Veillée d'armes chez Floridienne avant la bataille de Waterloo
Le 12 décembre. Une date qui marquera sans doute un pas important dans le conflit qui oppose depuis plusieurs mois deux groupes d'actionnaires de la Floridienne. Il s'agira entre autres de se pencher sur la révocation du mandat d'administrateur de Belgocodex et de celui de Servim. Un dossier complexe qui n'a pas encore connu son dénouement.
(L'Echo) - La guerre de position qui oppose depuis plusieurs mois deux groupes d'actionnaires de la Floridienne connaîtra son point d'orgue le mercredi 12 décembre. Ce jour-là, le clan Beluflo (famille Waucquez) fera face, physiquement, à celui d'Aurea, emmené par l'homme d'affaires français Joël Picard. Et c'est à Waterloo que la bataille s'engagera. Le nombre de canons ne déterminera pas l'issue du combat. Seuls les droits de vote parleront, pas la poudre.
Aurea est à l'origine de cette nouvelle offensive. En tant que minoritaire de poids, la société française, cotée à Paris, a demandé la convocation d'une assemblée extraordinaire afin de révoquer le mandat d'administrateur de Philippe Bodson, président du conseil d'administration de la Floridienne et, dans la foulée, de proposer sa propre nomination comme administrateur tout comme celle d'un allié. Dans un petit mois, les actionnaires de la Floridienne devront donc se prononcer sur ces propositions au siège social du holding basé à Waterloo.
Il est sûr que, ce jour-là, on se comptera, chaque voix valant son pesant de plombs. Il s'agira aussi de se pencher sur la révocation du mandat d'administrateur de Belgocodex (Jean-Marie Delwart) et de celui de Servim (Bernard Delwart, le frère du précédent) et sur la nomination d'une filiale de la SRIW, Sparaxis. Des points mis à l'ordre du jour par la Floridienne. " Pourquoi Jean-Marie Delwart resterait-il au sein du conseil de Floridienne, s'interroge Gaëtan Waucquez, directeur financier du holding et représentant de Beluflo. " Il a intenté des actions en justice, il ne supporte plus la stratégie qu'il a lui-même mise en place et, enfin, il a cédé sa participation", argumente-t-il.
C'est d'ailleurs la cession de ce bloc de 36% du capital qui cristallise, aujourd'hui, toutes les rancoeurs. Pour faire court, Jean-Marie Delwart a vendu ses parts à Aurea. Cette dernière a conclu une offre unilatérale de vente de ses actions à Beluflo, mais elle s'est rétractée au dernier moment. Résultat: les deux clans se disputent la propriété des quelque 294.000 titres Floridienne, Beluflo ayant déjà versé à Aurea le prix d'achat, soit 27 millions d'euros.
Saisie en référé, la justice française a décidé récemment de mettre cette somme sous séquestre. Mais pas les actions. D'où la question à 5 centimes : à qui reviendront les droits de vote de ce bloc lors de l'assemble convoquée en décembre ? Il faudra attendre huit mois environ pour qu'un juge se prononce sur le fond de l'affaire, nous a précisé Gaëtan Waucquez. Dans l'intervalle, la Floridienne pourrait demander à un tribunal de désigner une personne responsable de la gestion des titres dont la propriété est contestée. " C'est la seule manière pour Floridienne de rester neutre ", nous a affirmé son directeur financier.
Depuis le mois de juin, c'est-à-dire depuis l'apparition au grand jour des luttes intestines, l'action Floridienne n'arrête pas de grimper en Bourse. Elle a pris plus de 50% en l'espace de quelques mois, tout en accentuant sa progression ces dernières semaines pour dépasser le seuil de 130 euros. "Cette évolution est le fruit de nos bons résultats mais aussi des tensions entre actionnaires, reconnaît Gaëtan Waucquez. Certains achètent en spéculant sur la détérioration du conflit tandis qu'Aurea continue de renforcer ses positions."
A un jet de pierre de la morne plaine de Waterloo, les deux clans vont donc se retrouver face à face le 12 décembre. L'affrontement se fera à coups de résolutions et de droits de vote. Dans le camp Beluflo, la sérénité prédomine. Avec déjà 36% du capital, il se fait fort de rallier une quinzaine de pourcents supplémentaires à sa cause.
Mais rien n'est jamais joué avant le dernier coup de canon et l'on voit parfois arriver Blücher alors que l'on attend Grouchy.
Stéphane Wuille
stephane.wuille@lecho.be
