( AFP / DANIEL SLIM )
"Pour alléger la charge pesant sur les finances publiques, des hausses temporaires d'impôts sur les bénéfices excédentaires pourraient être envisagées", remarque ce rapport du FMI publié lundi 18 avril.
Un rapport publié lundi 18 avril alarmant. Les dettes accumulées par les particuliers et les entreprises pendant la pandémie pourraient ralentir la croissance du Produit intérieur brut des pays développés de 0,9%, et des pays émergents de 1,3%, au cours des trois prochaines années, selon le FMI.
Pour soutenir l'économie, les gouvernements ont adopté des mesures exceptionnelles début 2020, notamment en accordant des prêts à grande échelle ou en suspendant le remboursement des dettes. Mais ces aides ont aussi augmenté le niveau d'endettement de certains acteurs, en particulier dans les secteurs les plus touchés comme le tourisme et la restauration, ou des ménages aux plus bas revenus.
"Les ménages aux prises avec des contraintes financières et les entreprises vulnérables, dont le nombre et la proportion ont augmenté pendant la pandémie de Covid-19, vont probablement réduire davantage leurs dépenses, en particulier dans les pays où l'encadrement des faillites est inefficace et les marges de manoeuvre budgétaires limitées", explique le FMI. Pour éviter d'aggraver les problèmes, les gouvernements doivent "calibrer le rythme de leur assainissement budgétaire", recommande l'organisation internationale.
"Là où la reprise est bien engagée et où les comptes financiers sont sains, le soutien budgétaire peut être réduit plus rapidement, ce qui facilite le travail des banques centrales", avance le rapport. Ailleurs, les gouvernements peuvent envisager des mesures ciblées. En aidant par exemple les secteurs où les faillites sont les plus nombreuses, ou en accordant des incitations aux restructurations plutôt qu'aux liquidations.
"Pour alléger la charge pesant sur les finances publiques, des hausses temporaires d'impôts sur les bénéfices excédentaires pourraient être envisagées", remarque le rapport. "Cela aiderait à récupérer une partie des transferts aux entreprises qui n'en avaient pas besoin."
Le retour de la croissance réduit un peu le poids de la dette française et du déficit en 2021
En France, le rebond de la croissance a permis d'amorcer un recul du ratio de dette française, ramenée à 112,9% du PIB en 2021, et le déficit public s'est un peu résorbé à 6,5%, mais ces niveaux restent élevés, conséquence des dépenses engagées face à la crise sanitaire. En 2020, la dette s'était envolée à 114,6% et le déficit s'était creusé à 8,9%, des niveaux records, selon des chiffres révisés publiés fin mars par l'Institut national de la statistique (Insee).
Si les comptes publics ont un peu meilleure mine en 2021, c'est essentiellement dû à la reprise économique de 7% enregistrée l'an dernier, après la récession historique de 8% subie en 2020 et la politique du "quoi qu'il en coûte" menée par le gouvernement. Celle-ci s'est poursuivie une bonne partie de l'année dernière, avant que le déploiement de la vaccination et la levée des restrictions sanitaires ne permettent au gouvernement de réduire progressivement ses soutiens aux entreprises et aux ménages.
Le ministre des Comptes Publics Olivier Dussopt a salué une "bonne nouvelle", estimant que ces chiffres "confirment l'efficacité du plan d'urgence et du plan de relance". A l'automne dernier, le gouvernement était moins optimiste puisqu'il tablait sur un déficit public de 8,4% et une dette de 114% pour 2021.
Mais la reprise économique, l'amélioration sur le front de l'emploi et les aides européennes pour financer le plan de relance ont permis à l'Etat et aux organismes de sécurité sociale d'engranger davantage de recettes qu'escompté : elles s'affichent en hausse de 8,4% en 2021 (+101,8 milliards d'euros), après un plongeon de 4,8% en 2020. Les dépenses des administrations publiques (Etat, collectivités et Sécurité sociale) ont elles encore bondi de 4% en 2021 (+57,1 milliards d'euros), tirées par le maintien des soutiens d'urgence face à la crise sanitaire, en particulier le fonds de solidarité, qui a coûté plus de 23,3 milliards d'euros à l'Etat après 16,3 milliards en 2020, et les revalorisations salariales à l'hôpital, détaille l'Insee.
Les dépenses représentaient ainsi 59,2% du PIB en 2021, encore "au-delà de leur niveau d'avant crise", note l'Institut national de la statistique.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer