Le Premier ministre islandais et chef du parti de l'indépendance, Bjarni Benediktsson, dépose son bulletin de vote lors des élections législatives à Reykjavik, le 30 novembre 2024 ( AFP / Halldor KOLBEINS )
Préoccupés majoritairement par l'économie et le pouvoir d'achat, les Islandais ont voté samedi lors d'élections législatives anticipées après l'éclatement en octobre de l'alliance gauche-droite.
Face à une inflation persistante et à des taux d'intérêt élevés, le pouvoir d'achat, le logement et les soins de santé sont les principaux centres de préoccupation des 268.000 électeurs, selon les sondages.
Les bureaux de vote ont fermé à 22H00 (locales et GMT) et le comptage a immédiatement commencé. Les prévisions météorologiques annonçant de fortes chutes de neige et des vents violents faisaient craindre que certains Islandais de l'est et du nord de l'île ne puissent aller voter.
Le Premier ministre, Bjarni Benediktsson, a voté en milieu de matinée dans un bureau installé dans le centre sportif de Myrin, dans la banlieue de Reykjavik.
Il avait annoncé mi-octobre la démission du gouvernement composé de son parti de l'Indépendance (conservateur), du mouvement Gauche-Verts et du parti du Progrès (centre droit), à la suite des divisions de la coalition sur de multiples sujets, de la politique étrangère aux demandeurs d'asile en passant par la politique énergétique.
Les désaccords sur les migrants et les demandeurs d'asile ont eu raison de cette alliance. "Il est préférable que le gouvernement ait une vision commune", a reconnu le Premier ministre démissionnaire.
- "Equilibre" -
Bien qu'à l'origine de la chute du gouvernement, l'immigration n'est pas un sujet central pour la plupart des électeurs, dans un pays où un habitant sur cinq est né à l'étranger.
"Elle occupe une place prépondérante dans le débat public entre politiques, mais elle ne semble pas être une question que les gens placent en tête de leur liste de préoccupations", relève auprès de l'AFP Eirikur Bergmann, professeur de politique à l'université de Bifrost.
Selon un sondage Gallup publié au début du mois de novembre, seules 32% des personnes interrogées ont cité l'immigration parmi leurs cinq questions les plus importantes et 18% ont inclus les questions d'asile.
A contrario, les soins de santé, les questions économiques et le logement constituent une préoccupation majeure pour respectivement 69%, 62% et 61% des personnes interrogées.
En Islande, depuis la crise financière de 2008 qui a frappé de plein fouet les banques islandaises surendettées, peu de partis sortent indemnes de leur passage au pouvoir.
De gauche à droite: le Premier ministre islandais et chef du parti de l'indépendance Bjarni Benediktsson, le chef du parti du peuple islandais Inga Saeland et le chef du parti progressiste islandais Sigurour Ingi Johannsson lors d'un débat télévisé à Reykjavik, le 29 novembre 2024 ( AFP / Halldor KOLBEINS )
"Au cours des 15 dernières années, les électeurs islandais ont été extrêmement critiques à l'égard de leurs gouvernements et ont voté contre le gouvernement lors de toutes les élections, sauf une", rappelle Olafur Hardarson, professeur de sciences politiques à l'université d'Islande.
L'exception est Katrin Jakobsdottir, du Mouvement Gauche-Verts, maintenue en poste après les législatives de 2021 grâce à sa gestion de l'épidémie de Covid-19, selon l'expert.
Pour Lena Brynjardottir, qui à 18 ans vote pour la première fois, l'enjeu principal est le logement.
"Mais je veux aussi prendre en compte les questions financières, les droits humains et l'immigration", dit-elle à l'AFP à Reykjavik. "Le plus important pour moi dans ces élections est (de trouver) l'équilibre".
Interrogé par l'AFP la veille du scrutin à Reykjavik, Grimar Jonsson, producteur de film de 48 ans, avait dit ressentir "le besoin d'un changement" et l'envie de "se débarrasser des partis politiques démodés".
Les Islandais ont aussi été marqués cette année par les éruptions volcaniques dans la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest du pays.
La région, qui n'avait pas connu d'éruption en huit siècles avant mars 2021, en a vécu sept depuis 12 mois. Elles ont entraîné de nombreuses évacuations du village de pêcheurs de Grindavik.
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