Lors de l’édition 2017 du CES de Las Vegas, on a parlé beaucoup d’intelligence artificielle et de voiture autonome. Mais la santé connectée a aussi été à l’honneur, notamment avec le français Visiomed. Récit de notre envoyé spécial, l’entrepreneur Philippe Peyrard (Ellcie-Healthy, ancien patron d’Atol) qui a suivi pour l’Opinion le salon gigantesque salon de l’électronique grand public avec son regard de chef d’entreprise
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L’application BewellConnect, une plateforme unique qui regroupe à la fois les applications médicales et les applications pour la sécurité des produits connectés BewellConnect.L’application BewellConnect, une plateforme unique qui regroupe à la fois les applications médicales et les applications pour la sécurité des produits connectés BewellConnect. © Visiomed
Le digital apporte ses évolutions dans tous les métiers mais, s’il en est un où la rupture sera forte, c’est bien celui de la santé, avec notamment l’avènement de la télémédecine. Celle-ci se développe sur trois plans principaux. Tout d’abord la téléconsultation qui s’effectue entre le patient et son médecin traitant ; ensuite la téléexpertise qui se passe entre le médecin traitant et un spécialiste ; enfin, la téléassistance qui s’effectue entre le patient/client et la plateforme à laquelle il souscrit.
Ce décloisonnement potentiel apporté par les nouvelles technologies, intelligence artificielle comprise, va bousculer bien sûr l’ordre établi, dans un sens qui devrait réguler les disparités entre territoires et abaisser le coût unitaire d’intervention. Cela devrait du coup permettre, d’une part, un meilleur niveau de soin au bénéfice du patient et, d’autre part, un plus grand nombre de consultations – car mieux organisées – au profit du praticien. Au total, cela laisse espérer une meilleure santé pour nos concitoyens ce qui se traduira par une meilleure productivité des entreprises, donc des gains pour le PIB...
Que se passe-t-il au plan technologique ? Introduire une puce dans un appareil de mesure n’étant plus une source d’innovation, les travaux portent désormais sur le développement des services intelligents et innovants que l’on peut proposer. Durant le CES, les divers capteurs et les outils numériques à disposition du corps médical étaient légion. En revanche, c’est une pépite française, Visiomed, inventeur du thermomètre sans contact, qui semble prendre le lead dans ce domaine, après avoir sorti l’année dernière le service Bewell check-up qui compte aujourd’hui plusieurs milliers d’utilisateurs.
Une partie du système, basé sur de l’intelligence artificielle — développé par Médical intelligence service — est par ailleurs utilisée par SOS Médecins et certains services d’urgence pour effectuer le « tri » et orientation des malades. Fort de ces expertises, Eric Sebban, PDG de Visiomed, a décidé d’aller plus loin et a présenté le fruit de plus de cinq années de recherche, avec la première station de télémédecine portable. La miniaturisation aidant, Visiomed arrive à transformer une cabine de télémédecine comme celle présentée dernièrement par H4D en une station d’à peine 300 grammes ayant la taille d’un smartphone, ceci pour un coût de 2 500 euros et un abonnement de 249 euros.
Mini-labo. La console Bewell connect s’adresse à tous les maillons de la chaîne de santé : tout d’abord au médecin qui peut avoir sur lui en permanence les fiches de ses clients, ensuite aux infirmiers, notamment libéraux qui effectuent leurs tournées, enfin aux zones en manque de praticiens. Sans oublier les maisons de retraite médicalisées (Ehpad), les écoles ou les entreprises bénéficiant d’un poste de secours. Ainsi, Visiomed apporte une égalité face à l’offre de soins dans les territoires. Les instruments disponibles à ce jour sont : thermomètre, saturomètre, tensiomètre, électrocardiogramme (à 5 électrodes et 7 dérivations) et un lecteur de glycémie.
Eric Sebban a révélé au CES que seront ajoutés prochainement un stéthoscope, un spiromètre et même un mini-laboratoire d’analyses ! Cette station offrira donc en complément aux utilisateurs une orientation du diagnostic ou de la « cause probable » du problème de santé rencontré. Les questionnaires établis sont désormais rodés et reconnus par les professionnels du secteur.
Les accréditations CE pour l’Europe sont en cours, de même que celle de la FDA aux Etats-Unis où le groupe a créé une filiale en 2016. Espérons ainsi retrouver Visiomed en bonne santé au CES 2018 !