RENNES, 19 septembre (Reuters) - Des peines allant de deux
mois à un an et demi de prison ferme ont été prononcées vendredi
à l'encontre de cinq militants du mouvement anti-écotaxe des
"Bonnets rouges" jugés en début de semaine pour association de
malfaiteurs, dégradation et destruction de biens publics.
Trois de ces militants écopent de trois ans d'emprisonnement
dont dix-huit mois avec sursis, des peines qui vont au-delà des
réquisitions du parquet qui avait réclamé trois ans de prison
dont deux avec sursis pour quatre des onze prévenus.
Un quatrième prévenu a été condamné à deux ans
d'emprisonnement dont un an avec sursis et un cinquième à six
mois dont quatre avec sursis.
Il était notamment reproché aux prévenus d'avoir détruit un
portique écotaxe à Pontorson (Manche) fin 2013, d'avoir préparé
des actions violentes, comme la destruction d'une antenne de
téléphonie mobile, et des violences à l'égard des forces de
l'ordre lors des manifestations organisées par le mouvement.
Le tribunal correctionnel de Rennes a également prononcé des
peines d'un an à six mois de prison avec sursis contre six
autres prévenus qui ont comparu devant le tribunal pour des
faits similaires mais avec de moindres degrés d'implication.
La dangerosité et les risques provoqués par la destruction
du portique écotaxe de Pontorson, effectuée clandestinement, est
un des éléments majeurs mis en avant par le tribunal pour
motiver les peines de prison ferme.
"Les décisions du tribunal sont compréhensibles
politiquement mais pas acceptables juridiquement car elles ne
reflètent pas les actes qui ont été commis", a déclaré Me Arnaud
Delomel, l'un des avocats des prévenus qui ont dix jours pour
faire appel.
"DÉRIVE VIOLENTE ET CLANDESTINE"
Dans son réquisitoire, le procureur Arnaud Marie avait
fustigé mercredi "la dérive violente et clandestine" d'individus
ayant "une représentation fantasmée du combat politique".
"Il y a eu des débordements, des actions clandestines qui
portaient en germe des risques majeurs pour la vie de nos
concitoyens, des risques de blessures graves", a t-il déclaré
devant le tribunal, soulignant chez les prévenus "une
indifférence aux enjeux et aux conséquences de leurs actes".
Le procureur a également relevé les différents "moyens
matériels" retrouvés chez certains prévenus, tels des cocktails
molotov, des bonbonnes d'acide, des boucliers ou encore des
barres de fer, comme preuves tangibles d'une volonté d'actions
violentes lors des manifestations des Bonnets rouges.
Agés de 21 à 47 ans, boucher, infirmier, pêcheur, chômeur ou
étudiant, les prévenus ont mis en avant des motivations
diverses, certains se réclamant de mouvements indépendantistes
bretons, d'autres évoquant seulement un "ras-le-bol fiscal".
L'un des porte-paroles des Bonnets rouges, Jean-Pierre Le
Mat, est venu mardi témoigner à la barre pour soutenir les
prévenus et justifier l'usage de la violence.
"Les Bonnets rouges ne s'interdisent pas la violence.
Faut-il interdire la violence quand le territoire est en danger?
Les portiques écotaxe représentaient l'injustice et la lourdeur
fiscale comme une Bastille à faire tomber", a t-il déclaré.
(Pierre-Henri Allain, édité par Yves Clarisse)
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