure est à la responsabilisation", a déclaré la secrétaire générale adjointe Marylise Léon. "Il serait temps que [les entreprises] s'engagent dans des solutions qui pourraient permettre de sortir de la crise".
Pour la négociatrice, "il y a une nécessité encore plus urgente que le gouvernement s’engage dans les contrats courts", un rappel au bonus-malus qu'Emmanuel Macron a promis de mettre en place lors de sa campagne électorale afin de pénaliser les entreprises abusant des contrats de courte durée.
Le négociateur du Medef, Hubert Mongon, explique qu'une négociation "n'est jamais hors sol". Mais les pistes de solution proposées doivent répondre au "maintien d’un dispositif assurantiel" ainsi qu'à la "trajectoire financière" telle que l'a définie le gouvernement.
Ce projet doit aussi "faire en sorte que l’on puisse sauvegarder dans toute la mesure du possible les droits des allocataires et préserver le niveau de contribution de l’entreprise", dit-il.
Les syndicats ne rejettent pas tous d'emblée les propositions patronales. Pour la CFDT, par exemple, le seuil d'entrée pour obtenir les indemnisations (soit avoir travaillé quatre mois dans les 28 derniers mois) peut être révisé.
(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)

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