Reprise partielle ou liquidation? L'aciériste Novasco va connaître son sort information fournie par AFP 12/11/2025 à 10:43
Le sort des 760 salariés de l'aciériste Novasco, en redressement judiciaire, pourrait être scellé mercredi par la justice, appelée lors d'une nouvelle audience à dire si l'entreprise est reprise au prix d'une casse sociale importante, ou si elle met tout bonnement la clé sous la porte.
Les deux repreneurs potentiels de l'ex-Ascométal ont commencé à être entendus dans la matinée par la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Strasbourg, qu'ils espèrent convaincre que leurs offres sont sérieusement financées.
Il s'agit de l'industriel français Europlasma et d'un consortium d'investisseurs français réunis autour de Julien Baillon, à la tête de la PME ardennaise Métal Blanc, reçus à partir de 09H30 en audience non publique.
Quelques dizaines de salariés, venus en autocar depuis le site d'Hagondange (Moselle), se sont rassemblés devant le palais de justice de Strasbourg, où la CGT a installé une tente et sert du café. "Quoi qu'il arrive, ce sera une mauvaise journée pour les salariés", a dit aux journalistes Yann Amadoro, délégué syndical CGT du site mosellan. La décision, qui s'annonce "catastrophique" ou "extrêmement catastrophique", devrait être rendue en fin de semaine, selon lui.
"On sait très bien que pour nous, Hagondange c'est fini", a résumé David Grosse, élu CGT. "On va se battre pour notre usine encore, tant qu'on peut, (pour) des accompagnements dignes", a-t-il poursuivi. "On est en deuil, on ne sait pas trop où on va aller", a commenté pour sa part son collègue Amar Mokrani.
Europlasma propose de reprendre les sites de Saint-Etienne, Custines (Meurthe-et-Moselle) et Leffrinkoucke près de Dunkerque (Nord). Le principal, l'aciérie électrique d'Hagondange, pourrait l'être aussi mais au prix de licenciements massifs - seuls 75 emplois seraient sauvés, sur les 450 actuels.
Le consortium autour de Métal Blanc, en revanche, n'a proposé de reprendre que le site des Dunes, à Leffrinkoucke.
- "Catastrophe sociale majeure" -
Les candidats à la reprise devront toutefois présenter davantage de preuves du sérieux de leur plan que lors de l'audience précédente, a prévenu M. Amadoro. Et si aucun des deux ne convainc le tribunal, celui-ci pourra prononcer la liquidation de l'entreprise, envoyant au chômage ses près de 760 salariés.
"Dans tous les cas, nous allons vers une catastrophe sociale majeure, en particulier pour Hagondange : 450 salariés, 450 familles, un territoire", craint l'intersyndicale (CGT, CFDT, CFE-CGC) dans un communiqué.
"Ca va être difficile, je préfère le dire tout de suite, ça va être difficile", a répété le ministre de l'Industrie Sébastien Martin dimanche.
Il est même allé jusqu'à former le voeu de "redonner un avenir" à "ce site", semblant parler de l'usine d'Hagondange, dont il espère qu'elle "ne ferme pas et ne soit pas une friche".
Ce serait un nouveau coup dur pour la Moselle, déjà durement éprouvée par la désindustrialisation.
- "non-sens écologique" -
Dans les jours à venir, les salariés d'Hagondange ont prévu des actions de blocage jeudi et vendredi, pour réclamer des conditions améliorées de départ. Et des représentants du personnel de Novasco doivent être reçus par le ministre de l'Industrie en fin de semaine.
Novasco, qui fabrique des aciers spéciaux, notamment pour le secteur automobile, en est à son quatrième redressement judiciaire depuis 2014.
Le groupe avait été repris en 2024 par le fonds d'investissement britannique Greybull Capital, qui avait promis d'y injecter 90 millions d'euros tandis que l'Etat verserait 85 millions.
Si l'Etat a globalement tenu ses engagements financiers, Greybull n'a apporté que 1,5 million d'euros, selon les syndicats.
"On va voir comment ils comptent assumer une part de leur responsabilité", a déclaré la semaine dernière le ministre délégué chargé de l'Industrie, Sébastien Martin.
Les syndicats en appellent aux pouvoirs publics pour sauver cette aciérie électrique, dont la disparition serait, selon eux, un "non-sens écologique et stratégique" dans un secteur où il est difficile de réduire les émissions de gaz à effet de serre. "L'Etat est responsable, il doit garantir le maintien de tous les emplois", proclamait ainsi une pancarte affichée par les salariés mercredi devant le tribunal de Strasbourg.
L'industrie sidérurgique européenne multiplie les plans de licenciements, souffrant entre autres de la concurrence chinoise, des coûts élevés de l'énergie, ainsi que des difficultés des constructeurs automobiles, gros consommateurs d'acier.