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Brexit: De nombreux expatriés peu convaincus par les avances de Theresa May
information fournie par Reuters 20/12/2017 à 12:42

BREXIT: DE NOMBREUX EXPATRIÉS PEU CONVAINCUS PAR LES AVANCES DE THERESA MAY

BREXIT: DE NOMBREUX EXPATRIÉS PEU CONVAINCUS PAR LES AVANCES DE THERESA MAY

par Estelle Shirbon

LONDRES (Reuters) - De retour de Bruxelles avec un accord difficilement arraché sur les modalités du divorce entre Londres et l'Union européenne, Theresa May a écrit une lettre ouverte aux trois millions de ressortissants de pays de l'UE qui vivent au Royaume-Uni.

"Je sais que notre pays sera appauvri si vous partez, je veux que vous restiez", leur écrit-elle après l'accord conclu la semaine dernière à Bruxelles et qui doit garantir les droits des expatriés.

Mais pour certains ressortissants de pays de l'UE installés en Grande-Bretagne, et qui ont vécu dans l'incertitude depuis le vote du 23 juin 2016, cet accord arrive trop tard.

Trop tard pour l'infirmière allemande Daniela Jones, 61 ans, qui travaillait depuis 35 ans au sein du National Health Service (NHS), le système de santé publique britannique, et a décidé de rejoindre le secteur privé.

Trop tard pour la psychothérapeute française Baya Salmon-Hawk, qui après 40 ans passés en Grande-Bretagne s'est installée en République d'Irlande, afin de rester dans l'Union.

Trop tard aussi pour la comptable française Nathalie Duran, 56 ans, qui va prendre une retraite anticipée en France après 31 ans d'activité au Royaume-Uni. "Avec regret, je me dois de décliner votre offre généreuse d'un nouveau statut et, suivant le souhait de vos chers compatriotes, je vais rentrer chez moi", a-t-elle écrit avec ironie sur Facebook en réponse à la lettre de Theresa May.

Les effusions tardives de la Première ministre britannique, estime-t-elle, ne peuvent faire oublier les réserves, voire l'hostilité envers les étrangers, révélées par le référendum de 2016. "Je pense que les choses sont en train de tourner mal, on peut aujourd'hui dire sans problème 'les étrangers, rentrez chez vous !'", déplore-t-elle.

"VOLEURS D'EMPLOIS"

Certains citoyens de pays de l'UE, comme les Roumains et les Polonais, se plaignent d'une hostilité croissante des Britanniques envers eux.

Ils sont parfois accusés de "voler" les emplois des Britanniques et de faire baisser les salaires, alors que le chômage est à un plus bas niveau depuis quarante ans. On leur reproche aussi d'engorger les centres de santé du NHS - même si beaucoup d'entre eux travaillent dans le secteur de la santé.

Selon les chiffres officiels, les crimes et délits racistes ou xénophobes ont fortement augmenté l'an dernier au Royaume-Uni.

Les conséquences du Brexit pour les travailleurs européens en Grande-Bretagne inquiètent fortement les secteurs de l'économie qui dépendent en grande partie de cette main-d'oeuvre - industrie hôtelière, construction, santé et agriculture.

La sortie du Royaume-Uni de l'Union est prévue en mars 2019 mais de nombreux Européens ont déjà voté "avec leurs pieds". Dans les douze mois suivant le référendum, 123.000 d'entre eux ont quitté le pays, soit une hausse de 29% d'une année à l'autre.

Il est vrai que sur la même période, 230.000 ressortissants de pays de l'UE se sont installés en Grande-Bretagne mais cela représente tout de même une baisse de 19% par rapport à l'année précédente.

D'autres ne veulent pas entendre parler de départ. Dans les douze mois qui ont suivi le référendum, 28.500 ressortissants de pays de l'UE ont demandé la citoyenneté britannique, soit un bond de 80% d'une année à l'autre. D'autres, plus nombreux encore, ont demandé à devenir "résidents permanents".

Devenir citoyenne britannique pourrait être une option pour Daniela Jones, qui a quitté Munich pour s'installer en Angleterre à la veille de son 18e anniversaire, en 1974, alors que le Royaume-Uni venait de rejoindre l'UE l'année précédente.

Aujourd'hui, elle a un mari britannique et un fils qui a aussi la nationalité britannique. Mais, par principe, elle ne voit pas pourquoi elle demanderait aujourd'hui quelque chose dont elle a pu se passer pendant tant d'années.

"Malgré mon amour pour la Grande-Bretagne, qui est énorme, je ne me sens pas britannique", a-t-elle répondu à la suggestion de la pro-Brexit Ruth Deech, membre de la Chambre des Lords, qui lui conseillait en février dernier de demander la citoyenneté.

UN NOUVEAU DÉPART

Daniela Jones a alors précisé qu'elle avait déjà la double nationalité allemande et américaine, son père étant un militaire américain basé en Allemagne dans les années 1950.

La baronne Deech lui a répondu qu'elle aurait dû également demander la citoyenneté britannique pour marquer son attachement au Royaume-Uni, comme elle avait marqué son attachement aux Etats-Unis. Une réponse que Jones a jugée plutôt cavalière.

Quelques mois plus tard, Daniela Jones quittait le NHS pour travailler dans un cabinet médical privé à Yateley, une petite ville au sud-ouest de Londres. Elle suit actuellement une formation pour se spécialiser et prévoit de s'installer à son compte.

Elle a alors écrit une dernière fois à Ruth Deech: "J'ai libéré un emploi britannique pour un travailleur britannique." Elle n'a pas reçu de réponse.

Pour la Française Baya Salmon-Hawk, 61 ans, la première réaction au vote du Brexit a été de s'assurer que ses droits de résidence n'étaient pas menacés. Installée dans le pays depuis 40 ans, elle y a eu un fils, elle est propriétaire d'une maison, a exercé plusieurs métiers et paie des impôts. Une situation solide, pensait-elle.

Mais elle a appris que son permis de résidence, obtenu en 1977, n'était plus valable et qu'elle devait déposer une nouvelle demande, avec un formulaire de 85 pages, et de nombreux documents à fournir - notamment des précisions sur ses déplacements, même remontant à plusieurs années, hors du Royaume-Uni.

Elle qui se croyait bien intégrée dans la société britannique, elle s'est sentie pour la première fois mal à l'aise.

"Je ne comprends vraiment pas se qui se passe au Royaume-Uni. Tout cela me perturbait et je ne voulais pas continuer à vivre comme cela."

Elle a donc décidé de partir et a vendu sa maison, dans un village au nord de Londres, pour s'installer en juillet dernier dans le comté de Kilkenny, en Irlande, pour un "nouveau départ": conteuse d'histoires à Hook Lighthouse, sur la côte sud-est de l'île.

(Guy Kerivel pour le service français)

1 commentaire

  • 20 décembre 13:26

    OUI LES journalistes fond un gros titre des expatriers peu convaincus une blague quelque cas qui vont en retraites et pourtant 80 pour cent demande la nationalités anglaise moi trois encore et je me barre de la France avec ma retraite


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