Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Des centaines d'épargnants privés d'économies après la faillite d'une start-up lilloise
information fournie par Boursorama avec Media Services10/09/2021 à 13:38

L'entreprise proposait des rendements alléchants, mais le régulateur et les associations de consommateurs soulignent que de tels taux d'intérêt sont techniquement impossibles.

(illustration) ( AFP / SAUL LOEB )

(illustration) ( AFP / SAUL LOEB )

À sa création en 2018, la start-up lilloise de service de paiement 100% en ligne, Swoon, proposait à ses clients une épargne avantageuse, à 3% d'intérêts, qu'elle appelait livret d'épargne, surfant sur l'imaginaire de sécurité garantie par le livret A. Trois ans plus tard, l'entreprise est en liquidation et quelque 300 épargnants ignorent ce que sont devenues leurs économies, malgré les promesses de remboursement du fondateur de la start-up.

Pour offrir un tel rendement, bien supérieur au 0,5% du livret A, Swoon s'appuyait sur le crowdlending, qui consiste à mettre en relation des épargnants avec des entreprises boudées par les banques traditionnelles pour se financer. La société leur accordait des prêts à 5%.

Aujourd'hui, Swoon est en liquidation judiciaire et a disparu de la circulation : fermeture du site internet, de l'application mobile et des comptes sur les réseaux sociaux. Les clients n'ont plus que des adresses mails pour contacter la société. Et beaucoup de demandes de remboursements sont restées en suspens.

"On parle d'années d'économies, d'une vie d'économies en fait", regrette Marc, dont le prénom a été modifié. "Ça fait très mal quand vous prenez ça en pleine tête". Sur 80.000 euros placés, il en a récupéré 17.500 , en 18 virements. Un processus qui ne lui inspire guère confiance.

Un rendement "impossible"

Interrogée par l'AFP, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le régulateur du secteur financier, considère qu' il est "impossible" actuellement "pour une vraie banque de proposer des livrets d'épargne garantis et sans risque avec une rémunération de 3% ou plus pour un tel produit" .

"Le terme 'livret' n'est pas encadré juridiquement et n'a pas une définition économique précise", défend auprès de l'AFP Maître Riglaire, avocat du fondateur de la société Quentin Haddouche.

S'il s'est d'abord montré prudent en limitant son investissement, Marc a rapidement cédé aux promesses de gains. "Plus je voyais les intérêts et plus ça m'incitait à placer de l'argent", raconte-t-il. "Pour moi, c'était du sûr et du garanti à 100%."

Charles (le prénom a été modifié), 40 ans, a de son côté placé 10.000 euros, en plusieurs fois. Mais depuis plus d'un an, le quadragénaire remarquait un allongement des délais de retrait, passés de quelques jours à plusieurs mois. Il y a trois mois, il a besoin de 5.000 euros pour financer son mariage. Le virement, demandé le 6 juin, n'a toujours pas été effectué. Il crée alors, en juillet, le compte Twitter "Don't get Swoon", où il documente quotidiennement l'avancée de l'affaire. Il échange avec d'autres membres et quatre d'entre eux décident de porter plainte en septembre . "À nous quatre, on représente plus de 50.000 euros", indique-t-il.

Promesses de remboursement

Maître Riglaire veut rassurer sur la volonté de son client "de rembourser absolument tout le monde". "Dès que ces fonds seront débloqués, bien évidemment ils seront répercutés aux investisseurs comme cela leur a été dit, comme cela leur a été écrit", assure-t-il.

Mais il faut donc attendre que les entreprises remboursent le capital prêté par Swoon. M'avocat estime à environ 300 personnes le nombre de clients restant à rembourser, avec des montants moyens de 10.000 euros. Le délai de remboursement ? Quentin Haddouche, qui s'est exprimé auprès de MoneyVox mercredi, préfère ne pas s'avancer : "Pas 10 ans, mais pas 10 jours non plus."

L'association UFC-Que choisir a révélé dans une étude en 2017 que les placements des plateformes de prêts aux entreprises n'offriraient au consommateur qu'un rendement de 0,33%, en raison du faible nombre de prêts ayant été remboursés intégralement.

L'ACPR recommande de se montrer "particulièrement vigilant face aux sites , aux annonces publicitaires, aux offres sur les réseaux sociaux et aux personnes qui proposent un livret sans risque à des conditions financières beaucoup plus attractives que celles des établissements de crédit".

Lionel Maugain, chef de la rubrique Argent du magazine 60 Millions de consommateurs , rappelle les bases: "n'investissez pas dans des offres que vous ne comprenez pas, méfiez-vous des rendements trop alléchants, vérifiez que la société existe dans les registres officiels et renseignez-vous en ligne sur les forums de consommateurs".

15 commentaires

  • 10 septembre17:51

    Comment peut-on prêter à 5% à des entreprises pas solides ? La prime de risques est bien trop faible.


Signaler le commentaire

Fermer