Tabac: un buraliste sur trois vend encore aux mineurs, selon une association antitabac
information fournie par AFP 12/11/2025 à 14:46

Un buraliste sur trois vend encore du tabac aux mineurs en toute illégalité, selon une association antitabac ( AFP / PASCAL POCHARD-CASABIANCA )

Un buraliste sur trois vend encore du tabac aux mineurs en toute illégalité, deux fois moins qu'il y a quatre ans, a constaté une association antitabac, qui se réjouit mercredi de cette "baisse significative" mais juge la situation "encore préoccupante".

L'institut d'enquêtes Audirep a mené pendant l'été 2025 sur le territoire national, pour le Comité national contre le tabagisme (CNCT), un millier de "visites mystère" en binôme, lors desquelles un mineur de 17 ans tentait d'acheter du tabac et un adulte contrôlait le respect par le buraliste du refus de vente aux mineurs.

Il en est ressorti que près d'un tiers des buralistes acceptent de vendre aux mineurs du tabac (31%) ou un e-liquide de vapotage (32%), malgré l'interdiction remontant à 2009 pour le premier et à 2015 pour les seconds, selon des résultats transmis à l'AFP. Pour les enseignes de vapotage, le résultat est similaire, avec une proportion de 34%.

Ces ventes aux mineurs sont plus fréquentes en Île-de-France, dans le Grand Est et les communes de plus de 15.000 habitants, "l'anonymat propre aux grandes villes favorisant le non-respect de la réglementation", selon le CNCT.

En 2021, une précédente enquête (auprès de 403 buralistes) avait montré qu'environ les deux tiers (64%) enfreignaient la loi. La "baisse significative" enregistrée cette année est due à la "mobilisation des pouvoirs publics" et aux actions judiciaires, estime l'association.

Mais "la situation demeure préoccupante" car "les produits du tabac demeurent extrêmement accessibles pour les jeunes", estime le CNCT, notant que huit buralistes sur dix visités (81%) ne demandent pas la carte d'identité de l'acheteur -c'est 77% pour les enseignes de vapotage.

"Des progrès ont été faits, mais il faut vraiment poursuivre les efforts", dit à l'AFP Emmanuelle Béguinot, directrice du CNCT; "nous voyons encore des buralistes condamnés qui continuent à vendre, sans aucun contrôle de l'âge du jeune". En cas de récidive, l'association souhaite une suspension définitive de la licence du buraliste- et un mécanisme similaire pour les produits du vapotage.

"C'est un sujet majeur de la profession, un travail de tous les jours pour obtenir le 100% d'irréprochabilité. Il y a une implication responsable totale de toute la profession, en dépit des scènes quotidiennes d'agressions verbales, d'intimidations ou de techniques toujours plus innovantes de la part des jeunes dans nos établissements", a réagi la Confédération des buralistes auprès de l'AFP.

Le Conseil d’État a rejeté le 1er octobre un recours de l'Alliance contre le tabac qui demandait un renforcement des contrôles d'interdiction de vente de tabac aux mineurs. La plus haute juridiction administrative a estimé que "des actions concrètes sont déjà engagées", dont des "poursuites disciplinaires systématiques" et des amendes portées à 1.500 euros en juin.

Le Conseil a toutefois constaté que l'interdiction de vente aux mineurs était "actuellement très insuffisamment respectée" en France.