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Le prince héritier d'Abou Dhabi visé par une plainte en France
information fournie par Reuters21/11/2018 à 13:23

LE PRINCE HÉRITIER D'ABOU DHABI VISÉ PAR UNE PLAINTE EN FRANCE

LE PRINCE HÉRITIER D'ABOU DHABI VISÉ PAR UNE PLAINTE EN FRANCE

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Une organisation humanitaire a déposé mercredi à Paris une plainte avec constitution de parties civiles pour complicité de torture, traitements inhumains et crimes de guerre à l'encontre du prince héritier d'Abou Dhabi, Mohamed bin Zayed al-Nahyan, en visite en France, a annoncé l'avocat français de cette ONG.

Selon Me Joseph Breham, avocat de l'Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés (AIDL), des Yéménites sont associés à cette plainte et également parties civiles.

Proche du prince héritier saoudien, Mohamed ben Salman, Mohamed bin Zayed al-Nahyan, 57 ans, est le régent de fait des Emirats arabes unis. Il est aussi le commandant suprême des forces armées émiraties, engagées aux côtés de Ryad dans la guerre contre les rebelles houthis du Yémen soutenus par l'Iran.

"C'est en cette qualité qu'il ordonne les bombardements", souligne la plainte consultée par Reuters.

Selon un groupe d'experts de l'ONU cité par la plainte, des attaques de la coalition au Yémen pourraient avoir été menées "en violation des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution" et constituer des "crimes de guerre".

Est notamment visé le bombardement le 8 octobre 2016 d'un immeuble de Sanaa où se tenaient les funérailles du père d'un ministre houthi. Bilan, au moins 137 civils tués et 695 blessés.

Le même groupe d'experts fait état de tortures et autres traitements dégradants dans des centres contrôlés par les Emirats arabes unis au Yémen, comme ceux de Riyan et Bureika.

Ni l'entourage du prince héritier d'Abou Dhabi, ni le service de presse du gouvernement émirati, sollicités par Reuters, n'ont réagi pour le moment à ces informations.

METTRE FIN À L'IMPUNITÉ

Saoudiens et Emiratis ont pris la tête en mars 2015 d'une coalition contre les rebelles Houthis, qui tiennent la capitale yéménite, Sanaa, depuis quatre ans. Le conflit a fait plus de 10.000 morts et plongé le Yémen au bord de la famine.

Arabie saoudite et Emirats arabes unis sont d'importants clients de l'industrie d'armement de la France.

S'il est aujourd'hui peu probable que Mohamed bin Zayed al-Nahyan comparaisse devant un juge français, cette plainte a trois objectifs, a expliqué à Reuters Me Joseph Breham.

Elle vise à "faire prendre conscience aux autorités françaises qu'on ne peut pas s'allier avec n'importe qui et que, sous prétexte de business, on ne peut pas tout accepter".

A plus long terme, elle vise à dire à "tous les dictateurs et massacreurs de la planète" : "Attention, quand vous venez en France, les juridictions françaises peuvent juger ce que vous avez fait et ce n'est pas parce que vous massacrez à 10.000 km d'ici que vous aurez l'impunité", a ajouté Me Breham.

Enfin, plaignants et avocat espèrent que l'enquête susceptible d'être ouverte à la suite de leur plainte permettra d'établir d'autres responsabilités que celle du prince héritier.

"Donc ce n'est pas seulement une plainte symbolique, c'est aussi une plainte qui devrait permettre d'en savoir plus", fait valoir Me Joseph Breham.

"MBZ" REÇU PAR MACRON ET PHILIPPE

Il en va de même pour la plainte avec constitution de parties civiles qu'il a déposée pour le compte de l'organisation humanitaire yéménite "Legal Center for Rights and Development" (LCRD) contre Mohamed ben Salman, pour complicité de torture et de traitements inhumains, ajoute l'avocat.

Là aussi, elle avait été déposée à l'occasion d'une visite en France du prince héritier saoudien.

Mohamed ben Salman est soupçonné d'avoir commandité l'assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi à Istanbul le 2 octobre, ce qui renforce la pression sur Paris.

Le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, recevait mercredi à déjeuner Mohamed bin Zayed al-Nahyan, qui devait dîner avec le Premier ministre Edouard Philippe.

L'AIDL, la Fédération internationale des droits de l'Homme et la Ligue des droits de l'Homme, l'Observatoire des armements, Action contre la faim, Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, Care et Première urgence internationale ont exhorté dans un appel commun Emmanuel Macron à "peser de tout son poids" sur son visiteur pour mettre un terme au conflit du Yémen.

Ces organisations humanitaires, pour lesquelles Mohamed bin Zayed al-Nahyan "porte une lourde responsabilité dans la poursuite de cette guerre", demandent à Paris de suspendre les ventes d'armes aux parties en conflit, dont les Emirats arabes unis. Requête partagée par l'ONG Human Rights Watch.

(Edité par Yves Clarisse)

3 commentaires

  • 21 novembre17:10

    Une plainte en France pour des faits à l'étranger commis contre des étrangers. Un tribunal qui se respecte devrait condamner le demandeur pour outrage au tribunal. Mais souvent cela leur donne l'occasion de briller aux diners en ville.


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