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Gilets jaunes: Comparutions à la chaîne au tribunal de Paris
information fournie par Reuters 03/12/2018 à 21:34

GILETS JAUNES: COMPARUTIONS À LA CHAÎNE AU TRIBUNAL DE PARIS

GILETS JAUNES: COMPARUTIONS À LA CHAÎNE AU TRIBUNAL DE PARIS

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Les cinq salles d'audience du tribunal de Paris dédiés aux comparutions immédiates n'ont pas désempli de tout l'après-midi, lundi, avec l'audition à la chaîne de manifestants arrêtés samedi lors des violents rassemblements de "Gilets jaunes".

Les premières condamnations sont tombées : des peines de trois à huit mois de prison avec sursis, parfois assorties d'une interdiction temporaire de venir à Paris. Mais aussi quelques peines de plusieurs mois de prison ferme, dont certaines non aménageables, donc avec maintien en détention.

A la 23e chambre correctionnelle, Stéphane N., boucher des Hautes-Alpes, 45 ans, stature imposante, cocard à l'oeil droit, a ainsi écopé de quatre mois de prison ferme mais sans maintien en détention, c'est-à-dire aménageables.

Dès le début de la manifestation de samedi, il s'était mis en tête de haranguer les forces de l'ordre : "J'aurais aimé que les CRS (...) se mettent du côté du peuple", a-t-il expliqué.

Puis, les CRS restant de marbre, il a tenté de forcer le barrage en les chargeant : "Je voulais juste montrer à Macron que le peuple est plus fort que les CRS."

La procureure rappellera que cet homme divorcé et surendetté, travaillant pour 1.200 euros par mois dans des abattoirs, était vraisemblablement sous l'emprise de l'alcool.

Arrêté en possession d'un couteau, il a également expliqué au tribunal qu'il avait toujours son "Opinel" avec lui pour couper son saucisson ou son fromage.

Mickaël B., 30 ans, originaire du sud-est de la France, sans domicile fixe et sans profession, vivant chez des copains, aura moins de chance : il a été condamné à six mois de prison dont trois avec sursis mais le tribunal a décidé de le maintenir en prison. Il avait été arrêté la veille de la manifestation lors d'un contrôle dans le métro avec une fronde, des billes de plomb et tout un attirail de protection dans son sac.

AFFLUX EXCEPTIONNEL

Bien qu'il n'ait guère le profil d'un activiste des "black blocks", les enquêteurs ont découvert qu'il avait posté sur la page Facebook de cette nébuleuse d'ultra-gauche un message : "Je suis déterminé, mes amis aussi."

Au total, 412 personnes ont été interpellées samedi à Paris, dont 378 ont été placées en garde à vue. Parmi ces dernières, 139 ont déjà été déférées au parquet de Paris.

Selon une source judiciaire, 57 comparutions immédiates étaient prévues pour le seul après-midi de lundi.

Pour faire face à cet afflux, le nombre d'audiences en comparution immédiate a été porté de trois à cinq lundi et de deux à quatre mardi. Mais dans nombre de cas, le temps et les effectifs ont manqué pour faire les enquêtes de personnalité.

Les premiers prévenus à défiler, au rythme d'un toutes les 15 ou 20 minutes, devant la 23e chambre, tous des hommes venus de province et âgés de 21 à 45 ans, n'ont pas a priori le profil du casseur professionnel.

Mais la jeune procureure, que l'on dirait juste sortie de l'école de la magistrature, fait valoir qu'il est étrange de retrouver sur des manifestants censés être pacifiques pétards potentiellement dangereux, couteaux, coups de poing américain, frondes avec leurs munitions et protections en tout genre, du masque à gaz au casque de ski ou de vélo.

La plupart sont accusés de participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes et de dégradations de biens. Parfois aussi de port d'arme, de rébellion, violence contre personnes dépositaires de l'autorité publique ou destruction et dégradations de biens.

Certains ont déjà un casier - conduite sous emprise de stupéfiant, violence, vol, voire trafic de drogue - mais la plupart n'ont pas d'antécédents judiciaires.

"OÙ SONT LES CASSEURS ?"

C'est ainsi la première fois que Bruno C. et Maxime B. se retrouvent derrière la paroi de verre du box des prévenus.

Ces deux conducteurs de poids lourds de Seine-et-Marne et de la Marne, sans problème particulier de logement, en CDI avec un salaire de 1.500 à 2.000 euros pour l'un, 4.000 pour le second, demandent le report de leur procès pour préparer leur défense.

L'un des avocats commis d'office accuse les forces de l'ordre d'avoir opéré des coups de filet "à l'aveugle". "Ce ne sont pas des profils que vous avez l'habitude de voir en comparution immédiate", déclare-t-il au président de la cour.

Il y a là notamment, dit-il, un équarisseur de Moselle, un ouvrier métallurgiste et un marin-pêcheur de Normandie, un menuisier du Val-d'Oise. "Où sont les casseurs ?", lance-t-il.

Les vrais casseurs viendront plus tard - 111 gardes à vue ont été prolongées pour permettre un supplément d'investigation.

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a promis dimanche "une réponse pénale extrêmement ferme" aux débordements de samedi. Selon le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, les peines théoriquement encourues pour les infractions retenues vont de trois ans à sept ans d'emprisonnement.

Les heurts de samedi ont fait 133 blessés dont 23 parmi les forces de l'ordre, selon le ministère de l'Intérieur.

Selon le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, 249 feux ont été recensés par les pompiers, dont 112 de véhicules, environ 130 incendies de mobilier urbain ou de barricades et six bâtiments incendiés, dont une banque.

Rémy Heitz a fait état d'un profil très varié parmi les personnes interpellées : "Nous avons beaucoup d'hommes majeurs déjà d'un certain âge, de 30 à 40 ans, venant souvent de province, souvent insérés socialement, venus pour en découdre avec les forces de l'ordre et se livrer à des actes de violence tout en se revendiquant du mouvement des 'Gilets jaunes'."

Les personnes interpellées en seconde partie de journée étaient souvent plus jeunes, venues de région parisienne et "plutôt motivées par une délinquance d'opportunité" dans la perspective de "profiter des pillages", a-t-il ajouté.

Trois jeunes de 21-22 ans de Bondy (Seine-Saint-Denis), arrêtés dans la nuit de samedi à dimanche lors d'un contrôle sur le périphérique, en possession de six pièces d'or dérobées au musée de l'Arc de Triomphe, étaient ainsi jugés lundi.

Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nuñez, a pour sa part dit à RTL que des éléments d'ultra-droite et d'ultra-gauche avaient participé aux désordres "en nombre assez minoritaire".

(Avec Simon Carraud, édité par Elizabeth Pineau)

28 commentaires

  • 04 décembre 06:48

    Il suffit de voir la mentalité que certains ont adopté, je manifeste pour mon pouvoir d'achat, en saccageant celui de mon voisin qui pourtant est victime comme moi, ça fait des décennies que ça dure et les syndicats ont donné l'exemple. Vous croyez qu'à l'occasion d'une révolution les gens vont se faire des bisous ? Quand vous voyez que pour un simple match de foot nous devons mettre autant de policiers que de supporters, sinon c'est la guerre...!!!


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