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Bourse : la santé, un secteur d’investissement en pleine forme
information fournie par H24 Finance pour Boursorama 28/05/2020 à 07:19

Contrairement à l'industrie ou au tourisme qui ont fortement souffert depuis le début de la pandémie, le segment de la santé s'est révélé particulièrement résilient. (Crédits photo : Adobe Stock)

Contrairement à l'industrie ou au tourisme qui ont fortement souffert depuis le début de la pandémie, le segment de la santé s'est révélé particulièrement résilient. (Crédits photo : Adobe Stock)

Sur les marchés actions, la crise économique et financière liée au coronavirus n'a pas affecté tous les titres de manière égale. Certains secteurs ont montré leurs faiblesses, quand d'autres ont surpris par leur résilience. La thématique de la santé fait partie des gagnants et s'érige comme un secteur d'avenir au même titre que la technologie. Car si la crise sanitaire a mis en lumière l'importance du secteur, les dynamiques sociétales qui sont à l'œuvre aujourd'hui ne devraient que conforter sa croissance.

Un secteur d'investissement qui présente de nombreux atouts

Contrairement à l'industrie ou au tourisme qui ont fortement souffert depuis le début de la pandémie, le segment de la santé s'est révélé particulièrement résilient. Le MSCI World Health Care Index a perdu seulement 0,92% de sa valeur entre le 1er janvier et fin avril, quand, dans le même temps, l'indice généraliste MSCI World affichait un recul de près de 13%.

Toutefois, il faut garder à l'esprit que «cette performance n'est pas seulement liée au caractère défensif du secteur dans le contexte actuel», explique Christine Lebreton, gérante spécialiste du segment chez Tocqueville Finance. Elle constate que «le secteur de la santé est toujours très nettement en avance par rapport à l'indice européen que ce soit sur trois, cinq ou dix ans». Une surperformance qui se chiffre à environ 30% sur cinq ans en Europe.

Car de nombreuses tendances de fond viennent soutenir la croissance à long terme du secteur, à commencer par le vieillissement de la population. Selon l'Organisation mondiale de la santé, la proportion des plus de 60 ans aura doublé d'ici 2050, pour passer d'environ 11% à 22% de la population mondiale. Or, comme le rappellent les équipes de BlackRock, « les dépenses médicales doublent entre 40 et 60 ans ». Autant dire que l'augmentation de la population, et a fortiori du nombre de personnes âgées, à l'échelle planétaire favorisera naturellement la demande et donc le développement du secteur.

Aux évolutions démographiques s'ajoute une dynamique sociétale : l'amélioration du niveau de vie. Dans les pays émergents, l'essor des classes moyennes et la mise en place de systèmes de santé devraient faire fleurir « nouveaux gisements de croissance », estiment Olivier de Berranger et Adrien Bommelaer, gérants à La Financière de l'Echiquier. Sans compter que « le développement économique accompagne de nouvelles pathologies importées du monde occidental, comme le diabète ou l'hypertension ». Ainsi, Christine Lebreton anticipe que « le marché pharmaceutique mondial devrait croître de 3 à 6% par an sur les cinq prochaines années ».

Capacité à innover

Mais l'avenir du secteur ne repose pas uniquement sur le développement des maladies chroniques. Les gérants d'actifs observent que sa capacité à innover est aussi l'un de ses moteurs : «Cette industrie recèle de promesses pour notre santé et son potentiel d'innovation est prodigieux», s'enthousiasme-t-on à La Financière de l'Echiquier en ajoutant que « les barrières à l'entrée, notamment en termes de budget de recherche, sont capables de protéger les marges bénéficiaires ». Une aubaine pour les investisseurs qui peuvent ainsi trouver « un couple risque/rendement très favorable », d'après Olivier de Berranger et Adrien Bommelaer.

D'ailleurs, l'innovation dans la santé n'est pas seulement thérapeutique, « elle se trouve aussi dans les équipements médicaux, le diagnostic, la génomique et la télémédecine », détaille Adeline Salat-Baroux, gérante chez Edmond de Rothschild AM. Autrement dit, l'innovation passera aussi par la technologie. Or, c'est l'une des thématiques qui performent le mieux depuis le début de la crise et qui laissent présager les plus belles perspectives de croissance.

« Intelligence artificielle pour accélérer la découverte de molécules, modélisation 3D pour simuler les différentes interactions d'une molécule avec les cellules, applications pour un partage des données patient entre les différents protagonistes, objets connectés pour aider à prévenir les accidents », les applications du digital au service de la santé sont prometteuses comme le relèvent Sophie Boudeau et Sébastien Lalevée, co-gérants du fonds santé de la Financière Arbevel. Nul doute donc que la santé tirera parti de cette dépendance, dont on peut d'ores et déjà observer les effets. «En Chine d'où est provenu le virus, l'épidémie a incité les résidents qui se préoccupaient des symptômes de Coronavirus ou qui étaient trop apeurés pour se rendre à l'hôpital à se ruer vers des plateformes de télémédecine», explique la gestion de CPR AM. Résultat : l'application mobile Good Doctor, leader sur le marché chinois, a vu son nombre de téléchargements bondir de plus de 1186% la semaine du 26 janvier, et a enregistré près de 1,1 milliard de téléconsultations en l'espace de trois semaines.

Enfin, les gérants d'actifs sont rassurés d'un point de vue politique. Adeline Salat-Baroux en est convaincue : «La santé est désormais une priorité absolue des gouvernements». Mis à rude épreuve durant la crise, les systèmes de soins ont montré leurs faiblesses et leurs limites. C'est pourquoi elle anticipe «une accélération des dépenses et des infrastructures pour soutenir le système de santé qui viendra renforcer une tendance structurelle de long terme».

Aux Etats-Unis, où 16% du PIB sont déjà consacrés à la santé, les pouvoirs publics ont annoncé un plan de sauvetage supplémentaire de 130 milliards de dollars et « les régulateurs, comme la Food and Drug Administration (FDA), se montreront également plus audacieux et réactifs. Ils déploieront des politiques de soutien à la recherche qui promettent une révolution dans la biotech », prévoient Olivier de Berranger et Adrien Bommelaer.

Gare à l'essoufflement

Mais la santé n'est pas seulement un secteur porteur, c'est aussi une vaste thématique d'investissement qui comporte de nombreux sous-segments : big pharma, startup de biotechnologies, équipementiers médicaux… autant de secteurs d'activités qui se sont comportés différemment durant la crise et qui ne profiteront pas de manière identique de ces fameuses tendances structurelles.

Christine Lebreton constate que « la bonne performance du secteur de la santé depuis le début de l'année cache des réalités différentes selon les segments ». A titre d'exemple, le compartiment des laboratoires pharmaceutiques et biotechnologiques « est en progression de 5% » depuis le début de l'année, alors que celui des équipements et services à la santé « est en baisse de 6% » selon les observations de la gérante. Des données qui témoignent de l'inégalité des segments face à la crise. Ceux qui en ont bénéficié le plus sont indiscutablement les sociétés de diagnostic comme bioMérieux ou DiaSorin avec des performances de plus de 70% depuis le début de l'année pour chacune d'elles. Au contraire, les sociétés les plus pénalisées se retrouvent sur le segment de la vision, des implants dentaires, de l'orthopédie ou de l'aide à l'audition.

Autre bémol, cette fois du côté de l'innovation. Ce moteur de croissance a ses limites et il faudra s'armer de patience pour pouvoir en observer les effets. « L'innovation prend beaucoup de temps dans la santé, prévient Adeline Salat-Baroux d'Edmond de Rothschild AM. Le secteur n'a pas la capacité d'innover et d'amener de nouveaux produits très rapidement ». Cela réclame donc d'avoir un investissement financier long et très important, selon la gérante.

Tous les gérants d'actifs s'accordent à dire que le secteur de la santé a fait preuve d'une résilience hors du commun depuis le début de l'année. Mais attention à ne pas dépasser les limites. Omar Moufti, stratégiste actions thématiques chez BlackRock, annonce qu'il existe « un risque de surchauffe du secteur » si la crise sanitaire devait durer encore longtemps. Du côté de Pictet AM, on remarque également que « le secteur des biotechnologies n'est pas en mesure de travailler à 100% de ses capacités ». Lydia Haueter, gérante du fonds Biotech au sein de la société de gestion suisse, discerne plusieurs causes : il est affecté non seulement par « les confinements qui compliquent fortement la réalisation d'essais cliniques », mais aussi par « le ralentissement de la commercialisation de nouveaux médicaments », sans compter que « la production souffre de la fermeture des usines et des pénuries de matières premières ».

Sur le plan des investissements, des inquiétudes subsistent également : « la pression subie par les marchés financiers va compliquer la capacité à lever de nouveaux capitaux », explique la gérante de Pictet AM. Autant dire que dans ce contexte les sociétés de biotechnologie plus jeunes et moins établies auront du mal à se développer.

Dernière zone d'ombre qui plane sur le secteur de la santé : l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Olivier de Berranger et Adrien Bommelaer rappellent qu'en 2016, « le secteur de la santé avait nettement sous-performé suite à l'arrivée au pouvoir du Président Trump ». C'est pourquoi « il sera intéressant de voir les déclarations des candidats », juge-t-on chez Tocqueville Finance. Mais les nouvelles sont plutôt rassurantes. D'après Christine Lebreton, « il est possible que, pour une fois, le secteur soit davantage épargné que par le passé ». Chez BlackRock, on relève aussi que le retrait de Bernie Sanders est considéré comme positif pour les grandes entreprises du secteur et ce, même si l'incertitude reflétée dans les valorisations, persiste.

«Existe-t-il pour l'Homme un bien plus précieux que la santé ?», s'interrogeait le philosophe grec Socrate, il y a 2500 ans. Force est de constater que la question est toujours d'actualité aujourd'hui et peut-être même encore plus pour les investisseurs…

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