Abondamment commentée par les médias et le discours médical, la ménopause est régulièrement décrite comme un long cauchemar que toutes les femmes vont devoir vivre. Dans La Fabrique de la ménopause (CNRS Éditions), Cécile Charlap, docteure en sociologie et enseignante à l'université de Lille, démonte les ressorts d'une construction apparue au XIXe siècle qui réduit les femmes au biologique et à la reproduction.Le Point : À quelle époque le terme « ménopause » apparaît-il ?Cécile Charlap : En 1816, sous la plume du médecin français Charles de Gardanne. Auparavant, on parle peu de la cessation des règles, les écrits médicaux s'intéressent plus aux grossesses et aux accouchements. Les représentations associées à l'arrêt des menstrues s'intègrent alors dans la théorie des humeurs, au nombre de quatre : le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire. Pour être en bonne santé, ces humeurs devaient être équilibrées. Ce n'est qu'à partir du XIXe siècle que se développe l'intérêt pour la ménopause, qui va de pair avec celui de la santé des femmes, dont le corps commence à être considéré comme un cas particulier par rapport à celui des hommes, un héritage des Lumières. Le XVIIIe voit en effet le développement des sciences naturelles et de la catégorisation des êtres, et donc des sexes. Les menstruations, qui jusque-là n'étaient pas envisagées comme une marque distinctive d'un sexe, deviennent une caractéristique...
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