Jugée pour avoir intoxiqué des parents juifs aux produits d'entretien, une nourrice nie les faits information fournie par AFP 09/12/2025 à 18:29
Une nourrice, jugée pour avoir intoxiqué les parents des enfants d'une famille juive qu'elle gardait en janvier 2024, a nié les faits à l'ouverture de son procès devant le tribunal correctionnel de Nanterre.
La prévenue comparaît détenue pour administration de substances nuisibles ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à huit jours avec la circonstance aggravante d'antisémitisme. Elle est aussi poursuivie pour usage d'un document administratif falsifié, à savoir une fausse carte d'identité nationale belge.
"Je n'ai jamais vu de produits ou de détergent chez Madame T.", a assuré l'ex-nourrice devant le tribunal.
Pendant sa garde à vue, la nourrice, une femme algérienne âgée de 40 ans à l'époque, avait initialement reconnu avoir introduit des produits d'entretien dans des bouteilles d'alcool et cosmétiques, selon l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, consultée par l'AFP. Interrogée sur ses motivations, elle avait alors répondu : "parce qu'ils ont de l'argent et le pouvoir, j'aurais jamais dû travailler pour une Juive".
Son ancienne employeuse, mère de trois enfants de 2, 5 et 7 ans qu'elle gardait, avait porté plainte le 30 janvier 2024 au commissariat de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) après avoir remarqué qu'une bouteille de vin avait une odeur de produit ménager, qu'un jus de raisin sentait la javel et que son démaquillant lui brûlait les yeux.
Les enquêteurs ont trouvé des traces de produit nettoyant, toxique pour les humains, à plusieurs endroits dans la maisonnée: dans des bouteilles de vin, d'alcool et de jus de raisin, dans un plat de pâtes cuisiné au whisky ainsi que dans un démaquillant.
Le juge d'instruction avait retenu la circonstance aggravante d'antisémitisme lors du renvoi du dossier devant le tribunal correctionnel, contrairement aux réquisitions du parquet.
Un des avocats de la famille, Me Sacha Ghozlan, a évoqué avant l'audience un "antisémitisme d'atmosphère, dans l'intimité du cadre familial".
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi témoignera pour la partie civile.
L'Union des étudiants juifs de France (UEJF), SOS Racisme et la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) se sont constitués parties civiles.