Le président français Emmanuel Macron pendant son discours de clôture du 19e Sommet de la Francophonie à Paris le 5 octobre 2024 ( POOL / Ludovic MARIN )
"Si on appelle à un cessez-le-feu, la cohérence c'est de ne pas fournir les armes de la guerre". Emmanuel Macron a demandé samedi d'arrêter les livraisons à Israël d'armes servant à Gaza, suscitant la colère du Premier ministre israélien à deux jours de l'anniversaire des attaques du 7 octobre.
Les échanges ont rapidement pris des allures de crise entre les deux pays. A tel point que l'Elysée a publié dans la soirée une mise au point assurant que la France "est l'amie indéfectible d'Israël" et déplorant les mots "excessifs" de Benjamin Netanyahu.
"Honte", s'était emporté le dirigeant israélien à l'adresse du président français et des autres Occidentaux appelant à des embargos d'armes contre son pays.
Emmanuel Macron a évoqué une première fois la question des armes lors d'un entretien à la radio France Inter, enregistré lundi et diffusé samedi. "Je pense qu'aujourd'hui, la priorité, c'est qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza".
"La France n'en livre pas", a-t-il aussitôt précisé, visant directement les Etats-Unis à un mois de l'élection américaine.
"Je pense que ceux qui (les) fournissent ne peuvent pas chaque jour appeler à nos côtés au cessez-le-feu et continuer de les approvisionner", a-t-il ensuite martelé lors d'une conférence de presse, en clôture d'un sommet de la Francophonie à Paris.
Presque au même moment, l'armée israélienne déclarait ses forces en alerte à l'approche de l'anniversaire du 7 octobre, par crainte d'attentats.
"Alors que Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l'Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d'Israël", a aussi affirmé Benjamin Netanyahu.
Israël commémore lundi l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur son territoire, qui a provoqué la sidération dans le pays et déclenché la guerre dans la bande de Gaza, laquelle s'est depuis étendue au Liban voisin contre le Hezbollah.
Le bilan de cette attaque s'élève à 1.205 morts, en majorité des civils, tués par balles, brûlés vifs ou mutilés selon un décompte de l'AFP. Un an plus tard, 97 otages sont toujours retenus en captivité, dont 33 déclarés morts.
En représailles, Israël a lancé une opération militaire qui a fait jusqu'ici au moins 41.825 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Le président français a aussi critiqué les opérations israéliennes au sol au Liban, outre les bombardements ciblés contre le Hezbollah, allié de l'Iran et soutien du Hamas, tout en réaffirmant le droit de l'Etat hébreu à la sécurité.
- "Une faute" -
"Je regrette que le Premier ministre Netanyahu ait fait un autre choix (que le cessez-le-feu proposé par Paris et Washington, ndlr), ait pris cette responsabilité, en particulier d'opérations terrestres sur le sol libanais", a-t-il déclaré.
Insistant sur la "cohérence" de la position française, il a aussi réitéré la "solidarité (de Paris) avec la sécurité d'Israël".
Dans sa mise au point, la présidence française a rappelé que la France avait "mobilisé ses moyens militaires" pour aider à l'interception de missiles iraniens tirés contre Israël lors de l'attaque massive menée en début de semaine.
Le chef de l'Etat a aussi annoncé qu'il recevrait lundi à l'Elysée les familles d'otages franco-israéliens détenus à Gaza.
Quatre mois après l'attaque du Hamas, il avait déjà rendu hommage le 7 janvier aux victimes françaises - au moins 43 - de ce qu'il a qualifié de "plus grand massacre antisémite de notre siècle", lors d'une cérémonie aux Invalides.
A la tribune de l'ONU, le 25 septembre, le président français avait renvoyé dos à dos Israël et le Hezbollah en leur demandant de cesser leurs hostilités au Liban.
Le Hezbollah, qui a engagé les hostilités à la frontière avec Israël dès le début de l'offensive à Gaza, prend "depuis trop longtemps le risque insoutenable d'entraîner le Liban dans la guerre", avait-il martelé.
A Gaza, Benjamin Netanyahu commet "une faute, y compris pour la sécurité d'Israël demain", a renchéri le chef de l'Etat sur France Inter, mettant en garde contre "un ressentiment qui est en train de naître, une haine qui est nourrie par cela".
La communauté internationale redoute un embrasement régional alors que l'Iran a tiré près de 200 missiles mardi vers Israël, disant riposter à l'assassinat des leaders du Hezbollah Hassan Nasrallah et du Hamas Ismaïl Haniyeh.
Israël "prépare une réponse", a indiqué à l'AFP un responsable militaire israélien sous couvert d'anonymat.
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