Aéronautique - Défense
Bouygues se positionne comme opérateur de drones civils
Par Olivier James - Publié le 19 juin 2014, à 15h08
Aéronautique, France, Drone, Bouygues, Photovoltaïque
REPORTAGE Bouygues Energies & Services cherche à se développer en tant qu'opérateur de drones en direction des industriels. Le groupe vient de réaliser l’audit thermique de la plus grande centrale photovoltaïque au sol d’Ile-de-France.
Sur l’écran défilent des kilomètres de petits rectangles orangés, tantôt immaculés tantôt mouchetés de tâches jaunes. Ce moniteur posé sur un trépied transmet l’image infrarouge captée non loin de là par un drone au léger bourdonnement en train d’inspecter des panneaux photovoltaïques. En un clin d’œil, ce mercredi 18 juin, les équipes de Bouygues Energies & Services visualisent l’état de la centrale de Sourdun (Seine-et-Marne), qui avec ses 18 744 panneaux et sa puissance crête de 4,5MWh constitue la plus grande centrale installée au sol d’Ile-de-France : les petites zones jaunes témoignent de cellules défectueuses.
Retrouvez notre dossier : L'incroyable potentiel des drones civils
"Il suffit de deux heures d’inspection pour couvrir les neuf kilomètres de panneaux contre plusieurs jours dans le cas d’une opération manuelle", affirme avec la commande du drone harnachée sur les épaules François-Xavier Lemoine, responsable activités drones au sein de Bouygues Energies & Services. Le drone évolue en pilotage automatique et virevolte à moins de vingt mètres de hauteur. Il ne s’agit là que de tests. L’expertise réelle sera menée la semaine prochaine pour le compte de La Générale du Solaire, qui exploite la centrale. Mais déjà les premiers résultats tombent et brisent en morceaux un cliché à la vie dure : les panneaux chinois installés sur cette centrale possèdent de bien meilleures performances que… les panneaux français.
UN BUREAU D’ÉTUDES EN RENFORT
"Cet audit représente un argument fort qui va nous permettre de nous retourner vers Tenesol, le constructeur de ces panneaux, et de remettre à niveau le site", explique Christian Malye, directeur technique de La Générale du Solaire. La démonstration est implacable, alors que l’audit de ce genre d’installation est rarement effectué : il n’aura fallu à un drone de quelques kilos, muni d’une caméra thermique, que quelques tournoiements d’hélices pour déceler défauts de fabrications et autres dysfonctionnement des panneaux (soudures, corrosions, salissures…). Rapidité et efficacité, autant d’arguments que Bouygues Energie et Services compte bien appliquer dans d’autres domaines industriels.
Car cette filiale de Bouygues Construction, spécialisée dans la performance énergétique et les services, tente depuis quelques mois de se développer en tant qu’opérateur de drones. "Au départ, il y a moins de cinq an, nous n’utilisions les drones que pour la maintenance des pylônes électriques, commente Nicolas Chaussier, chef de service exploitation. Mais depuis le début de l’année 2014, nous cherchons à nous développer dans d’autres domaines industriels". Par exemple : le suivi de chantier, les relevés topographiques, les réseaux ferroviaires et électriques, les centrales thermiques, les ouvrages d’art…
Cette année constitue donc un tournant pour Bouygues Energies & Services et son usage des drones. Si une poignée de personnes seulement est dédiée à l’usage des drones dans l’entreprise, cette équipe est assistée par le bureau d’études de trente collaborateurs de la filiale de Bouygues Construction. C’est le point fort de Bouygues Energies et Services, alors que de nouveaux opérateurs de drones civils apparaissent chaque mois dans l’Hexagone : "nous avons l’expertise de ce que l’on inspecte", résume François-Xavier Lemoine. Ces équipes savent bien que dans le monde effervescent du drone civil, c’est avant tout l’analyse des données et les solutions apportées qui feront la différence, non le type de drones employés. Raison pour laquelle la filiale de Bouygues a décidé d’internaliser l’usage des drones et non de faire appel à un opérateur extérieur.