TOUAX : Le vrac à la peine.

r.lubin1

11 févr. 2016 •08:31

La chute est vertigineuse. L'indice est à seulement 5 % de son pic de 2008. Et au plus bas depuis sa création en 2005, alors que le niveau général des prix a doublé, depuis, dans les pays avancés. Cet indice, c'est le Baltic Dry Index, qui reflète les prix du transport maritime de vrac sec - minerais, charbon, céréales. C'est l'un des compteurs qui figurent sur le tableau de bord du commerce mondial. Il s'était effondré juste avant la faillite de la banque Lehman Brothers puis l'effondrement des échanges internationaux il y a sept ans.

La dégringolade n'indique pas forcément que la finance mondiale craque à nouveau, même si les marchés deviennent de plus en plus bruyants. Elle s'explique par le jeu classique du marché. L'offre croît parce que de nouveaux navires entrent en service maintenant alors que leur construction avait été décidée il y a des années, à une période plus faste. La demande est moins tonique parce que la Chine prend le virage d'une croissance plus économe en acier et en charbon. Et c'est une bonne nouvelle que de voir le pays le plus peuplé commencer à se détourner de l'énergie la plus sale. Mais si le krach du vrac n'annonce pas la fin du monde, il confirme toutefois deux ruptures majeures de l'économie planétaire. D'abord, dans le commerce. Les échanges mondiaux progressent désormais au même rythme que l'activité, alors qu'ils allaient deux fois plus vite avant la crise financière. Tous ceux qui travaillent sur cette chaîne de valeur en pâtissent. Ensuite, sur les prix. Ceux qui discernent le début de la « grande normalisation » ont tort. Le spectre de la déflation rôde encore. Si l'excès de dette a tourné comme un orage, il surplombe toujours le monde et pèse sur les prix, comme dans les années 1930. Les investisseurs ne disent pas autre chose.