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France: Difficile mise en route de la réforme de la formation professionnelle
information fournie par Reuters 12/06/2019 à 14:50

FRANCE: DIFFICILE MISE EN ROUTE DE LA RÉFORME DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

FRANCE: DIFFICILE MISE EN ROUTE DE LA RÉFORME DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

par Caroline Pailliez

PARIS (Reuters) - Près d'un actif sur quatre ignore ce qu'est le compte professionnel de formation (CPF), outil central de la réforme de 2018, et près de la moitié estiment ne pas savoir vers qui se tourner pour orienter leur carrière, selon l'Observatoire des trajectoires professionnelles publié mercredi.

Les résultats de cette étude, réalisée par Adecco, IGS et Altedia, témoignent de la difficile mise en oeuvre de la réforme de la formation professionnelle, qui devait faciliter l'accès à la formation pour tous les actifs et les préparer aux changements de métiers.

La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, martèle depuis deux ans que la moitié des emplois seront transformés dans les 10 ans qui viennent en raison de l'évolution des technologies, que 10 à 20% d'emplois seront crées et autant disparaîtront.

Or, près de 80% des actifs estiment que les nouvelles technologies ne vont pas affecter leur activité professionnelle ou bien vont l'affecter à la marge. Ces personnes proviennent principalement des catégories socio-professionnelles les moins qualifiées, qui seront pourtant les plus touchées.

La réforme devait simplifier les dispositifs de formation existants pour les rendre plus accessibles. Il s'agissait notamment de monétiser le CPF pour que chaque actif dispose de 500 euros par année pour se former, ou encore de donner davantage de moyens aux conseils en évolution professionnelle (CEP) pour qu'ils accompagnent les actifs.

Si le CPF connaît une évolution positive - 31% des actifs disent avoir ouvert un compte en ligne cette année contre 20% l'année précédente - 7,2% ont bénéficié d'une formation par cet outil depuis le début de son fonctionnement. Seules 6,7% des personnes interrogées disent par ailleurs connaître le CEP.

LA FORMATION ACCESSIBLE EN UN CLIC

Le directeur du cabinet de la ministre du Travail, Antoine Foucher, explique qu'il est encore tôt pour juger de la performance de la réforme. Les CEP doivent être opérationnels à partir de janvier 2020. Et le CPF sera accessible au travers d'une application en novembre.

"On rendra la formation facile d'accès au plus grand nombre en quelques clics", a-t-il dit mardi lors de la présentation du sondage. "Je fais le pari de dire que les résultats seront bien différents l'année prochaine."

La Fédération de la formation professionnelle (FFP) met cependant en garde contre une répétition de "l'échec de 2015", date de la précédente réforme du secteur. Elle craint une faible participation des entreprises moyennes (de 50 à 300 salariés) à la formation de leurs salariés.

Ces dernières ne peuvent plus puiser dans les fonds mutualisés pour financer leurs plans de formation. Elles doivent utiliser leurs fonds propres ou obtenir le consentement du salarié - après un accord d'entreprise ou de branche - pour utiliser une partie de son CPF, en échange d'un abondement du compte.

"C'est l'angle mort de la réforme", a déclaré mardi Claire Pascal, de la FFP, lors d'une conférence de presse. "Il n'y a rien de prévu pour inciter à la formation des salariés."

La FFP propose de pouvoir amortir les dépenses de formation pour les favoriser, comme c'est le cas avec l'investissement, une idée soutenue par la CFDT. Elle propose également d'instaurer un "label compétences" pour récompenser les entreprises qui investissent dans la formation.

"SAUT DANS LE VIDE"

Les syndicats avaient mis en garde contre la suppression de la mutualisation des fonds pour les entreprises moyennes.

"Ces entreprises n'ont pas toujours les ressources financières ou humaines. On craint que l'investissement sur fonds propre ne suffise pas", a dit à Reuters Philippe Debruyne, secrétaire confédérale de la CFDT, qui qualifie cette décision de "saut dans le vide".

Sans "co-construction" du plan de formation, c'est-à-dire, sans accord qui autorise l'employeur à puiser dans le CPF, il n'est pas dit que le salarié se saisisse de son compte car il ne peut être utilisé qu'en dehors des heures de travail.

Pour l'instant, aucun accord de branche ou d'entreprise sur ce sujet n'est remonté au ministère du Travail.

Pour l'expert en formation de la CFTC, Maxime Dumont, "il y a une inquiétude légitime, mais elle peut se résoudre par une concertation annuelle dans les entreprises".

La négociatrice de la réforme pour le Medef en 2018, Florence Poivey, estime qu'il faut faire le pari du co-investissement entreprise/salarié car c'est une formule qui bénéficie autant à l'un qu'à l'autre.

Il ne faudrait pas, en revanche selon elle, "donner obligation aux entreprises d'abonder les CPF de leur salarié", car ce serait "contraire à l'esprit de liberté et de responsabilité" porté par la loi.

(Edité par Yves Clarisse)

2 commentaires

  • 12 juin 15:59

    Il faut continuer à donner autant A ce qui ne travaillent pas qu'à ceux qui travaillent et vous n'aurez pas de problème de formation


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