Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer
Retour au sujet Assurance Vie

Assurance Vie : Loi Sapin 2

02 oct. 2016 06:56

29.09.16 Votée ce jeudi dans le cadre de la loi Sapin 2, la possibilité de bloquer les rachats sur les contrats d'assurance-vie n'est pas une nouveauté sur le plan réglementaire. Et ce n'est pas une vraie menace pour les épargnants. Quant à la régulation des taux servis par les compagnies, la loi est davantage un « chiffon rouge » à ce stade qu'un danger pour les assureurs-vie, en raison de l'absence de critères objectifs de mesure associés.

Dans le contexte actuel de très faible niveau des taux d'intérêts (l'OAT à 10 ans étant à 0,12 % au 28 septembre 2016), la loi Sapin 2, dont un amendement voté ce jeudi par l'Assemblée nationale prévoit la possibilité de bloquer des retraits de sommes placées en assurance vie, en cas de crise grave, envoie un message négatif aux épargnants. Elle leur laisse penser que la partie de leur épargne investie sur des fonds en euros (globalement 81 % de l'assurance-vie) serait en situation de risque (ou pourrait le devenir). Faut-il pour autant s'affoler ? Que penser des dispositions intégrées dans ce projet de loi ?

La possibilité de bloquer les rachats sur les contrats d'assurance-vie n'est pas une nouveauté en soi. Elle figure de longue date dans le Code Monétaire et Financier. Rappelons que cette disposition a failli être appliquée en 2008 lors du krach boursier découlant de la crise des subprimes aux Etats-Unis. La loi Sapin 2 élargit cette disposition en y intégrant le blocage possible des arbitrages ou des demandes d'avance. Bloquer les retraits des fonds en euros, alors que les assureurs encouragent ce mouvement...

Paradoxalement, le législateur prévoit aujourd'hui de pouvoir bloquer les sorties de fonds en euros, alors même que les assureurs-vie (encouragés en cela par leurs autorités de contrôle) font tout pour limiter les investissements de leurs client sur des fonds en euros d'une part et poussent des derniers à arbitrer des fonds en euros vers des unités de compte d'autre part. Dans la situation actuelle, toute baisse des encours en euros crée de la richesse en raison des niveaux très élevés de plus-values latentes sur les obligations en portefeuille. Vendre des obligations en stock est tout sauf une difficulté pour un assureur-vie aujourd'hui. Il n'y aurait aucune menace de faillite pour le secteur en découlant.

Une mesure prévue en cas de remontée brutale des taux d'intérêt

Le vrai sujet visé par la loi Sapin2 est celui d'une remontée des taux d'intérêts. Faudrait-il encore qu'elle ait lieu et qu'elle soit brutale. Nous vivons depuis plus de deux années une grande mise en scène trimestrielle de la Fed qui annonce qu'elle va peut-être monter ses taux... finalement pour annoncer qu'elle reporte sa décision au trimestre suivant. La situation économique mondiale médiocre conduit aujourd'hui davantage à une forme de « guerre des devises » avec des politiques très accommandantes au niveau des taux d'intérêts visant à soutenir les exportations. La situation en Europe n'est guère plus favorable. Une remontée brutale des taux conduirait à une asphyxie d'économies déjà bien convalescentes.

Une remontée graduelle des taux facilement absorbable

Les assureurs-vie ont toute capacité à absorber une éventuelle remontée graduelle des taux grâce à la fois au mécanisme même des fonds en euros (qui permet de lisser les investissements d'hier avec ceux d'aujourd'hui) et aux réserves importantes existantes. Good Value for Money estime le cumul de rendement en réserve sur les fonds en euros à 6,2 % fin 2014 grâce au cumul des provisions pour participation aux bénéfices (2,1 %), de la réserve de capitalisation (1,2 %), des plus-values latentes immobilières (1,0 %) et des plus-values latentes sur actions (1,7 %). Notons également que les assureurs-vie gardent pas mal de liquidités aujourd'hui, car ils n'arrivent que difficilement à investir de manière satisfaisante les flux de collecte qui arrivent.

Imposer aux assureurs des mises en réserves supérieures

Le deuxième sujet de fond (et nouveau en ce qui le concerne) intégré dans la loi Sapin2 est la possibilité pour les régulateurs de moduler les dotations et les prélèvements réalisés par les assureurs-vie sur leurs provisions pour participations aux bénéfices (PPB). En l'absence de critères quantitatifs et objectifs, ce dispositif nous semble difficile à appliquer.

Rappelons que certains assureurs-vie font le choix de garder d'importantes plus-values latentes (sur immobilier et actions) en réserve plutôt que de les réaliser et de doter la PPB. Devrait-on demander ces assureurs-vie de doter leur PPB, alors même qu'ils ont des réserves par ailleurs ? Pourrait-on imposer à ces assureurs-vie de vendre des actifs (biens immobiliers, actions...) afin de dégager des plus-values et de doter subséquemment leur PPB ?

L'autre point délicat concernant ce dispositif est celui de savoir ce qu'on fera à terme de toutes ces provisions pour participation aux bénéfices (PPB) qui vont ainsi s'accumuler. Certains assureurs-vie ont d'ores-et-déjà 5 % de PPB en réserve, c'est-à-dire la capacité à servir plus de deux années de rendement sur leurs fonds en euros. Doit-on demander à ces assureurs d'aller encore plus loin ? Par ailleurs, comment organisera-t-on la restitution un jour de cette PPB aux épargnants ?

Le sujet de fond qui est derrière est que la PPB constituée aujourd'hui grâce à des actifs achetés hier via l'épargne de certains clients risque d'être restituée (d'ici 3 à 5 ans voire 8 ans ?) à des épargnants qui seront venus chercher un effet d'aubaine.

Des épargnants exigeant la restitution des sommes mises de côté?

A ce jour, les assureurs-vie ont tendance pour certains d'entre eux à « faire tourner leur PPB » sur 8 années afin de ne pas la restituer et de préserver ce matelas de sécurité. Est-ce réellement sain, tant pour les assureurs-vie que pour leurs régulateurs de ne pas restituer des sommes qui appartiennent légalement aux assurés ?

Le vrai risque derrière tout cela est celui de l'explosion de contentieux de la part d'épargnants attaquant leur assureur-vie afin de demander la restitution de sommes « excessivement » mises de côté sous prétexte de sécurisation du secteur.

Cyrille Chartier-Kastler - Fondateur du site GoodValueforMoney.eu spécialisé sur les assurances de personnes

5 réponses

  • 03 octobre 2016 13:47

    Le contrat Boursorama Vie est-il de droit français ? (l'assureur étant italien)
    Quand les dispositions concernant les blocages seront-elles applicables ?
    Que risque-t-il de se passer en cas d'augmentation de le fiscalité sur l'assurance-vie ?


  • 03 octobre 2016 14:38

    Tout ça pour nous préparer un jour ou l' autre à une faillite générale de l' État incapable de rembourser ses dettes et donc confiscation des avoirs des particuliers (emprunts russes à la française). On efface l' ardoise et on repart de zéro !
    Un conseil, sortez dès que possible ou n' entrez pas, le plus difficile étant de trouver une alternative.


  • 07 octobre 2016 16:31

    @ 3602426

    C'est bien le droit français qui s'applique à Générali. La loi sera sans doute définitivement adoptée après passage au sénat avant la fin de l'année donc applicable dès l'an prochain pour les arbitrages etc.

    Dans tous les cas la loi sur le blocage des fonds euros est déjà applicable depuis plusieurs années et a pour rappel faillie être utilisée en 2008 lors de la crise. Donc un blocage des fonds euros pourrait déjà intervenir le cas échéant.

    Là c'est un blocage temporaire de 3 mois renouvelables d'au plus 6 mois en principe qui est évoqué et concerne les arbitrages donc à voir en détail une fois le texte définitivement adopté.

    En cas d'augmentation de la fiscalité de l'assurance-vie comme le propose par exemple le candidat Sarkozy avec une taxation de 26% çà risque de faire que certains français retirent une part de leur assurance vie d'autant qu'à celà s'ajoute un rendement en baisse des fonds euros, mais comme il n'y a pas beaucoup d'alternatives de placements sans contraintes ni risques c'est toujours un peu limité et Sarkozy n'est pas encore élu heureusement !

    Les actifs de l'Etat français dans l'assurance vie sont d'environ 22% en moyenne (variable selon les fonds euros et assureurs) donc il faudrait en pratique un défaut total de ce dernier pour craindre de ne pas être remboursés, ce n'est donc pas aussi simple.


  • 12 octobre 2016 17:46

    La loi Sapin 2 peut-elle s'appliquer en cas de dénouement du contrat par décès ?
    Merci à vous tous


  • 14 octobre 2016 16:43

    @ Carriera

    Bonjour,

    Lorsque le contrat d'assurance-vie se dénoue par décès ou arrivée du terme bien sûr le paiement s'impose sur le fondement de l'article L 132-23-1. Heureusement !

    De même et par ailleurs d'une manière générale le HSCF tient compte des intérêts des "assurés, adhérents et bénéficiaires" en faisant usage de proportionnalité en fonction de la sévérité des menaces auxquelles le système financier est confronté. Il autorise les retraits modestes selon un plafond ou % du contrat.

    Les limitations peuvent être prises pour une période maximale de 3 mois (qui peut être renouvelée si les conditions de menaces systémiques ayant justifié la mise en place de ces mesures n'ont pas disparu).

    L'ACPR avait déjà la possibilité de prendre des mesures de blocages des rachats de l'assurance vie pour une seule compagnie d'assurance (article L. 622-33 4° du code monétaire et financier) introduit par la loi Lagarde de 2010. Mais il s'agissait d'une mesure microprudentielle . Le nouvel article 21 bis donne ce pouvoir au HCSF et devient une mesure macroprudentielle, donc qui concerne au moins 1 compagnie d'assurance/banque de taille critique et systémique, ou plusieurs organismes détenant une part significative du marché concerné.

    Plusieurs assureurs intégraient cette possibilité dans leurs conditions générales. Désormais çà concerne tous les assureurs et fonds euros comme les unités de comptes à divers degré selon la situation de risque de l'économie. Mais la durée est très limitée dans le temps (3 mois renouvelables).


Signaler le message

Fermer

Qui a recommandé ce message ?

Fermer
Retour au sujet Assurance Vie

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.