Le chef de l'exécutif de Hong Kong, John Lee, vote lors des élections au Conseil législatif à Hong Kong, le 7 décembre 2025 ( AFP / Peter PARKS )
Les Hongkongais se sont rendus en nombre restreint aux urnes dimanche pour élire leurs parlementaires selon les nouvelles règles imposées par Pékin, les efforts du gouvernement en vue d'encourager la participation ayant été éclipsés par l'incendie très meurtrier d'un complexe résidentiel.
Les autorités chinoises ont réformé le système électoral de Hong Kong en 2021 afin de garantir que seuls les "patriotes" puissent occuper des fonctions publiques et ont considérablement réduit le nombre des sièges - actuellement 20 sur 90 - pourvus au suffrage direct au Conseil législatif.
Et ce à la suite des vastes manifestations en faveur de la démocratie, parfois violentes, qui ont secoué cette ex-colonie britannique rétrocédée près d'un quart de siècle plus tôt à la Chine, dont elle est aujourd'hui un territoire à statut spécial.
Le premier scrutin qui y avait été organisé cette même année en application de ces nouvelles règles avait été marqué par un taux de participation historiquement bas de 30%.
Dimanche, celui-ci a été, d'après les chiffres officiels publiés par le bureau électoral, à peine plus élevé avec 31,9%.
Environ 1,3 million des 4,1 millions d'électeurs inscrits ont voté, selon les chiffres publiés en ligne tôt lundi matin.
La campagne électorale avait été interrompue fin novembre peu après qu'un incendie avait ravagé des tours d'habitation de Wang Fuk Court, dans le nord de Hong Kong, faisant au moins 159 morts.
- Après la catastrophe -
Une femme, Mme Poon, dont le logement a été détruit par les flammes, a estimé auprès de l'AFP que cette tragédie devait faire l'objet d'une enquête approfondie, qu'il fallait punir "les responsables" et que les prochains parlementaires devraient surveiller l'action du gouvernement.
"Certaines voix de groupes de l'opposition, si tant est qu'ils aiment leur pays et Hong Kong, devraient avoir la possibilité de s'exprimer" au sujet de cet incendie survenu le 26 novembre, a quant à elle lancé Kitty Lau, une sexagénaire qui a assisté de son domicile au sinistre.
"Votre vote est un vote qui fait avancer les réformes et protège les personnes touchées par la catastrophe", a dit devant la presse le chef de l'exécutif local, John Lee, après avoir voté, exhortant la population à l'imiter.
Vue, le 3 décembre 2025, des tours du complexe résidentiel Wang Fuk Court de Hong Kong, dont l'incendie le 26 novembre a fait au moins 159 morts ( AFP / Philip FONG )
Jacky Lam, un enseignant de 56 ans, considère quant à lui que la priorité absolue du gouvernement devrait être de trouver des solutions de relogement adéquates et que les parlementaires "devraient rencontrer régulièrement les habitants pour recueillir leur opinion".
L'exécutif évoquera les mesures d'aide et de reconstruction au cours de la première séance du nouveau Conseil législatif, a à cet égard fait valoir John Lee.
Il avait déjà annoncé la création d'une "commission indépendante" présidée par un juge chargée d'enquêter sur l'incendie qui a ravagé sept immeubles en train d'être rénovés.
- Arrestations -
L'organisme chargé de la lutte contre la corruption à Hong Kong a pour sa part dit avoir arrêté dimanche quatre personnes pour en avoir incité d'autres à ne pas voter ou à déposer des bulletins nuls, portant à 11 le nombre total des arrestations pour ces mêmes motifs.
La police a quant à elle interpellé au moins 15 employés de différentes entreprises de BTP dans le cadre de son enquête sur le 26 novembre et, semble-t-il, au moins trois personnes soupçonnées de "sédition".
Elle a en outre fait état samedi de l'arrestation d'un homme de 71 ans pour "entrave à une enquête de sécurité nationale", une première à Hong Kong.
Des personnes se recueillent le 2 décembre 2025 à Hong Kong devant un complexe résidentiel dont l'incendie a fait au moins 159 morts le 26 novembre ( AFP / Philip FONG )
L'agence de sécurité nationale chinoise dans ce territoire (OSNS) a convoqué samedi des représentants des médias internationaux, dont l'AFP, leur reprochant d'avoir diffusé de fausses informations dans leurs reportages sur la couverture de l'incendie.
Avant 2021, des élections législatives avaient été marquées par de violents affrontements entre les partisans de Pékin et ceux de la démocratie, ces derniers ayant souvent remporté environ 60% des suffrages.
Mais le gouvernement chinois avait imposé en 2020 une loi de sécurité nationale draconienne, étouffant la dissidence, après que Hong Kong eut été secoué l'année d'avant par des manifestations de grande ampleur.
Depuis, certains députés militant pour la démocratie ont été emprisonnés, d'autres ont démissionné ou ont fui Hong Kong.
Dimanche, les autorités avaient élargi la plage horaire d'ouverture des bureaux de vote (07H30-23H30) et les trains devaient circuler plus tard dans ce territoire recouvert depuis des semaines d'affiches de campagne.
Ce scrutin se déroulait à nouveau sans les deux principaux partis pro-démocratie : le Parti civique, dissous en 2023, et le Parti démocrate, en déclin.

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