tire sa révérence
20/05/15 à 12:11 - Investir.fr
Pour sa traditionnelle grand-messe des actionnaires, Crédit Agricole a donné rendez-vous aux petits porteurs au Grand palais de Lille. La réunion qui s’est ouverte vers 10H30 ce matin, a une saveur un peu particulière pour Jean-Paul Chifflet, le directeur général de Crédit Agricole SA, appelé à tirer sa révérence à l’issue de l’assemblée générale. Le dirigeant transmettra le relai à Philippe Brassac, l’actuel secrétaire général de la Fédération nationale du Crédit Agricole. Ce nîmois de 55 ans est l’un des principaux initiateurs de l’épineux projet de réforme de la gouvernance du groupe, toujours en discussion, et qu’il devra s’atteler à mettre en œuvre. Il s’agit de simplifier les relations entre l’organe central coté Crédit Agricole SA, et les caisses régionales en leur transférant certains pouvoirs régaliens (contrôle interne, nomination des patrons de caisses, …).
A la tribune, devant l’assistance, la gorge serrée Jean-Paul Chifflet s’est déclaré « heureux et un peu ému » après 42 années au sein du groupe. « Demain je serai un simple actionnaire de Crédit Agricole SA », « un anonyme », a-t-il déclaré en vantant la solidité retrouvée de la banque. De quoi tourner la page après les déboires de l’établissement en Grèce au plus fort de la crise financière. Jean-Marie Sander, le président de Crédit Agricole SA, n’a pas manqué d’exprimer sa reconnaissance envers Jean-Paul Chifflet, louant « sa détermination sans faille au moment où ce grand capitaine d’entreprise s’apprête à transmettre les commandes à Philippe Brassac ». « Il a su tenir la barre avec sang-froid, et a eu la vision nécessaire au milieu de la tempête pour prendre des décisions difficiles notamment en pleine crise de la zone euro », a-t-il indiqué.
Jean-Paul Chifflet laisse « un groupe remodelé qui a démontré sa solidité en 2014 » fort d’un bénéfice net annuel de 2,3 milliards d’euros l’an dernier. Ces bons résultats permettent à la banque de verser un dividende ordinaire à 0,35 euro par action, un montant identique à celui de 2013 mais correspondant à un taux de distribution de 43 %, supérieur à celui versé en 2014. Le dividende sera majoré de 10% à 0,385 euro par action pour les titres qui, au 31 décembre 2014, étaient détenus depuis plus de deux ans sous la forme nominative, et le seront toujours à la date de mise en paiement du dividende.
Une action, une voix
Les bons résultats de la banque ne doivent toutefois pas nous faire oublier l’environnement économique et règlementaire qui pèse sur le secteur bancaire, ont prévenu les dirigeants de la banque. « Certes, la situation dans la zone euro s’améliore légèrement depuis quelques semaines avec la baisse des prix du pétrole, et des taux toujours bas mais l’économie française reste bridée par une croissance trop faible, et une confiance trop timide du côté des entreprises ce qui retarde les décisions d’embauche et d’investissement des entreprises », a expliqué Jean-Marie Sander. En préalable à la séance des questions réponses, et aux votes, il a aussi mis en garde contre les conséquences de la loi Florange qui instaure des droits de vote double. « Cette disposition n’est pas de nature à améliorer notre gouvernance », car elle aurait pour conséquence de léser les actionnaires minoritaires. « Le principe une action une voix est fondamentalement inscrit dans nos gênes », a-t-il précisé. La vingt-troisième résolution qui sera soumise au vote des actionnaires propose de modifier les statuts de Crédit Agricole « afin de ne pas conférer de droit de vote double aux actions ordinaires ». Jean-Marie Sander a par ailleurs indiqué qu’il quitterait ses fonctions de président du conseil d’administration d’ici fin 2015.