Des manifestants autochtones perturbent de nouveau la COP30 information fournie par AFP 14/11/2025 à 17:54
Voulant alerter sur leur situation en Amazonie et parler à Lula, plusieurs dizaines de manifestants autochtones ont bloqué vendredi pacifiquement l'entrée principale de la COP30, perturbant la conférence de l'ONU sur le climat à Belem, en Amazonie brésilienne.
Le blocage d'environ deux heures est survenu alors que la sécurité de l'événement (10-21 novembre), coorganisé par le gouvernement brésilien et l'ONU Climat, est en question depuis une incursion mardi soir d'autres protestataires indigènes, qui s'étaient heurtés aux forces de l'ordre.
Vendredi matin, le rassemblement de membres de la communauté munduruku a semé un certain chaos et perturbé l'agenda des dizaines de milliers de délégués et d'observateurs. Il a aussi forcé le président de la conférence, André Correa do Lago, à annuler sa participation à des événements pour se rendre sur place et engager le dialogue.
Les manifestants - torses nus et portant des ornements traditionnels pour la plupart - s'étaient placés devant l'entrée principale de la "zone bleue", coeur de la conférence où se déroulent les négociations. Ils comptaient des hommes et femmes de tous âges, venus avec plusieurs bébés.
"Lutter pour notre territoire c'est lutter pour notre vie", proclame la pancarte de l'un des manifestants, qui protestent contre de grands projets d'infrastructures en Amazonie et demandent à voir le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
Des renforts militaires ont été dépêchés autour du site de la COP, avec des soldats casqués et armés munis de boucliers. De nombreux membres de la police militaire sont aussi visibles.
Venu à la rencontre des protestataires, André Correa do Lago s'est réuni dans un bâtiment public proche avec eux et les ministres Sonia Guajajara (Peuples indigènes) et Marina Silva (Environnement).
A la sortie devant la presse, le diplomate brésilien a reconnu les "préoccupations très légitimes" des manifestants. "Nous allons chercher à avancer avec toutes les préoccupations qu'ils ont", a-t-il promis.
Ces membres de la communauté munduruku réclament des avancées dans la démarcation de leurs terres. Ils contestent aussi le projet de construction de Ferrograo, une voie ferrée de près de 1.000 km censée traverser le Brésil d'ouest en est pour acheminer la production de céréales.
- "Trop de problèmes" -
"Viens Lula, montre-toi!", a lancé Alessandra Korap, une leader indigène. "Nous voulons être entendus, nous voulons également participer aux négociations", a-t-elle ajouté. "Nous avons trop de problèmes".
L'entrée principale du site de la COP a finalement rouvert avant la réunion, mettant fin à l'attente de milliers de délégués qui patientaient sous un soleil brûlant à l'extérieur.
Lula est un allié revendiqué de la cause autochtone. A son crédit: l'homologation de 16 terres indigènes depuis son retour au pouvoir début 2023, la chute spectaculaire de la déforestation ou la nomination d'une figure respectée, Sonia Guajajara, à la tête du tout premier ministère des Peuples indigènes.
Mais beaucoup déplorent la lenteur dans la démarcation de terres indigènes et l'exploration pétrolière lancée en octobre près de l'embouchure de l'Amazone.
Critiquant le projet pétrolier et Ferrograo, l'emblématique cacique nonagénaire Raoni avait lancé mercredi au sujet de Lula, son cadet octogénaire: "Je vais prendre rendez-vous avec lui, et, si besoin est, je vais lui tirer l'oreille pour qu'il m'écoute".
Mardi soir, d'autres protestataires indigènes ont forcé l'entrée de la "zone bleue" et se sont heurtés au personnel de sécurité, alimentant une polémique.
Selon la presse, le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, a dans un courrier aux autorités brésiliennes dénoncé une "violation grave du cadre de sécurité établi".
Tout en rappelant que la sécurité à l'intérieur de la "zone bleue" est "confiée" au département de la sécurité des Nations unies, le gouvernement brésilien a affirmé jeudi avoir renforcé le dispositif de sécurité à la suite de l'incident.