A gauche, le président russe Vladimir Poutine, le 12 novembre 2025 au Kremlin, à Moscou; à droite, l'émissaire américain Steve Witkoff, le 6 mars 2025 à la Maison Blanche, à Washington ( POOL / Alexander Zemlianichenko )
Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff ont débuté mardi soir à Moscou des pourparlers sur le plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, peu après des propos menaçants du président russe à l'encontre des Européens.
Une délégation de Kiev pourrait rencontrer mercredi Steve Witkoff et le gendre du président américain, Jared Kushner, en Europe après leurs pourparlers à Moscou, selon une source ukrainienne à l'AFP. L'Ukraine guette avec attention les résultats de cet entretien, le président Volodymyr Zelensky ayant plaidé mardi pour une fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats.
Selon des images de la télévision russe, M. Poutine était flanqué de son conseiller diplomatique Iouri Ouchakov et de son émissaire pour les questions économiques internationales, Kirill Dmitriev. M. Witkoff était, lui, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner.
Le président russe, qui a lancé une offensive à grande échelle contre son voisin ukrainien en février 2022, a tenu juste avant la rencontre des déclarations martiales.
"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a lancé M. Poutine aux journalistes, en marge d'un forum économique.
Il a accusé les Européens de vouloir "empêcher" les efforts américains visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Ils n'ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre", a-t-il ajouté.
Des propos qui tranchent avec ceux du chef de l'Otan, Mark Rutte, qui s'est dit peu avant convaincu que les efforts américains en Ukraine "finiront par rétablir la paix en Europe". La veille, Washington s'est déclaré "très optimiste" sur son plan présenté il y a deux semaines.
- "Ajustements" -
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a accusé la Russie d'utiliser les pourparlers actuels pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou.
Il a appelé à la fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats, lors d'un déplacement en Irlande.
Les Etats-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les premières sanctions d'importance prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir.
Les Européens espèrent que l'administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l'Ukraine, considérée comme un rempart face à la Russie.
Selon une conversation téléphonique révélée fin novembre par Bloomberg, Steve Witkoff a donné des conseils à Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du président russe, sur la manière d'introduire auprès du président américain un plan de règlement du conflit en Ukraine.
Le président ukrainien a affirmé lundi s'attendre à présent "à une discussion avec le président des Etats-Unis sur des questions clés", après que le négociateur ukrainien Roustem Oumerov a fait état de "progrès significatifs" sur le projet de plan américain, bien que des "ajustements" soient encore nécessaires.
Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP, émanation de l'American Enterprise Institute), deux thinks tanks américains spécialisés dans l'étude des conflits.
- Semaine "cruciale" pour Kiev -
En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.
La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, un nœud logistique clé pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l'Ukraine a affirmé mardi que les combats à Pokrovsk se poursuivaient.
En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine que durant le mois précédent, soit un total de 5.660 missiles et drones longue portée (+2%).
En interne, le président ukrainien est affaibli par un vaste scandale de corruption qui a contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi.
Photo prise par le service de presse de la 24e brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes, le 28 novembre 2025 et publiée le 1er décembre 2025, montre des bâtiments résidentiels détruits dans la ville de Kostiantynivka, dans la région de Donetsk ( 24th Mechanized Brigade of Ukrainian Armed Forces / OLEG PETRASIUK )
La semaine s'annonce "cruciale" pour l'Ukraine, a estimé la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.
Les Etats-Unis ont présenté il y a dix jours un premier projet en 28 points jugé très favorable à Moscou, rédigé sans les alliés européens de Kiev et censé mettre fin au conflit déclenché par l'offensive russe contre l'Ukraine en février 2022.
Washington a ensuite amendé ce projet avec les Ukrainiens, qui ont de leur côté consulté leurs alliés européens, et le texte a été encore retravaillé dimanche en Floride.

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