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Le silence de Suède, remède à la pollution sonore?
information fournie par AFP 14/11/2025 à 10:23

La cabane du projet "Silent Cabin", à Hoor, en Suède, le 28 octobre 2025 ( AFP / Camille BAS-WOHLERT )

La cabane du projet "Silent Cabin", à Hoor, en Suède, le 28 octobre 2025 ( AFP / Camille BAS-WOHLERT )

Quatre jours dans une cabane dans les bois, sans téléphone et sans un bruit: trois couples ont relevé le défi proposé par un office du tourisme suédois pour alerter sur les dangers de la pollution sonore et prôner les bienfaits du silence scandinave.

Le projet est parti d'un constat: pour les touristes, l'attractivité de la Suède réside dans son calme.

"Lorsqu'ils choisissent de voyager en Suède, quelles sont leurs motivations? Détente, calme et relaxation, mais aussi les expériences en pleine nature", énumère Josefine Nordgren, l'une des responsables du projet "Silent Cabin" pour Visit Skåne (Visitez la Scanie), qui promeut le tourisme dans la région la plus méridionale de la Suède.

"Rien qu'en Allemagne, la pollution sonore est dix fois plus importante qu'en Suède", note-t-elle.

Le bruit est, après la pollution de l'air, le facteur environnemental le plus nocif pour la santé des Européens, selon l'Agence européenne de l'environnement (AEE).

A l'automne, alors que le soleil commençait à se faire rare, Visit Skåne a invité successivement trois couples dans une maisonnette blanche et verte au bout d'une route sinueuse, à condition que leur conversation ne dépasse jamais 45 décibels.

Pour s'assurer que tous jouaient le jeu, un sonomètre a été installé à l'intérieur, caché en haut d'un placard.

L'appareil était relié au système interne des organisateurs et si les voix s'élevaient trop longtemps - le volume d'une conversation normale est d'environ 60 décibels -, c'était l'éviction.

La cabane du projet "Silent Cabin", à Hoor, en Suède, le 31 octobre 2025 ( AFP / Camille BAS-WOHLERT )

La cabane du projet "Silent Cabin", à Hoor, en Suède, le 31 octobre 2025 ( AFP / Camille BAS-WOHLERT )

La preuve du sérieux de la démarche pour les invités, des urbains forcément charmés par le cabanon douillet - un grand lit, une petite table et un poêle, la cuisine et la salle de bains étant situés dans un bâtiment un peu plus loin - et son environnement bucolique, entre grands arbres et petit ruisseau.

"Je pense que c'est très important qu'il y ait eu un appareil de mesure, pour prendre (le défi) au sérieux", dit à l'AFP Lise Holm, une Allemande de 26 ans, venue de Tübigen avec sa soeur aînée, Johanna.

- "Une nouvelle personne" -

Quatre jours durant, ces pipelettes autoproclamées à l'enthousiasme contagieux ont mimé ou murmuré, une gageure réussie avec brio.

"Je suis une nouvelle personne maintenant", confie Lise.

Pendant plus de 72 heures, les soeurs se sont promenées, ont médité, peint, fait des feux en forêt, sans un mot ou presque.

"Nous avons entendu des bruits qu'on n'entend pas au quotidien quand tout est si bruyant, rapide et empressé", remarque Johanna.

Pour Josefine Nordgren, la démarche permet de préserver le calme des lieux et par ricochet d'améliorer la santé des visiteurs.

"Si on reste silencieux et calme, en dessous de 45 décibels, cela influence le corps et l'esprit positivement", promet-elle.

Lise Holm est convaincue.

"Mon niveau d'énergie a beaucoup changé", constate-t-elle. "Je sens simplement ce profond bonheur et ce profond niveau d'énergie, ce sentiment que je peux changer le monde".

Au sein de l'Union européenne, un habitant sur cinq est exposé à du bruit dont le niveau est néfaste pour sa santé, selon l'AEE.

Vivre dans une zone affectée par le bruit des transports est associé à un risque accru de développer un large éventail de problèmes de santé, notamment des maladies cardiovasculaires et mentales.

Et si s'échapper à la campagne est tentant, cela ne résout pas le problème de la pollution sonore.

"Ca peut être une solution individuelle, mais ce n'est pas une bonne solution collective", juge Eulalia Peris, experte de l'agence de l'environnement.

"Si tout le monde déménage, disons, dans les zones calmes de la campagne, mais continue d'avoir besoin de se rendre en ville, ils peuvent bénéficier du calme de la campagne mais ils produisent du bruit en prenant peut-être la voiture".

Pour l'analyste, "le problème du bruit ne va pas être résolu par une unique solution".

Elle préconise des réductions des bruits à la source, telles que l'abaissement des limitations de vitesse ou des restrictions sur le bruit des moteurs, l'instauration de zones tampons et la promotion des modes de transports actifs comme la marche ou le vélo.

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