David Rachline officialise sa mise en retrait du RN information fournie par AFP 02/12/2025 à 19:45
Il avait gravi à toute vitesse les échelons au RN, qui avait fait de sa ville Fréjus une vitrine: devenu très discret depuis deux ans et des soupçons de malversations, David Rachline a renoncé mardi à sa vice-présidence du parti.
Conseiller municipal à 20 ans, maire et sénateur à 26, réélu dès le premier tour en 2020, M. Rachline a dirigé le Front national de la jeunesse et la campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle de 2017.
Le RN a souvent organisé ses rentrées politiques à Fréjus, où Jordan Bardella s'affichait enthousiaste avec le jeune maire sur fond de palmiers, de grande bleue et de plans de conquête.
Mais mardi matin, Marine Le Pen, présidente des députés RN, a déclaré qu'elle ne souhaitait plus que M. Rachline garde la deuxième vice-présidence du parti, qu'il occupe depuis 2022, et que la question était "en voie de règlement".
Dans un communiqué à la mi-journée, M. Rachline a reconnu qu'il était "en retrait" de ses fonctions de direction au sein du parti depuis "quelques mois" et ajouté: "Je prends également la décision de démissionner de ma vice-présidence du Rassemblement National, pour éviter que les accusations médiatiques portées à mon encontre ne soient utilisées de façon malveillante pour nuire à la dynamique du RN".
Il restera adhérent, même s'il n'a pas sollicité l'investiture du RN dans la perspective d'une candidature pour un troisième mandat à la mairie de Fréjus en 2026.
Déjà en 2020, il s'était présenté officiellement sans étiquette, dans un souci affirmé de rassemblement "au-delà des étiquettes partisanes et des débats nationaux". Il avait été réélu dès le premier tour.
- Diner avec des infréquentables -
La fin de l'idylle date en réalité d'il y a deux ans, après la publication du livre "Les Rapaces" de la journaliste Camille Vigogne Le Coat, qui accuse M. Rachline de vivre au-dessus de ses moyens officiels et dénonce des marchés truqués et des arrangements avec un puissant entrepreneur local de BTP.
De "pures inventions", répète M. Rachline, qui poursuit la journaliste en justice mais fait aussi l'objet d'une enquête pour corruption. Dans cette affaire, des perquisitions ont été menées en mars à la mairie et chez des entrepreneurs.
Lors de la sortie du livre, plusieurs responsables du RN étaient montés au créneau pour le soutenir: "Je ne crois pas un mot de ce qui est écrit", a assuré Sébastien Chenu. "Il n'y a aucune raison de douter de (son) intégrité", a abondé Jean-Philippe Tanguy.
Mais depuis, le RN a boudé Fréjus et M. Rachline n'est plus apparu en public à leurs côtés. En revanche, Mediapart a repéré en octobre sur ses réseaux sociaux la photo d'un dîner avec d'anciennes figures du GUD devenus infréquentables pour le RN comme Frédéric Chatillon, un temps mentor de M. Bardella, ou Logan Djian.
"Fidèle à ma famille de pensée politique, je reste attaché aux idées que je défends depuis l'âge de 15 ans, et continuerai à les défendre avec conviction et détermination", a promis M. Rachline dans son communiqué.
Début octobre, il avait fait salle comble lors de sa rentrée politique à Fréjus, avec un discours résolument local, en présence de centaines d'habitants enthousiastes.
La semaine précédente, il était pourtant devant le tribunal correctionnel de Draguignan, jugé pour prise illégale d'intérêt pour ne pas être sorti pendant des délibérations du conseil municipal portant sur ses nominations à la tête de deux sociétés d'économie mixte.
Le tribunal doit se prononcer le 27 janvier. Le parquet a requis 10.000 euros d'amende et suggéré que la peine complémentaire d'inéligibilité, automatique en cas de condamnation, soit assortie du sursis, sans exécution provisoire.