Signaux Girod T3 2012/13 (Analyse): Toujours pas de ciel bleu à lhorizon
Merci c.chevr1 pour votre message. Ci-joint quelques réflexions .
Synthèse
Pour moi les chiffres du T3 2012/13 sont hélas dans la ligné des chiffres très décevant du premier semestre. Il me semble que le management narrive pas à redresser la situation, englué dans ses contradictions, subissant son environnement, se voulant bienveillants à légard de ses clients et de son personnel (cf. RA 2011/12) mais ignorant totalement quune entreprise et son management sont également redevables à leurs actionnaires (cf. droit des société, statut, gouvernement dentreprise), une société nétant viable à long terme que si elle est en mesure de rémunérer ses capitaux propres à un niveau satisfaisant (cf. principes élémentaires de finance dentreprise). La forte décote du cours de bourse par rapport à lactif net montre la défiance justifiée (à mon avis) des actionnaires à cet égard. Les performances de lentreprise depuis 3 ans ne sont pas le simple fruit dune conjoncture défavorable, mais me semble également provenir de lincapacité du management à adresser de façon rapide et efficace les problèmes concrets (rencontrés en Signalisation et à lInternational) qui lui sont posés par son environnement. L absence dune stratégie de croissance rentable, volontaire et claire me semble pouvoir conduire également à la démotivation des équipes et plonger lentreprise dans un cercle vicieux dont elle narriverait plus à sortir. Lanalyse de lévolution de sa position concurrentielle depuis 3 ans plaide hélas dans ce sens. La donne concurrentielle change rapidement au profit des groupes intégrés. Signaux Girod doit évoluer (ou se vendre) sinon la société déclinera inéluctablement (cest peut être aussi ce qui explique son cours de bourse actuel).
Analyse
La société a réalisé au troisième trimestre de son exercice un chiffre daffaire consolidé de 31,5 M deuros contre 31,9 M deuros lexercice précédent, soit une baisse de 1,3% à périmètre constant (il ny a plus dimpacts liés à la déconsolidation du Canada).
Lactivité Signalisation France sétablie en hausse de 1,4% (20,5 M deuros), mais sur une référence (T3 2011/12) qui était en baisse de près de 9%. Lactivité cest donc stabilisée à un niveau faible alors que lon pouvait sattendre à un rattrapage après les très mauvais chiffres du T2 (-10,5%) causés «notamment par des conditions climatiques extrêmement défavorable» (cf. communiqué S1). Le groupe maintient dans ces conditions ses prévisions révisées en juin de 44,8 M deuros de chiffre daffaires au S2. Sur 9 mois lactivité régresse de 3,2%, mais sur 12 mois glissants, lactivité signalisation France de Signaux Girod est stable (+0,3%).
Au niveau des sociétés spécialisées, le chiffre daffaires sétablit à 7,3M deuros sur le trimestre (+4,4%) et à 19 M deuros sur 9 mois (+6,1%), mais il est en hausse de seulement 1,3% sur 12 mois glissant. La société se limite à confirmer «la bonne dynamique de ce secteur ».
A linternational, la société a réalisé un chiffre daffaires de seulement 3,6 M deuros sur le trimestre (-22%, sans changement de périmètre). Sur les neuf premiers mois lactivité international (hors Canada) sétablie à 12,3 M deuros, soit -13% à périmètre constant par rapport à lexercice précédent. Aucune information prospective nest fournie.
Il est possible que le groupe anticipe que les mauvais chiffres de linternational seront sur le semestre compensés (partiellement ou totalement) par les chiffres meilleurs que prévus du secteur des sociétés spécialisées.
Au total, La société confirme ses prévisions établies en juin pour lexercice, soit un chiffre daffaires conso de 128,5 M deuros (qui se décompose en 86,9 M pour la signalisation France, 16,3 M pour linternational et 27,6 M pour les sociétés spécialisées, source supports de la réunion de présentation du 4 juin 2013). On notera que 86,9+16,3+27,6 = 130,8, soit une différence de 2,3 M deuros avec la prévision conso. Environ 0,8 M deuros proviendrait des inter-secteurs de la Signalisation France, mais le reste je ne sais pas.
Par soustraction des chiffres du T3 qui viennent dêtre publiés, on aurait pu déduire les prévisions de la société pour le trimestre en cours (mais quel chiffre retenir ?):
Si lon retient les prévisions par pôle, on obtient pour la Signalisation France (T4 estimé) 23,7 M deuros (-7% par rapport à lexercice passé, sous lhypothèse dinter-secteur de 1 M deuros sur lexercice). Sur 12 mois lactivité signalisation France régresserait donc denviron 2% (cohérent avec lévolution observé pour la division signalisation de Lacroix Industrie).
Les 2 autres pôles sont difficilement projetables. Nous estimons lactivité T4 des sociétés spécialisées dans une fourchette large de 5,5 à 7,5 M deuros et celle de linternational dans une fourchette de 4 à 5,5 M deuros.
Au global, la société pourrait publier un chiffre daffaires conso T4 de lordre de 33 M à 37 M deuros. Lexercice se solderait ainsi par un volume dactivité légèrement inférieur à lexercice précédent.
Dans son communiqué, à propos des activités internationales, la société fait la remarque suivante: « A périmètre constant (hors Canada), lactivité régresse de 12.97% sur les neuf premiers mois de lexercice contre 7.59% sur le premier semestre.
La baisse dactivité constatée sur le troisième trimestre (22%) est due principalement : * Au non renouvellement dopérations complémentaires de nos activités, qui ont été réalisées par des sous-traitants sur lexercice précédent avec une faible valeur ajoutée; * A des retards de démarrage de certains travaux, en lien avec les fortes contraintes budgétaires résultant dun contexte économique toujours difficile. »
Ce commentaire appel 2 remarques :
- Après le Canada puis lEspagne, où est maintenant le « nouveau » problème ? Le management semble subir la situation, plutôt que véritablement lanticiper et la maitriser. Or au 30 septembre 2012 (RA) la société avait encore 13 entités juridiques à létranger dans 10 pays (Canada inclus)
mais ne représentant plus que 13% de son chiffre daffaires conso (Contre 33% en 2005 et encore 18% en 2011) ! Dit autrement, cest encore de nombreux risques (visiblement pas toujours maîtrisés) pour une faible contribution potentielle récurrente à la marge conso du groupe. Cette évolution est dautant plus frappante quelle contraste avec les affirmations du groupe: «Ce que nous savons déjà, le développement sera international. » (Source : support réunion Signaux Girod n°35, réunion dinformation du 31 janvier 2013). Le moins que lon puisse dire, cest quil ne semble pas y avoir adéquation entre les ambitions du groupe et ses réalisations. Cest un facteur de risque important pour une entreprise de cette taille dont la rémunération à moyen terme ne nous semble pas évidente.
- Au plan de la communication, le message est également troublant. En effet, si lon reprend le Communiqué du T3 2012, (à la lumière de ce que vient de publier Signaux Girod, cité plus haut) on peut lire « Activités internationales : le changement de périmètre (sortie du Canada) impacte le chiffre daffaires de ce pôle de 1.8 M. A périmètre équivalent, le chiffre daffaires est stable avec de fortes disparités, la dynamique de certaines implantations compensant le recul dans les pays où la crise économique est la plus sensible, notamment en Espagne
Lensemble de ces chiffres est conforme à nos prévisions. Les objectifs communiqués lors de la réunion financière du 6 juin 2012 sont confirmés. ». A aucun moment il ne semble être fait allusion à des opérations complémentaires faites par des sous-traitants et impactant favorablement le chiffre daffaires du trimestre. Par contre on constatera bien dans les comptes du deuxième semestre 2011/12 une baisse du taux de marge brute. Cela nous amène à nous poser 2 questions: Ce phénomène est-il limité au trimestre passé, ou cela se répétera-t-il sur le trimestre à venir ? En labsence « dopération à faible valeur ajoutée réalisées par des sous-traitants » cette année, cela présage-il une hausse de la marge brute sur le S2 ? Tout cela nous semble hélas bien confus, et la lisibilité qui en résulte réduite.
Par ailleurs:
Dans sa « lettre du président », qui ouvre le rapport annuel 2011-2012, Claude Girod écrit :
« La nette amélioration du résultat de cet exercice 2011/2012 confirme la pertinence des orientations prises par le groupe.»
Peut être quun peu de modestie et un peu plus de réalisme seraient les bienvenus de sa part au regard dune part, des résultats réalisés par la société sous la direction de son prédécesseur à cette fonction (il ny a pas si longtemps que cela), et dautres part au regard de sa révision en baisse des profits pour lexercice en cours (ROC de 5,4M deuros prévu en juin contre 7,6 M annoncé à lAG vs. 7,8 M lexercice précédent).
Puis plus loin :
« Pour préparer lavenir du groupe, nous investissons dans la croissance de notre culture managériale ».
Oui, nos capitaux sont investis dans la croissance
mais, hélas, pas dans la croissance de lactivité, des résultats et de la valeur actionnariale qui en résulterait pour les actionnaires fidèles de lentreprise
mais dans celle de la culture managériale ! Au fait ça veut dire quoi investir dans la croissance de la culture managériale ? Combien ça coute à lentreprise (pendant quelle divise par 3 ses investissements corporels)? Et cest quoi le retour sur investissement à attendre pour lactionnaire ?
Et enfin :
« Nous plaçons au cur de notre stratégie globale la satisfaction client
»
Oui, une fois encore oui, cest une chose nécessaire
mais rien, pas un mot de la satisfaction de ses actionnaires dans cette première page du rapport annuel, normalement destiné
aux actionnaires !
Ladage dit que ce qui se conçoit clairement sénonce clairement, espérons que cela ne soit pas ici le cas et que le management sache où il va, car nous on ne voit vraiment plus où ils vont (du point de vue de lactionnaire minoritaire bien sur).
Une petite consolation au plan boursier à court terme: la société a commencé doucement un programme de rachat dactions. Au 26 juillet la société avait déjà racheté 8.828 actions, soit 0,74% du capital. Compte tenu de la décote dactif net, cette opération devrait être mécaniquement légèrement relutive sur les capitaux propres par action (57,33 euros par action vs. 56,9 avant relution sur la base des CPPG net des survaleurs à fin juin 2013) et sur le bénéfice net par action de lexercice (la société ayant maintenu ses prévisions de résultat opérationnel courant (5,39 millions deuros soit 4,77 euros par action contre 4,73 euros par action avant relution) faites en juin. Cela a aussi probablement contribué à soutenir un peu le cours récemment.
Voilà quelques une de mes réflexions dans létat actuel. Jaimerai sincèrement être contredit et convaincu
la parole est à vous.
(Ils ont repris et commentés le communiqué : Investir.fr, Boursier.com, AOF, Capital.fr, Zonebourse.com).
AMF : je suis actionnaire de longue date