LONDRES, 27 juin (Reuters) - Le chef du Parti travailliste,
Jeremy Corbyn, a déploré dimanche soir la démission d'une
douzaine de membres de son "cabinet fantôme" après le vote des
Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne, tout
en assurant n'avoir aucune intention de démissionner de son
poste.
Douze dirigeants du Labour ont retiré leur soutien à Corbyn
en critiquant son manque d'engagement dans la campagne
référendaire et en disant douter de sa capacité à mener le
Labour à la victoire lors des prochaines élections législatives.
Jeremy Corbyn a écarté l'un d'entre eux, Hilary Benn, son
ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement "fantôme"
(shadow cabinet), tandis que les onze autres ont démissionné.
"Je regrette ces démissions de mon cabinet fantôme. Mais je
ne vais pas trahir la confiance de ceux qui ont voté pour moi,
ou les millions de supporters qui, dans tout le pays, ont besoin
que le Labour les représente", a-t-il réagi dans un communiqué.
"Ceux qui veulent changer la direction du Labour devront en
passer par une élection démocratique, à laquelle je serai
candidat", a-t-il ajouté.
D'après The Observer, Hilary Benn a précisément été limogé
parce qu'il préparait un coup de force contre le chef du Parti
travailliste.
Hilary Benn, rapporte le journal, aurait appelé des députés
travaillistes au cours du week-end pour leur dire qu'il
demanderait à Jeremy Corbyn de démissionner s'il y avait un
mouvement suffisamment important contre lui. "Il a également
demandé à ses collègues du gouvernement fantôme de démissionner
avec lui si jamais Jeremy Corbyn rejetait cette requête",
poursuit l'Observer.
QUESTION DE CONFIANCE
Sa mise à l'écart a été suivie par l'annonce de la démission
de Heidi Alexander, la responsable des questions de santé au
sein du Parti travailliste. Dans un courrier adressé au leader
travailliste, elle explique que la Grande-Bretagne a besoin
d'une opposition crédible après le référendum sur le Brexit et
juge que Corbyn n'est pas en mesure de répondre à cette
nécessité.
"Autant, je vous respecte en tant qu'homme de principes,
autant je ne crois pas que vous ayez la capacité de formuler les
réponses que demande notre pays et je crois que si nous devons
former le prochain gouvernement, un changement de direction est
essentiel", écrit-elle dans sa lettre postée sur Twitter.
Selon elle, "un bon nombre" de parlementaires travaillistes
n'ont plus confiance en Jeremy Corbyn. "Les conversations que
j'ai avec mes collègues me confirment que nous traversons une
période difficile", a dit Heidi Alexander sur la chaîne ITV. "Je
sais que beaucoup de mes collègues se posent les mêmes questions
que je me suis posées ce matin."
Etayant cette analyse, Gloria de Piero, qui est chargée de
la politique en faveur de la jeunesse au sein du parti, a elle
aussi présenté sa démission, venant accentuer la crise qui mine
les travaillistes. De Piero a adressé un courrier à Corbyn
expliquant qu'elle ne pensait pas qu'il était en mesure de
donner au Labour la victoire électorale dont il a besoin.
Elle n'a pas été la seule à démissionner: Lucy Powell, qui
était chargée des questions d'éducation, et Ian Murray ont
annoncé qu'ils ne soutenaient plus Corbyn et démissionnaient du
"cabinet fantôme".
D'autres ont suivi au fur et à mesure de la journée, Chris
Bryant, Kerry McCarthy, Vernon Coaker, Charles Falconer, Lilian
Greenwood, Karl Turner et Seema Malhotra, qui était chargée des
Finances au sein du cabinet fantôme.
Face à ces tensions, John McDonnell, file du leader et
responsable de la politique économique, avait appelé dans la
journée à l'unité du parti.
"Je sais combien les gens sont déçus après la défaite au
référendum mais l'heure est pour nous de rester unis", a dit
McDonnell à la BBC.
Plusieurs membres du Parti travailliste fustigeaient depuis
vendredi l'attitude de Jeremy Corbyn, élu l'année dernière à la
tête du Labour, auquel ils reprochent de n'avoir pas réussi à
convaincre l'électorat du nord de l'Angleterre de voter en
faveur d'un maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union
européenne.
Quelques heures après que le résultat du référendum sur
l'avenir de la Grande-Bretagne dans l'UE a donné le camp de la
sortie vainqueur à 52% contre 48%, deux députées travaillistes
ont déposé une motion de défiance à l'encontre de Jeremy Corbyn.
ID:nL8N19G51O
(Nick Macfie, Conor Humphries et William James; Benoit Van
Overstraeten, Pierre Sérisier, Eric Faye et Tangi Salaün pour le
service français)
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