Le célèbre investisseur, Jim Rogers, met en garde contre une inflation à 10 % dans le monde.
Si on devait tenir notre comptabilité comme le fait le Trésor américain, nous serions en prison. De passage mercredi à Anvers, Jim Rogers, le gourou des matières premières, est venu redire tout le bien quils pensent delles. Et devant une salle de cinéma comble du Metropolis, il sest livré à un scénario catastrophe, digne des films "Made in Hollywood".
Daprès lui, les problèmes des Etats-Unis "pays le plus endetté du monde et de lhistoire" vont tous nous affecter. "Pour sen sortir, leur politique est daffaiblir leur devise" constate-t-il.
"Pour linstant, le dollar reste la devise principale des réserves de change dans le monde. Mais il faut se rappeler que la livre sterling disposait également dune telle position avant de perdre son statut par rapport au dollar. Beaucoup de gens ont perdu des fortunes lorsque ceci sest produit. Vous devez comprendre la politique des Etats-Unis daffaiblir sa monnaie".
Et de préciser que ses deux filles nont pas de compte en dollar, uniquement en yuan "la devise la plus sûre au monde". Son propre portefeuille de placement comporte, dit-il, "des devises et des matières premières". Il indique quil a même profité de la crise de la dette souveraine pour acheter de leuro. Les autres monnaies quil privilégie sont le dollar singapourien et le dollar canadien, ainsi que le franc suisse et le yuan. Mais il ne se fait pas trop dillusion.
"Aucune monnaie nest absolument sûre à partir du moment où un pays endetté comme les Etats-Unis commence à dévaluer sa devise". "Si léconomie va mieux, il faut investir dans les matières premières à cause dune pénurie croissante. Si elle ne va pas mieux, vous devez investir dans les matières premières parce que les gouvernements vont imprimer de largent. La seule façon de vous protéger contre cette hausse de monnaie est dinvestir dans les matières premières", prévient-il.
Il relève que partout dans le monde, des poussées inflationnistes se manifestent. "La Suède, lAustralie, lInde, la Chine,
relèvent leur taux dintérêt pour contrer linflation. Seules les banques centrales américaines et britanniques ne suivent pas le mouvement, au prétexte quil ny a pas dinflation. Mais cest faux", affirme-t-il. Tôt au tard, les banques centrales en retard dans leur resserrement monétaire vont devoir sy atteler, selon lui. Et cette hausse de taux dintérêt sera brutale. Linflation mondiale pourrait grimper jusquà 10 % dici quelques années, daprès lui.
pénurie de ressources naturelles.
Les révoltes en Egypte et en Tunisie ne sont pas terminées, estime encore Jim Rogers. En cause, les prix des denrées alimentaires commencent à grimper, "après treize années de stabilité". "Le principal problème repose sur lagriculture. On assiste à une pénurie de la production, essentiellement due à la disparition des fermiers. Et ce problème va saccélérer", note-t-il.
Il prédit un retour de la crise alimentaire dici un an. "Les exploitations agricoles disparaissent au profit des terrains de golf. On assiste à une disparition des fermiers. En Inde, plus de mille fermiers se donnent la mort chaque année car leur exploitation nest pas rentable. En Afrique, ils arrêtent de produire. Et lâge des fermiers actifs avoisine 58 ans aux Etats-Unis. Tout ça, parce que les prix des denrées agricoles naugmentent pas", explique-t-il. "Nous avons un sérieux problème. Si les prix agricoles ne montent pas, nous nallons plus produire à nimporte quel prix. Qui va alors produire notre nourriture", sinquiète-t-il.
A lentendre, la spéculation sur les matières premières permet de trouver un prix correct pour.
"Aux Philippines, le gouvernement a voulu imposer un prix limite pour le cours du riz après quil a commencé à grimper dramatiquement, soi-disant à cause de la spéculation. Résultat, les fermiers ont arrêté la production de riz. Le gouvernement sen est rendu compte et a dû faire machine arrière".
Pétrole au-delà de 100 USD
Au registre énergétique, il nexclut pas un baril de pétrole au-delà de 100 dollars. "Toutes les exploitations pétrolières sont en déclin. Or, du côté de la demande, celle-ci ne diminue pas", souligne-t-il. Il rappelle que la Chine ne consomme que 0,059 baril par jour, et lInde 0,026 contre 0,641 pour les Etats-Unis.
"La Chine et lInde, avec le développement de leur économie, vont vouloir davantage de vélomoteurs et de voitures. Les prix du pétrole peuvent donc décoller rien que pour cette raison", relève-t-il.
Or et indices
Selon lui, le meilleur moyen dinvestir dans les matières premières passe par les indices qui les suivent. Ce qui ne lempêche pas de toujours détenir en portefeuille quelques sociétés minières comme Rio Tinto. Il rappelle quil reste un investisseur sur le long terme. "Jai également des actions chinoises en portefeuille, et mes filles en hériteront probablement" souligne-t-il.
Sa stratégie est de jouer à la baisse toutes les autres classes dactifs pour protéger son portefeuille. "Pendant la crise financière, jai joué à la baisse des titres comme AIG et Citigroup", relève-t-il. Il faut rappeler que les prix des matières premières se sont aussi repliés pendant cette période. "En 2008, on a assisté à une liquidation massive sur le marché des matières premières suite à la faillite de Lehman Brothers, un acteur clé sur ce marché. Ce fut la même chose en 1970. Les cours ont chuté de 20 % en une séance sous leffet dune liquidation massive. Ces marchés ne sont jamais à labri dun tel phénomène", souligne-t-il. Mais il reste convaincu que les matières premières sont inscrites dans un cycle haussier dau moins 18 ans, dont le début remonte à 1999.
Il mise aussi sur lor. "Chaque fois quil baisse, jen rachète", précise-t-il. Selon lui, le métal précieux dispose dun potentiel de hausse non négligeable. "Une grande majorité des gestionnaires de fonds ne détiennent pas dor dans leur portefeuille. La plupart des individus non plus. Si nous commençons tous à devenir acheteur dor, ceci lui donne un potentiel de hausse", souligne-t-il.
"Nous assistons à des changements majeurs dans léconomie mondiale. Ceci va saccompagner de tensions sociales importantes. Alors, il faut penser se protéger" conclut-il.