Gaz naturel liquéfié : les méthaniers vont déferler sur l'Europe en avril, la France prépare son scénario sans Russie

information fournie par Boursorama avec Media Services •07/04/2022 à 12:28

Le patron d'Engie a dressé les perspectives des éventuelles sanctions à venir sur les importations de gaz russe, dont les conséquences sur l'économie européenne seraient multiples. Parmi les effets: le boom du GNL américain, dont la France était déjà le premier importateur en mars.

(illustration) ( AFP / LOIC VENANCE )

L'Union européenne examine un cinquième ensemble de sanctions qui, pour la première fois, comporte des mesures dans le secteur de l'énergie avec un embargo sur les achats de charbon à la Russie. La gaz n'est toutefois à ce stade pas concerné. L'Allemagne en particulier, très dépendante de ses importations venues de Russie, s'y oppose fermement. L'enjeu est de pouvoir reconstituer les stocks de gaz, remplis à environ 20% actuellement en France, pour l'hiver prochain.

Un cinquième terminal de GNL sur les rails

"Je pense que d'ici probablement à la semaine prochaine, nous serons de manière durable dans une situation dans laquelle nous préparons le prochain hiver en faisant entrer du gaz dans nos stockages", en fonction de la météo, a anticipé Jean-Pierre Clamadieu, président d'Engie, jeudi 7 avril. A court terme, le patron du géant gazier français a indiqué que les méthaniers vont affluer sur le continent. "Au mois d'avril nous aurons des arrivées record de bateaux en Europe" transportant du gaz naturel liquéfié (GNL), a-t-il prédit.

Part des importations de gaz naturel russe dans les importations totales par pays de l'UE en 2020, en % ( AFP / )

Selon une note d'analyse de S&P Global, l'Hexagone a été au mois de mars 2022 la première destination mondiale du GNL américain. Au cours du mois dernier, 16 cargos de GNL en provenance des Etats-Unis ont ainsi livré le pays, soit deux fois plus qu'au mois de février. A moyen terme, l'Etat prévoit d'installer un nouveau terminal d'importation de gaz naturel liquéfié dans le port du Havre, selon Les Echos . La France est actuellement dotée de quatre terminaux terrestres d'importation de GNL, deux à Fos-sur-mer, un à Dunkerque, un autre à Montoir-de-Bretagne.

Jean-Pierre Clamadieu a également évoqué "l'impact massif" qu'aurait un embargo sur les importations de gaz russe. "Aujourd'hui ce qu'il faut peser, c'est bien sûr toutes les raisons morales, politiques, qui pousseraient vers de nouvelles sanctions vis-à-vis de la Russie et puis l'impact massif qu'aurait sur l'économie européenne un arrêt des importations de gaz russe", a-t-il dit sur Radio Classique. "Si les importations de gaz russe cessaient, nous serions probablement capables d'en remplacer à peu près la moitié mais le reste, à très court terme, devrait être réalisé, obtenu, compensé par une réduction des consommations et particulièrement dans les secteurs industriels", a indiqué le président du géant français de l'énergie. "L'impact sur l'économie européenne, pas dans les prochains mois mais lors de l'hiver prochain, serait très significatif" , a t-il insisté