Il est seul, sur un rond-point de Karachi, au milieu des voitures, en ce 11 janvier. Pantalon gris, tee-shirt rayé et blouson de cuir, l'homme brandit une pancarte blanche : "#Charlie Hebdo. Je suis juif". Fishel Benkhal est une aberration dans cette République islamique rongée par le fondamentalisme. Il est le seul Pakistanais à soutenir publiquement le journal satirique français décimé, lui, le seul Pakistanais de confession juive.
Deux soirs durant, Fishel s'est tenu là, sur ce rond-point, espérant mobiliser ses concitoyens pour sa manifestation du 11 janvier. Il a lancé un appel sur les réseaux sociaux, sollicité ses 3 295 abonnés sur Twitter. En vain. "Je vis dans un pays où un dessin du Prophète condamne à mort au titre de la loi du blasphème. L'émotion internationale provoquée par l'attentat est une occasion de relancer le débat sur cette loi", insiste Fishel.
La loi du blasphème date de l'époque coloniale et ne sert plus qu'aux règlements de comptes : il suffit d'accuser un rival de blasphème pour l'expédier en prison. Mais les partis islamistes défendent la législation au nom de l'honneur de Mahomet. Si le pays applique un moratoire sur la peine de mort dans ce genre d'affaires, les personnes accusées sont en danger de mort une fois innocentées. Le 7 janvier, un handicapé mental de 52 ans tout juste libéré était assassiné à 40 kilomètres d'Islamabad.
Combat solitaire
Fishel est le dernier représentant d'une communauté qui...
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